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Un clou chasse l’autre Après le cellulaire, le débat budgétaire

Comme le fameux Don King, le pouvoir n’est jamais en peine d’organiser des matches de boxe entre champions de même coloration pigmentaire. C’est-à-dire entre loyalistes. Le dossier cabossé de la téléphonie mobile se referme à peine, sur le succès indéniable de Jean-Louis Cardahi, que le débat budgétaire se profile au proche horizon parlementaire. Dans cette enceinte vénérable (par l’âge), les lahoudistes et leurs alliés objectifs que sont les opposants classiques vont affronter des haririens qui devraient être plus à l’aise que dans l’affaire du cellulaire. Pour deux raisons : à la Chambre, avec l’appoint des grands blocs de Berry et de Joumblatt, ils sont assurés d’une majorité confortable. Ensuite, le budget, c’est leur bien propre, puisqu’il est établi par le principal bras droit ministériel de Hariri, Fouad Siniora. Autre double avantage : le Parlement ne peut pas faire traîner les discussions trop en longueur, car le retard dans l’adoption du budget 2004 se monte déjà à plus d’un trimestre. Ensuite, l’Assemblée, qui peut chipoter des retouches par-ci par-là n’est pas autorisée, constitutionnellement, à modifier le fond même du projet de loi de finances. Si elle le rejette en bloc, cela constituerait l’un des (rares) mobiles permettant sa dissolution. Ce qui est hors de question. pour de multiples raisons. D’abord parce que les décideurs ne l’entendent pas de cette oreille. Puis, parce qu’il y a trop de députés parachutés qui craindraient de perdre leur strapontin en cas d’élections anticipées. Dans la phase intermédiaire actuelle, les lahoudistes continuent à savourer la victoire du cellulaire. Obtenue, il faut le souligner, grâce aux inlassables efforts du ministre des Télécoms. Entouré d’une équipe de spécialistes, il est parvenu à réussir là où le Conseil supérieur (haririen) des privatisations avait lamentablement échoué. C’est-à-dire à organiser une adjudication qui ne soit pas bidon. Et qui ne se solde pas par l’élimination de compétiteurs étrangers compétents au profit d’un monopole de fait local. L’exploit a été dûment salué par le Conseil des ministres. Sur le plan concret, c’est ce mardi que l’allemand Detecon, qui a remporté une double palme, doit faire savoir s’il a choisi de reprendre le réseau de LibanCell ou celui de Cellis. Pour laisser la seconde part soit aux Koweïtiens de MTC, soit aux Français d’Orange. Selon des sources informées, Detecon devrait, en principe, opter pour LibanCell, et Cellis tomberait dans l’escarcelle d’Orange. Ces indications devraient trouver confirmation à l’issue de l’entretien que Cardahi doit avoir aujourd’hui avec les Allemands. Mais il n’est pas impossible qu’en fin de compte Detecon penche pour Cellis. Auquel cas, LibanCell reviendrait aux Koweïtiens. Une nouvelle fois, Cardahi, pour sa part, explique et se défend. En effet, selon des sources informées, il a préparé une conférence de presse pour livrer les détails, techniques ou autres, de l’adjudication. Et pour répondre à ses contempteurs qui lui reprochent d’avoir été à l’origine de l’éviction des Libanais d’un marché pourtant national. Il compte relever à ce propos que les procédures suivies prennent certes soin de mettre les administrations publiques à l’abri d’une domination politicienne ; mais tiennent compte des investisseurs libanais, sans doute par le biais de participations actionnariales. En fait, ce que Cardahi veut signifier c’est que la machine ne doit pas s’arrêter au cellulaire, mais englober une réforme de pratiques s’étendant à tous les secteurs publics privatisables. Le ministre, mettant de côté son propre engagement dans le camp du régime, souhaite, selon ses proches, que l’on immunise l’intérêt bien compris de l’État, et du Trésor, contre les méfaits de la querellite, ce mal qui ronge le corps politique libanais tout entier, dirigeants en tête. Mais il semble douteux que cela aille aussi bien pour les autres privatisations envisagées. D’autant que le projet de budget Siniora est volontairement minimal. Et n’introduit pas ces réformes, ce plan d’austérité qu’exigerait la préparation de Paris III. Philippe ABI-AKL
Comme le fameux Don King, le pouvoir n’est jamais en peine d’organiser des matches de boxe entre champions de même coloration pigmentaire. C’est-à-dire entre loyalistes. Le dossier cabossé de la téléphonie mobile se referme à peine, sur le succès indéniable de Jean-Louis Cardahi, que le débat budgétaire se profile au proche horizon parlementaire. Dans cette enceinte...