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Actualités - OPINION

Présidentielle - Les reconductionnistes prennent les devants Le coup d’envoi des décideurs pourrait n’être qu’un faux départ

En athlétisme, aux épreuves de sprint, quand le starter double son coup d’envoi au pistolet, c’est pour signaler un faux départ et rappeler les coureurs sur la ligne. On se demande aujourd’hui à Beyrouth si ce n’est pas le même cas pour la course à la présidentielle. Parce que presque tous ceux qui commencent à se positionner croient devoir préciser en même temps qu’il est encore trop tôt pour se mettre vraiment en campagne. Ces hésitations semblent indiquer que la Syrie, qui avait prié les parties concernées de se retenir, de garder le sujet tabou, pour ne pas déstabiliser le pays et aggraver la crise économique, a donné elle-même un signal d’ouverture du débat. Sans pour autant inviter ouvertement les présidentiables à se déclarer. En somme, elle a allumé un feu orange plutôt qu’un feu vert. Les reconductionnistes sont les premiers à s’élancer sur la piste. Après Karim Pakradouni, qui n’en a jamais fait mystère, Assem Kanso se prononce pour la reconduction. Certes, il le fait, dit-il, à titre personnel. Mais le secrétaire général du Baas local lance le bouchon très loin. Il va en effet jusqu’à affirmer que quiconque n’est pas pour la prorogation, de Bkerké aux instances musulmanes, n’est pas dans la ligne nationale. Entendre n’est pas dans les bonnes grâces de la Syrie. Cela, alors même que le président Bachar el-Assad appelle les Libanais à choisir eux-mêmes, librement, leur président. Tout en notant que la Syrie avait de l’influence dans ce pays. En fait, personne, sauf à faire le petit malin, ne croit vraiment que la Syrie va laisser les Libanais jouer tranquillement entre eux. La libanisation de l’échéance n’est qu’une utopie, voire une couverture pour sa syrianité. Une influence mise en relief par la réunion Berry-Nasrallah organisée par le général Rustom Ghazalé. Pour rabibocher Amal et le Hezbollah après les frictions des municipales. Et lancer l’essor de cette ligne nationale chantée par Kanso. Afin qu’elle fasse front commun par rapport à la présidentielle. Et qu’elle se mette en avant. Pour avoir l’air d’agir de son propre chef. Ce qui permettrait à la Syrie d’affirmer, face aux Occidentaux, États-Unis en tête, qu’elle n’intervient pas. La conjonction des leaders chiites, qu’unit leur loyauté à l’égard de la Syrie, prélude à un renforcement sensible, par extension au bloc du Hezbollah, de la majorité parlementaire. Également cimentée par la fidélité à la Syrie. Président de la Chambre, Nabih Berry devrait avoir, en définitive, la même attitude par rapport à la présidentielle que Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. Il est à prévoir que d’autres pôles seraient rapprochés les uns des autres, dans les jours qui suivent, aux mêmes fins. C’est-à-dire pour intégrer la ligne nationale et comprendre tous de la même manière, à demi-mot, comment il faut naviguer. En bonne logique, contrairement à ce que les reconductionnistes laissent entendre, Damas n’a pas encore décidé s’il faut approuver ou non la prorogation. Et encore moins quel nouveau président au juste il serait bon de choisir pour ce pays. Tout dépend en effet de la situation régionale et internationale, de l’évolution sur le terrain en Irak, en Palestine. Ainsi que des relations syro-américaines, déterminantes pour la présidentielle chez nous. Il est très possible, si la décantation devait tarder, que le mot d’ordre final ne soit donné que lors de la toute dernière étape du processus constitutionnel, entre septembre et novembre. Mais la différence c’est qu’à partir de maintenant, les parties libanaises vont pouvoir s’amuser à prendre position, ou à confirmer les tendances qu’on leur prête. On s’attend ainsi à une prochaine proclamation de la part de Kornet Chehwane, qui a souffert des municipales, en raison de divisions internes sous-jacentes. La Rencontre, on le sait, est unanime dans son rejet de la reconduction. Par respect de la Constitution et du principe démocratique de l’alternance. Du reste, un dignitaire religieux estime que le chef de l’État ferait bien de confirmer lui-même qu’il ne souhaite pas que l’on touche à la loi fondamentale en sa faveur. Émile KHOURY

En athlétisme, aux épreuves de sprint, quand le starter double son coup d’envoi au pistolet, c’est pour signaler un faux départ et rappeler les coureurs sur la ligne. On se demande aujourd’hui à Beyrouth si ce n’est pas le même cas pour la course à la présidentielle. Parce que presque tous ceux qui commencent à se positionner croient devoir préciser en même temps...