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Actualités - OPINION

Diplomatie - Les réformes au centre du débat arabe Beyrouth regrette le clivage entre le Machrek et le Maghreb

Après le choc du report du sommet de Tunis, c’est l’effervescence sur le plan diplomatique arabe. Des rencontres importantes ont eu lieu. Hosni Moubarak a conféré avec le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, avec le prince héritier saoudien Abdallah, avec le roi de Jordanie, Abdallah II, avec le président Bachar el-Assad de Syrie et avec le Soudanais Omar Hassan el-Béchir. Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue, s’est précipité dans une tournée urgente au Maghreb, pour parler d’abord avec le président tunisien Zein el-Abidine ben Ali, puis avec le ministre libyen des Affaires étrangères Abdel-Salam Chelkom. Pour l’heure, la diplomatie libanaise prend acte, avec regret, des éléments suivants : – Le président égyptien a exclu son homologue libanais du cycle de concertations qu’il a entrepris. – Il y a de profondes divergences sur la teneur et le timing du projet de réformes proposé par les États-Unis au monde arabe. En fait, la plupart des pays arabes expriment, pour le moins, de fortes réserves quant au plan US dit du « Grand Moyen-Orient ». Par contre, les suggestions émanant de l’Union européenne, à partir du partenariat méditerranéen, sont globalement mieux accueillies. Tous les programmes doivent être débattus lors du sommet de l’Otan (maintenant élargie pour accueillir sept pays de l’ancien bloc de l’Est communiste). Ainsi que durant l a réunion du G8 (puissances industrielles). Et, naturellement, lors de la reprise du sommet arabe, dans les semaines à venir, le site et la date précise restant à fixer. – Il s’est formé, de facto, deux axes arabes distincts. L’un du Maghreb, avec la Tunisie, le Maroc, la Libye (maintenant en voie de rapprochement accéléré avec l’Occident) et même l’Algérie. L’un du Machrek, avec l’Égypte, la Syrie et même l’Arabie saoudite, qui prend ses distances par rapport aux visées réformistes US. Le pivot du différend semble être le lieu du sommet arabe. Au Moyen-Orient, on pense qu’après le report ordonné unilatéralement par Tunis, la rencontre ne peut plus avoir lieu qu’au Caire. Mais Ben Ali, qui ne craint pas de sembler se contredire, tient à son sommet. Et il l’a dit avec force à Amr Moussa. En soulignant que les règles en décident de la sorte, puisque la Tunisie dispose du titre rotatif de président du sommet. Dans le fond, l’enjeu c’est le brouillon de projet de réformes que le sommet devait étudier. La Tunisie en souhaite l’amendement. Elle est soutenue en cela par la Libye mais aussi par le Maroc, malgré les démarches effectuées auprès du royaume par les Saoudiens pour qu’il change d’avis (et de camp). Le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohammed ben Issa (qui dirige le Conseil des chefs de diplomatie arabe depuis le 3 mars, pour six mois), a ainsi déclaré que l’on ne peut réglementairement transposer le site du sommet si la Tunisie ne se désiste pas de son droit d’accueil. Ajoutant que son gouvernement ne voit pas l’utilité d’un transfert. – Cependant, entre les deux bords oriental et occidental du bassin méditerranéen arabe, semble prendre place une sorte de centre modéré, conciliateur, qui tente de recoller les morceaux. Il se compose principalement du Qatar, du Yémen et du Soudan. Ils font valoir, amis en vain jusqu’à présent, que les Arabes ne doivent pas se diviser, mais au contraire resserrer leurs liens, pour parer à toute éventualité en cette phase cruciale de leur histoire. De son côté, et de par sa fonction, Amr Moussa s’active en vue d’un arrangement médian. Il a déjà réussi à fixer une date pour la réunion préparatoire traditionnelle des ministres des AE, au Caire. Et il n’est sans doute pas étranger au fait que Moubarak (qui a sans doute écouté également les conseils d’Assad), a mis récemment un peu d’eau dans son vin. En indiquant qu’il ne s’entêtera pas à vouloir organiser le sommet chez lui si Ben Ali y tient tellement. À condition, toutefois, que le président tunisien ne laisse pas traîner les choses et annonce une date de reprise raisonnablement rapprochée. Cependant, répétons-le, l’essentiel ne tient pas à des questions de forme ou de susceptibilités, bien qu’elles provoquent de la tension. Mais à la teneur du brouillon de programme de réformes établi par les ministres arabes des Affaires étrangères le 28 mars et que la Tunisie, entre autres, rejette. Par ailleurs, est-il besoin de le rappeler, c’est également, ou surtout le sort de la Ligue arabe qui est en balance. On sait en effet que cette instance, consciente de ses imperfections organiques, a elle-même décidé de proposer sa propre réforme. Sujet à vives controverses entre ses membres. Et il ne manquait que le ratage du sommet pour qu’on se pose de sérieuses questions sur l’utilité d’un organisme, d’un pacte, qui, au lieu de rassembler ses contractants, devient pour eux un sujet supplémentaire de divisions. Khalil FLEYHANE
Après le choc du report du sommet de Tunis, c’est l’effervescence sur le plan diplomatique arabe. Des rencontres importantes ont eu lieu. Hosni Moubarak a conféré avec le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, avec le prince héritier saoudien Abdallah, avec le roi de Jordanie, Abdallah II, avec le président Bachar el-Assad de Syrie et avec le Soudanais Omar Hassan...