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Actualités - CHRONOLOGIE

Droits de l’homme - Les protestataires n’ont pas pu atteindre l’Escwa Dure répression du sit-in estudiantin pour la libération des détenus libanais en Syrie

L’armée a sévèrement réprimé le sit-in pacifique organisé hier, place des Martyrs, devant le Virgin Megastore par les sections estudiantines des courants de l’opposition (Parti national libéral, Courant patriotique libre, Forces libanaises et Base kataëb), l’association pour la défense des droits de l’homme Solide et le comité des parents des détenus libanais en Syrie, pour réclamer la libération immédiate des Libanais prisonniers dans les geôles syriennes. Les protestataires (près de 500 personnes), qui ont tenté vers 11h30 de se frayer un chemin vers le siège de l’Escwa pour remettre à M. Nabil Rawda, représentant de la commission des Droits de l’homme de l’Onu, une pétition signée par 10 000 étudiants en faveur de la libération des détenus libanais en Syrie, ont été bousculés, malmenés, piétinés et frappés à coups de pied et de matraque par les « bérets verts » de l’armée, et arrosés par les jets d’eau des camions de la Défense civile. Pris dans la masse, M. Ghazi Aad, porte-parole de Solide, qui est hémiplégique et cloué sur une chaise roulante, a été brutalisé, à tel point que sa chaise s’est brisée sous les coups. Les parents de détenus, qui marchaient avec M. Aad en tête du convoi qui se dirigeait vers l’Escwa, ont également été aspergés d’eau et malmenés par les forces de l’ordre. L’un des anciens détenus a même été bousculé par les militaires, qui l’ont fait tomber à terre. Certains journalistes ont eux aussi été rudoyés. Plusieurs étudiants ont été blessés. Certains d’entre eux ont été interpellés l’espace d’une heure, puis relaxés. Du rassemblement pacifique à la répression Scénario de la journée d’hier : le rassemblement pacifique débute vers 11h, devant le Virgin Megastore. Des militants des quatre courants de l’opposition se rassemblent devant le « parking » où devrait se trouver le monument aux Martyrs. Les alentours de la place sont quadrillés par quelques soldats des FSI et beaucoup de militaires. Des camions de la Défense civile sont également déployés. Le siège de l’Escwa, où doivent se rendre les manifestants, est également quadrillé par les militaires. Aucun slogan n’est scandé. Seul deux calicots sont brandis par les étudiants : l’un reprend les noms des détenus libanais en Syrie, l’autre, signé du PNL, appelle au retrait syrien. Autour de 11h30, les FSI se retirent, et les soldats de l’armée resserrent l’étau autour des protestataires. Une poignée d’étudiants de l’USJ vient se mêler au groupe. Les derniers à arriver sont les parents de détenus – une dizaine de personnes âgées –, quelques anciens détenus dans les prisons syriennes, M. Ghazi Aad, M. Salmane Samaha. Quelques minutes plus tard, MM. Sami Gemayel (Base kataëb), Édouard Chamoun (PNL), Daniel Spiro (FL) et Georges Sarrouh (CPL), responsables estudiantins, battent le rappel des troupes. Les protestataires se mettent en rang dans le calme, pour marcher vers l’Escwa. Ils ont à peine le temps de s’organiser et d’appeler les parents de détenus et Ghazi Aad pour leur demander de mener la marche, que les soldats de l’armée forment devant eux une barrière de leur corps pour les empêcher de passer. Les parents et les étudiants tentent aussitôt de se frayer un chemin à travers les militaires, mais c’est peine perdue : très vite, les jets d’eau des camions de la Défense civile commencent à arroser les contestataires, qui sont brutalement repoussés et molestés par l’armée. Deux responsables estudiantins se jettent pour protéger de leur corps Ghazi Aad, qui, sur sa chaise roulante, est malmené et molesté. L’un deux, Tony Orian, est roué de coups sur le dos par les militaires. Sous les coups, la chaise de M. Aad se brise. Ce dernier est sur le point de tomber à terre, mais il est ramassé « in extremis » par les étudiants. L’un des responsables militaires lui dit : « Personne ne vous attend à l’Escwa. Ce bâtiment est fermé aujourd’hui », alors que le responsable de Solide sait qu’il est attendu à l’Onu. Entre-temps, les forces de l’ordre poursuivent les manifestants, en les brutalisant. Ceux qui tombent à terre sont piétinés. Les jets d’eau continuent d’arroser les étudiants, qui sont repoussés du côté de Saïfi. Un journaliste qui exhibe sa carte de presse aux militaires est lui aussi rudoyé. « Et si vous êtes dans la presse, qu’est-ce que cela change ? » répond le militaire, menaçant, en bousculant le journaliste. Ce dernier demande poliment au soldat, toujours en brandissant sa carte de presse, de respecter son statut de journaliste. Réponse du militaire, qui brandit sa matraque : « Eh, toi, ne me dis pas ce que je dois faire, et marche devant moi. » Plusieurs étudiants sont interpellés, parmi lesquels MM. Jean Tawilé, Nabil Aboucharaf et Tony Orian. Un étudiant lance à un officier : « Si la manifestation était pour Ahmed Yassine, il n’y aurait pas eu de problème. » Réponse de l’officier, avec mépris : « Ne parle pas d’Ahmed Yassine. C’est un honneur pour toi que de défendre sa cause. » « Je n’ai pas dit le contraire », réplique l’étudiant. « Tous les moyens démocratiques sont interdits au Liban, et tous les moyens dictatoriaux permis », lance Sami Gemayel. Nouveau heurt Poursuivis par les « bérets verts », les étudiants remontent, en courant, la rue Georges Haddad, qui débouche sur l’axe Tabaris. Ils scandent un seul slogan : « Nous ne voulons pas de Libanais dans les prisons syriennes. » Formant une même chaîne humaine, les responsables éstudiantins des quatre courants de l’opposition et de l’USJ bifurquent à droite et filent vers le Ring Fouad Chéhab, bloquant la circulation. L’objectif : atteindre l’Escwa. Mais les militaires, aidés des camions de la Défense civile, se rassemblent au bout du Ring, pour empêcher les étudiants de pénétrer dans le centre-ville. Les étudiants sont une nouvelle fois réprimés. Plusieurs d’entre eux sont blessés, surtout aux chevilles. D’autres sont interpellés, parmi lesquels Sami Gemayel, Amine Assouad, Karim Aboucharaf et Édouard Chamoun. Mais tous seront relaxés une heure plus tard. Poursuivis une nouvelle fois par l’armée, les jeunes se replient vers le campus des sciences sociales de l’USJ, rue Huvelin, pour organiser une conférence de presse commune avec Solide et les parents de détenus. Il convient de noter qu’à l’issue de la manifestation, M. Aad a tenté d’accéder à l’Escwa pour voir M. Nabil Rawda, mais il en a été empêché. Michel HAJJI GEORGIOU
L’armée a sévèrement réprimé le sit-in pacifique organisé hier, place des Martyrs, devant le Virgin Megastore par les sections estudiantines des courants de l’opposition (Parti national libéral, Courant patriotique libre, Forces libanaises et Base kataëb), l’association pour la défense des droits de l’homme Solide et le comité des parents des détenus libanais en...