Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Édition Trois écrivains reconnus font face au père

La figure du père est au cœur des derniers livres de trois écrivains reconnus, qu’il s’agisse d’une charge douloureuse pour Franz-Olivier Giesbert, d’un récit élégant, pour Michel Déon, ou d’un hommage « sans nostalgie », pour François Salvaing. Le père de F-O Giesbert fut à la fois un héros du Débarquement de juin 1944 et un homme violent, frustré de ne pas être l’artiste-peintre qu’il rêvait d’être. Au sortir de la guerre, cet « Américain » de Chicago (1920-1979) rencontre sa future femme lors d’un bal donné à Rouen en l’honneur des libérateurs. Le couple se fixera en Normandie, à la campagne, et aura cinq enfants. « Je crois que l’on meurt toujours un peu quand on entend sa mère se faire battre », écrit le directeur du Point dans ce livre bouleversant. « Il me battait beaucoup. Il battait, surtout, beaucoup maman. C’est pourquoi j’ai passé mon enfance à vouloir le tuer », écrit-il. Pourtant, « mes parents s’aimaient », souligne-t-il en évoquant une mère complexe qui n’avait pas a priori un profil de femme battue puisqu’elle fut professeur de philosophie et adjointe au maire d’Elbeuf. Ce livre représente une victoire personnelle pour l’auteur : « C’est une histoire que je me suis bien gardé de me raconter à moi-même jusqu’à présent, de peur de ne pas la supporter. » Simultanément, Franz-Olivier et Jean-Christophe Giesbert (rédacteur en chef de La Dépêche du Midi) signent un album Les héros du 6 juin/Le Débarquement de 1944. Selon l’éditeur, les frères restent « fidèles » au GI d’Omaha Beach « beau, grand et fort » que fut leur père, mort dans ce coin de Normandie qu’il a « contribué à libérer du joug nazi ». Dans La chambre de ton père, Michel Déon raconte, sans toutefois prétendre à la franche autobiographie, son enfance auprès d’un père (1889-1933) qui ne se livrait guère et est mort alors que son fils était adolescent. L’académicien a voulu retrouver ou garder « cette intuition qu’ont les enfants quand les choses ne vont pas, qu’on les leur cache et que le drame approche ». C’est la première fois qu’il évoque directement cet âge de la vie dont il a un souvenir très précoce : « Ses parents lui disaient : “C’est impossible que tu te souviennes. Tu n’avais pas un an quand nous avons quitté l’appartement rue de la Roquette”. » Plus tard, il s’est beaucoup interrogé « sur cette vision (...) mais s’est refusé à consulter un spécialiste de la psychiatrie infantile sur l’éclair de lucidité qui, pour une raison inconnue, illumine la mémoire d’un nourrisson », écrit-il dans cet ouvrage où transitent beaucoup de femmes et qui a notamment pour décor Monaco et le Paris de la nuit, dans les années 50, aux côtés de l’ami Blondin. Raoul Salvaing (1905-1987), père de François, a entamé, à l’âge de la retraite, des « cahiers d’écolier » dans lesquels il évoquait sa famille, son métier, la politique ou la religion. Son fils prix Inter 88 avec Misayre ! Misayre ! en a tiré deux livres : un roman (Casa, récemment paru) et cette enquête familiale, Raoul, dans laquelle il « éclaire et creuse à la fois son vertige » face à l’histoire. Ce beau récit illustre l’ascension sociale qu’a pu connaître au XXe siècle une partie de la population française : fils de cantonnier ariégeois, coursier à ses débuts, Raoul devient industriel au Maroc. Il ne concevait « rien d’autre » que les affaires avant de devenir, comme il le disait, « un cocu de l’histoire ». « L’Américain », éd. Gallimard, 174 pages ; « Les héros du 6 juin », éd. Michel Lafon, 160 pages, 300 photos ; « La chambre de ton père », éd. Gallimard, 134 pages ; « Raoul/Portrait de mon père en Français d’Empire », 378 pages.
La figure du père est au cœur des derniers livres de trois écrivains reconnus, qu’il s’agisse d’une charge douloureuse pour Franz-Olivier Giesbert, d’un récit élégant, pour Michel Déon, ou d’un hommage « sans nostalgie », pour François Salvaing.
Le père de F-O Giesbert fut à la fois un héros du Débarquement de juin 1944 et un homme violent, frustré de ne pas...