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Actualités - OPINION

Vie politique - Hariri redoute qu’on l’accuse de collusion La bombe Fattouche produit des effets inattendus !

La fracassante intervention antirégime de Nicolas Fattouche, place de l’Étoile, a plutôt surpris les professionnels. Qui ne s’attendaient pas à ce qu’un député chevronné, ancien ministre et de surcroît juriste de renom, outrepasse outrancièrement les lignes rouges. Car non seulement les usages (sinon les lois), mais aussi les décideurs interdisent que l’on tire à boulets rouges, directement, sur le chef de l’État. Sans compter que seul, au sein de l’appareil exécutif, le gouvernement est comptable devant le Parlement. Ce qui signifie que les députés peuvent critiquer violemment le cabinet mais non pas le président de la République. Par égard pour une première magistrature considérée dans sa vocation arbitrale. Et, surtout, parce que le président n’étant pas constitutionnellement responsable, il est tout simplement vain de s’en prendre à lui dans l’hémicycle. Venant de Fattouche, homme d’expérience, l’attaque frontale conduit donc les professionnels à se demander s’il n’y a pas anguille sous roche. Si cette virulente sortie, qui n’a pas épargné le ministre de l’Intérieur, ne s’inscrit pas dans le cadre d’un plan concerté. Et si les critiques dirigées par le même intervenant contre le gouvernement ne seraient pas de la poudre aux yeux. Tout le monde s’est donc entreregardé avec suspicion. Le premier à réagir d’une manière défensive a été Rafic Hariri. À sa demande expresse, plusieurs de ses fidèles ont renoncé sinon à leur droit de parole, du moins à lancer des piques aux lahoudistes ou même à l’opposition. Le chef du gouvernement a en effet compris tout de suite que s’il ne mettait pas un bémol aux attaques, on l’accuserait en hauts lieux, à Damas autant qu’à Baabda, d’avoir téléguidé le missile Fattouche. Il a donc réfréné ses troupes. En leur indiquant que le climat, déjà délétère, ne doit pas devenir explosif. Car le temple s’effondrerait sur la tête de tous. Sans compter que la situation régionale, très préoccupante, commande que l’on fasse localement attention jusqu’où l’on peut aller trop loin. Dans la voie d’une combativité qui risque de déstabiliser le pays, en cas de trop fortes secousses. Autre effet étrange du coup d’éclat Fattouche : même les opposants les plus obstinés prennent soin de s’en démarquer. Non pas qu’ils ne partagent pas certaine remarques du député. Mais parce qu’à leur avis la conjoncture d’ensemble permet de pousser, sans doute, pas de frapper. Dans ce sens que mettre le feu aux poudres par de tonitruants discours risque d’être interprété par le bon peuple comme une attitude d’ordre démagogique électoraliste, sans plus. Du côté des lahoudistes, bien évidemment, la tirade Fattouche est traitée de simple gesticulation théâtrale. Destinée à faire d’un tribun en perte de vitesse, grâce à la télé, un héros populaire. Les loyalistes ne manquent pas cependant de soutenir que les mobiles de Fattouche découlent de la défense d’intérêts particuliers. Ils répètent à l’envi que le député est dépité à cause des entraves à sa carrière et aux carrières de ses frères, dans la Békaa. Ils affirment à ce propos que Fattouche a commencé à s’inquiéter lorsque le portefeuille de l’Environnement, promis initialement à son partenaire Élie Skaff, a été dévolu à Farès Boueiz. Qui n’a pas souscrit à l’octroi de la licence d’exploitation réclamée par les frères du parlementaire. Les lahoudistes concluent, avec plus de conviction que les opposants, que l’intervention de Fattouche constitue une atteinte à l’indispensable stabilité, voire à l’unité des rangs internes, face aux périls extérieurs comme à la récession économique. Quoi qu’il en soit, il paraît probable que la bombe Fattouche n’est pas un message adressé par les décideurs. Car la réaction la plus en flèche a été celle de Nasser Kandil, qui n’est pas connu pour être éloigné des tuteurs. Sans compte que les Syriens ne cessent de réitérer leurs pressants conseils, à tous les protagonistes libanais, de calmer le jeu et de respecter une solide trêve politique. Philippe ABI-AKL
La fracassante intervention antirégime de Nicolas Fattouche, place de l’Étoile, a plutôt surpris les professionnels. Qui ne s’attendaient pas à ce qu’un député chevronné, ancien ministre et de surcroît juriste de renom, outrepasse outrancièrement les lignes rouges. Car non seulement les usages (sinon les lois), mais aussi les décideurs interdisent que l’on tire à...