Rendez-vous incontournable : une journée particulière à Souk el-Tayeb

Dans un parking de la ville, situé au centre Sofil d’Achrafieh, c’est la métamorphose en week-end. Exit la sinistrose et la grisaille des longues semaines de travail. L’été venu, après les fleurs, ce sont les produits organiques qui y trouvent enfin leur place. Depuis quatre semaines, le marché aux fleurs s’est élargi, accueillant presque naturellement, tous les samedis, Souk el-Tayeb de 9 heures à 14 heures. L’endroit est presque méconnaissable, si ce n’étaient les quelques – irréductibles – voitures qui s’y garent encore. Car à droite, l’espace est envahi de couleurs, de parfums et de saveurs qui sentent bon la nature, respirent le bien-être et qui inspirent le bonheur. Rendez-vous des amoureux de la nature ou tout simplement envie d’une petite promenade différente et dépaysante à la découverte de « nos » produits, Souk el-Tayeb, le « souk du bon et du vivant », traduit son organisateur, a ouvert ses portes et ses bras à tous ceux qui recherchent encore une qualité de vie et qui ont admis qu’elle commençait par une bonne alimentation. Kamal Mouzawak, lui, l’a compris et ne cesse d’œuvrer, depuis des années, pour faire passer le message et donner aux intéressés le moyen de vivre autrement. Éveil et sensibilisation Kamal Mouzawak, rappelons-le, a longtemps été rédacteur dans de nombreuses revues libanaises dont Chronique, Masculin et Saveurs du Liban et d’ailleurs, dont il signait aussi les photos. Spécialisé dans les voyages et tous les sujets qui touchent à l’alimentation organique et traditionnelle, il est actuellement membre du jury international de Slow Food, le Green Peace de l’alimentaire ! Président du groupe au Liban, et rédacteur dans la revue Slow Magazine et le site Internet Slow Web. On peut également le voir sur NTV, dans l’émission télévisée Sohtak bel Sahen, avec son acolyte Maryam Nour, les samedis à 12h30. Enfin, il anime au Salam Center un cours de cuisine macrobiotique. C’est autour d’une superbe table dressée pour la presse et les amis avec, au menu, fruits, légumes organiques, « manakiche » et autres produits 100 % sains, et du terroir, qu’il s’est expliqué. « C’est un rêve devenu réalité. Celui d’avoir un marché d’agriculteurs à une époque où l’organique prend de plus en plus d’importance dans le monde. » Après avoir participé au Garden Show de l’hippodrome de Beyrouth et réussi à réunir quelques produits sous la même enseigne du naturel et sous le nom de « the Garden’s Fruits », les fruits du jardin, la réaction des gens et la réussite du projet l’encouragent à continuer. Aujourd’hui, les exposants venus de tous les villages libanais proposent des produits organiques, des légumes, des fruits, du pain, du miel, des produits laitiers, de l’huile d’olive, des œufs et des poulets, et même des bougies à base de cire. 10 labels de qualité fiers de leur travail – et il y a de quoi – parlent le même langage et se battent pour une alimentation saine dans un environnement de plus en plus pollué. « On ne peut pas dire que c’est un marché bio, les légumes et les fruits le sont à 100 %, mais les poulets et le pain sont, pour le moment, organiques, ce qui est déjà parfait. Il fallait commencer quelque part, avec ce qu’on avait de mieux. Il fallait surtout rendre possible une reconnaissance à l’égard des producteurs qui mettent plus de temps, d’énergie et de moyens à sortir leurs produits, et créer un espace de rencontres, un forum où tout le monde se sent concerné. » Le message est passé. Quatre semaines après son lancement, Souk el-Tayeb est un vrai régal pour les yeux et le palais. La sensibilisation et le dépaysement en plus. « Nous allons bientôt ouvrir un marché à Hamra, en attendant, je l’espère, Solidere. Ce projet me touche énormément », conclut Kamal Mouzawak. Carla HENOUD