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Les vieux démons de la division restent vivaces Un rendez-vous risqué pour tous les camps

Le Liban politique baigne désormais en plein dans le climat électoral des municipales (et des moukhtariyate). L’échéance, maintenant proche, constitue un test probatoire, à Beyrouth comme dans d’autres sites conflictuels, pour les diverses composantes du pays. Dans la capitale, qui porte bien son nom puisqu’elle cristallise une portée nationale, le leadership de Hariri est contesté par deux pôles sunnites du cru, Sélim Hoss et Tammam Salam. Dont le premier avoue cependant lui-même une part de responsabilité dans l’échec d’une liste d’opposition unie. Ce virus d’effritement partiel menace également l’Est, où l’opposition dispose d’une assise populaire certaine. Certains de ses piliers, qui ambitionnaient de livrer la mère des batailles contre le système, en politisant à fond l’épreuve électorale, se montrent maintenant dubitatifs. Car, même s’il reste du temps pour colmater les brèches de la désunion et parvenir à un accord technique global, il n’est pas certain que l’objectif de politisation soit unanimement adopté. Sans compter que, face à l’urne, les réflexes familiaux ou claniques, qui ne sont pas forcément d’ordre idéologique, devront peser lourd. Ce qui explique, ce qui justifie la tendance réaliste qui préconise, çà ou là, des alliances de circonstance avec des loyalistes. Ou avec des formations qui sont loin d’appartenir à la mouvance dite souverainiste, comme le Hezbollah. L’État, en tant que tel, se proclame totalement neutre. Ce qui semble, du reste, doublement commode. D’une part parce que les officiels prétendent qu’il est erroné de vouloir politiser une consultation populaire à caractère administratif. D’autre part parce que leurs propres rangs paraissent nettement divisés. Des clivages qui se trouvent indirectement stimulés par l’approche objective adoptée par le régime. En effet, selon ses visiteurs, le chef de l’État ne cesse de répéter que le pouvoir est strictement neutre. Et qu’il ne peut y avoir de listes loyalistes et de listes opposantes politiciennes quand il s’agit d’une compétition pour servir le développement. De fait, des directives strictes de neutralité et de contribution à un bon déroulement technique ou sécuritaire de l’élection ont été données à tous les services qualifiés. L’État entend appliquer la loi sans discrimination, rester équidistant de tous, en s’interdisant toute immixtion, toute pression dans le processus électoral. Il n’a ni listes ni candidats. Mais on ne se refait pas : à en croire nombre de professionnels, dont certains sont même issus des rangs du pouvoir, des services déterminés tentent de travailler en sous-main, dans plusieurs zones, pour infléchir les résultats. Pour promouvoir des alliances déterminées ou pour en combattre d’autres, par les moyens classiques, alternés, de la carotte et du bâton. De la séduction et de l’intimidation. Ces accusations, certains en ont fait même état auprès de Baabda. Pour le prier de faire cesser les fantaisies d’agents incontrôlés. Ainsi Jean-Louis Cardahi, ministre lahoudiste des Télécoms, n’a pas hésité à se plaindre, en haut lieu, de débordements des services dans la cité de son cœur, Jbeil. Après ce recours, les cadres des services concernés ont de nouveau répercuté, sur leurs subordonnés, un mot d’ordre ferme de non-intervention, sans réserve mentale et sans manœuvres occultes. Il n’empêche qu’à Beyrouth, entre autres exemples, le camp loyaliste se présente en ordre dispersé. Et se tire allègrement dans les pattes. Des proches du pouvoir s’ingénient à mettre des bâtons dans les roues de Hariri. Qui a déjà du mal du côté de l’opposition, comme l’illustre la position de refus adoptée par les FL. Du côté des loyalistes, le parti Kataëb, dont le représentant sortant est le Dr Bernard Jerbaka, n’a toujours pas nommé de mandataire sur la liste du président du Conseil. Il semble en effet que cette formation, éminemment proche de Baabda, s’achemine vers l’adhésion à la liste adverse que Abdel Hamid Fakhoury, soutenu par le tandem Hoss-Salam, s’efforce de mettre sur pied. Cela malgré le fait que le leader du parti, Karim Pakradouni, est membre du gouvernement Hariri. Philippe ABI-AKL
Le Liban politique baigne désormais en plein dans le climat électoral des municipales (et des moukhtariyate). L’échéance, maintenant proche, constitue un test probatoire, à Beyrouth comme dans d’autres sites conflictuels, pour les diverses composantes du pays. Dans la capitale, qui porte bien son nom puisqu’elle cristallise une portée nationale, le leadership de Hariri est...