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Appel au gel de toute bataille Le discours officiel redevient raisonnable

Un langage nouveau, plein de raison. Il ne faut pas, dit cet officiel de haut rang, que la présidentielle surclasse le traitement de la crise socio-économique. Ni qu’elle bloque une nécessaire réflexion sur le devenir de l’État. Il est inepte de s’agiter autour de la présidence de la République quand celle-ci risque de disparaître dans le naufrage du pouvoir, sinon de l’État. Tout comme il est vain de parler de patrie quand le citoyen n’y peut pas respirer, n’y a pas sa place, et ne voit pas pourquoi il lui devrait allégeance. Les dirigeants se sont finalement aperçus de ces réalités premières. C’est pourquoi, poursuit le responsable, ils sont convenus de porter toute leur attention aux dossiers qui posent de sérieux problèmes économiques ou sociaux. En laissant de côté leurs sempiternelles querelles articulées sur la présidentielle. Un conflit qui non seulement bloquait le travail étatique mais encore aggravait nettement, par ses retombées, la récession. De plus, quel que soit le prochain régime, quelle que soit la nouvelle combinaison, le pays, et le pouvoir avec lui, va droit dans le mur si on n’entame pas tout de suite le redressement. Il faut que tous se donnent la main, se mettent à la tâche et fassent au besoin des sacrifices (en termes de popularité ou d’intérêt personnel) pour sauver le bâtiment commun en détresse. Animé de cet esprit, le président Lahoud, cité par ses visiteurs, répète qu’il est inadmissible de soumettre le pain de la subsistance aux caprices de la politique. Il précise qu’il est nécessaire de rationaliser les choses, en traitant les questions économiques uniquement sous leur angle technique. Sans les intoxiquer d’injections politiques. Il souligne qu’il est grand temps de soigner sérieusement le mal économique, car autrement la population en dépérirait, en périrait peut-être. En gommant la confiance que les Libanais portent à leur État et à ses institutions. Pour le chef de l’État, il faut conclure un nouveau contrat social, un pacte général confortant la coopération du secteur public, du secteur privé et de tous les partenaires nationaux en vue du sauvetage. Les bonnes intentions y sont. Mais, à l’épreuve des réalités, on se demande si les responsables vont pouvoir unifier leurs visions économiques contradictoires. On se demande aussi si, dans le court laps de temps qui nous sépare de la présidentielle, des projets vont pouvoir être effectivement mis en chantier. Tout comme la question se pose de savoir si le prochain régime, ou le prochain Exécutif, voudra poursuivre le travail commencé. On sait que le président Lahoud suit une ligne réformatrice bien déterminée. Qu’il a détaillée dans un document livré à la réflexion du Conseil des ministres, lors du débat sur le présent budget. Il reste convaincu, indique son entourage, que c’est bien la voie juste à suivre. Donc il y tient, et il s’y tient. Voudra-t-il composer avec les idées, plus libérales théoriquement, du président Hariri ? Vont-ils, pour commencer, s’entendre sans peine sur le swap, que le chef de l’État considère comme opportun, tandis que le Premier ministre pense le contraire ? Dans le principe, les deux hommes sont favorables aux exigences élémentaires, comme l’assainissement de la politique et la réforme de l’Administration. Sur laquelle Issam Farès insiste tout particulièrement car il y voit l’entrée en matière de tout règlement. Mais en pratique, les priorités des présidents divergent autant que leur approche du double dossier. En supposant qu’ils se laissent porter par la vague d’entente actuelle, pourront-ils résister dans cet esprit tout l’été ? Ne vont-ils pas devoir prendre des mesures tactiques de combat au fur et à mesure que l’on se rapprochera de la présidentielle, à laquelle ils ne sauraient être indifférents ? Pour l’heure, il suffit de se concentrer sur cette question aussi primordiale que simple : les présidents vont-ils confirmer, en actes de gouvernement consensuels, leur promesse commune d’entente retrouvée ? Si la réponse factuelle devait être négative, le pays se retrouverait plongé dans une crise insoluble. Il est possible, et Adnan Kassar estime cette idée plausible, qu’afin de ne pas reprendre la guérilla, et vu le manque de temps, l’on ne fasse rien d’ici à la fin du mandat présidentiel. Émile KHOURY

Un langage nouveau, plein de raison. Il ne faut pas, dit cet officiel de haut rang, que la présidentielle surclasse le traitement de la crise socio-économique. Ni qu’elle bloque une nécessaire réflexion sur le devenir de l’État. Il est inepte de s’agiter autour de la présidence de la République quand celle-ci risque de disparaître dans le naufrage du pouvoir, sinon de...