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EXPOSITION - Au musée Sursock, jusqu’au 24 avril Les « Paysages de mer » des Kassar : une collection de marines qui vont du XVIIe au XXe siècle

Mécènes et grands collectionneurs d’art, les frères Adnan et Adel Kassar (qui sont à la tête de la Fransabank) mettent régulièrement une partie des tableaux de leur collection à la disposition – visuelle – des amateurs de peinture. Ainsi, il y a deux ans, ils avaient présenté, au musée Sursock, une série de toiles d’orientalistes du XIXe siècle. Cette fois, ils exposent, dans les mêmes lieux, quatre-vingt paysages de mer. Des œuvres d’artistes français, italiens, anglais, allemands, hollandais et hongrois, de belle facture, et qui vont des gravures du XVIIe siècle aux huiles postimpressionistes du début du XXe siècle. Pour bien suivre le déroulement de cet accrochage, disposé non pas par ordre chronologique, mais s’articulant autour de quatre grands thèmes : bateaux et paysages portuaires ; vagues et haute mer ; tempêtes et naufrages ; et enfin Venise, il faut retracer brièvement l’histoire de ce genre qui n’a commencé à être prisé qu’aux XVIe-XVIIe siècles. Pascal Odile, expert à la chambre nationale des experts spécialisés en France venu prêter main forte à Laure de Hauteville pour la préparation de cette exposition, indique que « la marine en tant que genre indépendant intervient tardivement dans la peinture occidentale. Laquelle comprend quatre grands ordres : la peinture d’histoire, le portrait, la nature morte et, en dernier, la marine. Cette dernière n’était pas considérée comme un art noble. Car, au peintre de paysages marins, on demande des effets de perspective, de grand large, un savoir du détail sur les bateaux, qui sont quand même moins compliqués à reproduire que l’anatomie ou l’expression que doit dégager un portrait ». Vues imaginaires C’est de Hollande, vers la fin du XVIe siècle, que la peinture de marine va se propager. La notion commence par être purement imaginaire. L’artiste ne se rendait pas sur place pour peindre. Il se servait de documents ou de récits et faisait un relevé topographique indiquant les principaux bâtiments de la ville portuaire. Il s’agissait en quelque sorte de peinture à but utilitaire. « Une idée que l’on retrouvera jusqu’au XVIIIe et même au XIXe siècle, précise M. Odile. Napoléon, par exemple, va envoyer des peintres en Hollande pour faire des tracés exacts de villes hanséatiques, qu’il pourrait éventuellement conquérir. » Les premiers paysages de mer ne sont donc pas exécutés d’après nature. Un constat qui s’applique, dans la présente exposition, aux gravures de Jacobus Peeters 1er, un artiste flamand du XVIIe siècle, dont les œuvres figurent dans plusieurs musées en Europe. Au XVIIe siècle, la marine s’insère dans des scènes de genre. Ainsi que le montrent, au musée Sursock, deux petits tableaux, de touche flamande, d’un peintre inconnu, qui représentent une cité maritime en décor de fond d’une scène galante. « Il faudra attendre jusqu’au début du XVIIIe siècle pour que la marine connaisse ses premiers succès grâce à l’un des grands peintres français, Claude Gellé, dit Le Lorrain, qui insérait à l’intérieur des paysages marins une notion de mythologie ou de peinture d’histoire. » Dans la collection des frères Kassar, toute une série de tableaux y font référence. Du romantisme au postimpressionnisme Le début du XIXe siècle sera celui du romantisme dans tous les arts. La marine, elle, va s’accorder parfaitement avec le romantisme dramatique de cette époque. Le Naufrage d’Ivannak Aivazovski, par exemple, qui reprend une scène peinte par Philippe-Jacques de Loutherbourg, exploite un thème typique de cette période. Le tableau n’est d’ailleurs pas sans rappeller le fameux Radeau de la méduse peint par Géricault. Tandis qu’une série de paysages de Venise à l’huile ou à l’aquarelle s’inscrivent dans la même veine romantique, mais sans son côté sombre. Plus on avance dans le temps, plus les paysages de mer s’apaisent. Les scènes de batailles et de tempêtes laissent la place au réalisme social dans des tableaux décrivant le dur labeur des marins, le retour de la pêche (illustré par une pièce intéressante signée Duchamp)... Ainsi qu’à des toiles axées sur le mouvement des vagues, les paysages de grand large. La mer devient véritablement le propre sujet de la marine. Du réalisme, la peinture de la mer évolue ensuite vers les courants impressionnistes et postimpressionnistes. On peut admirer, parmi les œuvres accrochées, quelques huiles lumineuses carcatéristiques de ces périodes. Dont, sans doute, une des plus belles pièces de l’exposition, un petit tableau d’Angelo Dall’oca Bianca (1858-1942, un peintre italien dont les œuvres figurent dans plusieurs musées d’Europe) au Coucher de soleil sur le port d’un chromatisme magnifique. Zéna ZALZAL * Le musée Nicolas Sursock est ouvert du lundi au samedi de 10h à 13h et de 16h à 19h.
Mécènes et grands collectionneurs d’art, les frères Adnan et Adel Kassar (qui sont à la tête de la Fransabank) mettent régulièrement une partie des tableaux de leur collection à la disposition – visuelle – des amateurs de peinture. Ainsi, il y a deux ans, ils avaient présenté, au musée Sursock, une série de toiles d’orientalistes du XIXe siècle. Cette fois, ils...