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Actualités - OPINION

Placé dans un sarcophage de sûreté, le plutonium de la présidentielle irradie toujours aussi fort

«Mère-grand, pourquoi as-tu de si grandes dents ?… C’est pour mieux te manger, mon enfant ! » Spécialiste sardonique, par nécessité professionnelle, des dédales de la politique, cet important homme d’affaires se demande jusqu’à quand le loup va poursuivre sa comédie bonhomme sous l’édredon. Parce que, pour sa part, il ne croit pas du tout que d’un seul coup tout le monde ait oublié la présidentielle. Au contraire, dit-il, la campagne est désormais officiellement lancée. Par le coup d’envoi de la proclamation assadienne promettant la libanisation de l’échéance. Tout en rappelant tout un chacun, afin que nul n’en ignore, le poids de l’influence syrienne. De l’avis averti de notre observateur, la preuve même que la bataille approche de son climax est qu’elle se fait sournoise. Que les duellistes rengainent leur épée, tout en gardant un stylet, ou un cordon d’étrangleur, derrière le dos. Selon la personnalité citée, toutes les éventualités sont ouvertes. À cette nuance près que personne ne veut d’une prorogation à la Hraoui. Pas même les lahoudistes. Car à défaut d’une reconduction pour six nouvelles années, ils réclament un mandat rapporté à quatre ou cinq années, renouvelable une fois. Ce qui induit une révision de la Constitution. Texte qui n’est ni sacré ni intouchable puisqu’il prévoit lui-même les mécanismes de sa modification éventuelle, soulignent certains partisans du régime. Qui trouvent injuste que le président de la Chambre et le président du Conseil puissent décrocher plusieurs mandats successifs, l’un par vote et l’autre par désignation, alors que le chef de l’État doit se limiter à un seul. Si Berry est au perchoir depuis 22 bonnes années et Hariri au pouvoir depuis 1992 (avec un entracte Hoss de deux ans), le président n’a-t-il pas le droit d’aller jusqu’à dix, onze ans d’exercice ? Tout cela se discute fébrilement dans les coulisses, malgré le nouvel armistice. Mais, enchaîne l’homme d’affaires précédemment cité, il ne fait aucun doute, aux yeux de personne, que le bruitage n’a qu’un seul but : tenter d’influencer les décideurs. Qui gardent, de l’avis unanime, la haute main sur tout le processus et sur toute éventuelle procédure constitutionnelle. Les Syriens sont évidemment conscients de leur rôle. Ils se défendent certes de vouloir intervenir en affirmant être équidistants de tous. Mais en pratique, même s’ils sont sincères, ils pourraient être obligés, encore une fois, d’arbitrer entre les Libanais. Donc de décider en lieu et place de ces derniers. Vu leurs engagements, ils ne le feraient cependant pas d’une manière aussi ouverte, aussi voyante que lors de la prorogation du mandat Hraoui. Imposée par une simple déclaration de presse, contre les souhaits des Libanais et du principal intéressé lui-même ! Pour la présente édition, le mot d’ordre serait également un mot de passe secret. Afin que Damas, qui s’est engagé à rester neutre, n’ait pas l’air de se dédire. Et de s’attirer le mécontentement des Occidentaux, Américains et Français en tête. Le scénario devrait du reste se dérouler en douceur. Pour la simple raison que nul, même pas l’opposition de l’Est, n’envisage de porter à la présidence de la République un homme qui déplairait souverainement (c’est le mot) aux Syriens. C’est donc en tout cas, sinon un de leurs proches, du moins un président plein d’empathie à leur égard qui serait élu. Ou réélu. Probabilité d’autant plus forte qu’avant même de certifier la libanisation de l’échéance, le président Assad avait précisé deux ou trois conditions sine qua non, dont la nécessaire appartenance du chef de l’État libanais à la ligne dite nationale. Et qu’il devrait être lié à l’environnement arabe, entendre à la Syrie. Le choix, on le sait, est si vaste qu’on ne voit pas pourquoi les décideurs se mettraient martel en tête. Ou se montreraient pressés. D’autant que presque tous les leaderships intérieurs ont été affaiblis, encore plus divisés, via les municipales. Toujours est-il que pour la présente édition, le jeu se présente d’une manière plutôt élastique. Beaucoup attendent encore, mais certains affichent déjà leur candidature. Bien qu’ils n’y soient pas obligés par le système en vigueur. Philippe ABI-AKL

«Mère-grand, pourquoi as-tu de si grandes dents ?… C’est pour mieux te manger, mon enfant ! »
Spécialiste sardonique, par nécessité professionnelle, des dédales de la politique, cet important homme d’affaires se demande jusqu’à quand le loup va poursuivre sa comédie bonhomme sous l’édredon. Parce que, pour sa part, il ne croit pas du tout que d’un seul coup...