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Actualités - OPINION

Petit lexique, techno-politique, du swap

C’est le matin que, jeudi, le Conseil traite de l’opération dite swap (un peu à tort, mais bon) envisagée pour amortir, dans le cadre de la dette publique, les échéances de paiement d’intérêts en 2005 et en 2006. On sait que, grosso modo, les lahoudistes sont pour le recours immédiat à cette procédure. Et que les haririens, de leur côté, estiment qu’il faut temporiser, attendre une détente régionale, le passage de l’Irak à la souveraineté, de meilleures circonstances. Ancien haut commis de la Banque centrale, un expert relève que le Liban a recours au swap depuis de longues années, pour rééchelonner sa dette, en réduire les charges d’intérêts. Beaucoup d’États et de grandes compagnies pratiquent cette méthode commode. Qui aboutit à renvoyer à plus tard une date d’échéance précise, en profitant d’une baisse des taux d’intérêt. Ou encore de l’excédent dont peuvent disposer les banques. C’est donc un mécanisme purement financier. Et, de l’avis de ce conseiller, la plus mauvaise chose à faire, dans ce domaine, est de politiser une telle question. De faire muter le swap économique en un swap politico-présidentiel, comme c’est le cas aujourd’hui au Liban. Les finances publiques sont un sujet vital, qu’il ne convient pas de médiatiser à outrance, car la confiance se perd. Or c’est cette confiance dont le Liban a surtout besoin au-dehors, pour qu’on lui fasse crédit. Ou qu’on accepte de le faire bénéficier d’un moratoire tacite, soit par une réduction, soit par un rééchelonnement de sa lourde dette publique extérieure. Quand il parvient à échanger une traite contre une autre, cela signifie qu’on le considère comme moralement honorable et matériellement solvable. Dans la mesure où il a une très solide réputation de débiteur qui fait toujours face à ses engagements, même dans les périodes de guerre et de désarroi. Le swap, poursuit cette personnalité, n’est pas en soi un aveu de faillite ou d’incapacité. S’il n’est pas vraiment un signe de bonne santé, il n’en demeure pas moins une pratique routinière, qui ne constitue pas un signal d’alarme. C’est en tout cas une opération dont il ne convient de voir que l’aspect financier et bancaire. Le ministère des Finances et la Banquc centrale en ont, ensemble, une longue expérience. Et ces derniers temps, ils ont effectué de multiples conversions de dettes. Ce spécialiste pense, pour sa part, que le Liban a effectivement intérêt, aujourd’hui, à recourir au swap. Le taux d’intérêt est bas sur le dollar. Il risque de s’élever dans les mois ou les semaines qui viennent. L’excédent des banques permet de négocier leur participation supplémentaire, à moyen terme, aux bons du Trésor. Mais, bien entendu, le swap n’est pas en soi une solution. Pas même pour garantir un rabaissement global de la dette publique. Il n’apporte en définitive qu’un report des échéances à honorer. D’où une évidence : pour engager le redressement, il faut initier des réformes structurelles. Sur le plan fiscal, comme au niveau de la réduction du déficit budgétaire. Sans quoi le swap lui-même ne serait qu’un coup d’épée dans l’eau, n’apportant même pas l’allégement que l’on en attend en termes de tranquillisation des marchés. Une détente elle-même nécessaire pour que l’État aille encore plus loin, plus profond, dans les réformes. Qui, tout le monde le sait, doivent inclure en premier lieu les pratiques politiques. Sur le plan purement financier, le swap n’a de valeur appréciable que s’il s’accompagne d’un plan plus large visant à traiter la dette publique. Pour ouvrir la voie à un Paris III, indispensable si l’on veut disposer de fonds suffisants pour commencer à traiter la récession. Paris II, on le sait, n’a eu que des effets positifs limités. À cause de l’incapacité gouvernementale, du reste avouée, de mener à bien les réformes requises. Et cela par suite des conflits entre les dirigeants en place. Aujourd’hui, s’ils veulent sinon réparer du moins éviter de causer davantage de préjudices, ils doivent prendre garde à ne pas étaler leurs frictions swapiennes (ou autres) dans les médias. D’autant que, selon Khalil Hraoui, qui a longtemps dirigé la commission parlementaire des Finances, on peut parvenir facilement à un moyen terme pour le swap. En l’adoptant pour 2005, et en le reportant à plus tard pour 2006. Philippe ABI-AKL
C’est le matin que, jeudi, le Conseil traite de l’opération dite swap (un peu à tort, mais bon) envisagée pour amortir, dans le cadre de la dette publique, les échéances de paiement d’intérêts en 2005 et en 2006. On sait que, grosso modo, les lahoudistes sont pour le recours immédiat à cette procédure. Et que les haririens, de leur côté, estiment qu’il faut...