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Actualités - OPINION

Présidentielle - Les règles du jeu commencent à prendre forme Les déclarations d’Assad mettent en émoi la caste politique locale

Le président Assad déclare que son pays soutiendrait tout président élu par consensus entre les Libanais. Qu’il n’y aura pas de désignation par la Syrie. Que la décision de reconduire ou non le mandat du président Lahoud relève de la seule volonté libanaise, en base de données purement locales. Qu’il s’agit là d’une décision qui appartient aux Libanais et non au président syrien. Mais il précise que la Syrie est un État qui a de l’influence sur la scène libanaise. Et que quiconque ne le reconnaît pas tient des propos idéalistes éloignés de la réalité. Pour affirmer cependant qu’il est calomnieux de prétendre que tout est entre les mains de la Syrie. Bien entendu, les professionnels du cru, pour qui la présidentielle prime pratiquement tout, crise économique comprise, se focalisent sur ces déclarations primordiales. Certains les considèrent sous l’angle de la responsabilité. Dans ce sens que le chef de l’État syrien préfère s’en décharger sur les Libanais. Que cela soit pour le choix d’un nouveau président ou pour l’option reconduction. De la sorte, la Syrie montre qu’elle est équidistante de tous, candidats en tête. Étant entendu qu’ils sont tous censés être ses amis. Et que, comme le réclament les USA, elle ne s’immisce pas dans la présidentielle libanaise. Scepticisme D’autres restent plutôt sceptiques. À leur sens, il paraît inimaginable que Damas cède le contrôle de la présidentielle libanaise. Mais comme il n’est plus possible, face aux pressions occidentales, de la jouer ouverte comme on dit au poker, il faut jeter un voile dessus. Les affirmations du chef de l’État syrien seraient donc destinées à couvrir une intervention finale aussi décisive que par le passé. En somme, le fameux mot d’ordre traditionnel serait cette fois doublé d’un mot de passe. Pour ces sources, il est évident qu’aux yeux de la Syrie, la présidentielle libanaise reste une carte capitale. Elle a besoin, disent ces pôles, d’un président qui ait sa pleine confiance. Car il cristallise mieux que tout autre élément son rôle de décideur local, avec ce que cela implique d’avantages sur le plan régional ou international. A contrario, la présence d’un président libanais avançant des vues distinctes de celles de Damas nuirait aux relations entre les deux pays. En affaiblissant les atouts syriens. C’est ce que l’on avait pu constater sous Élias Sarkis. Qui avait menacé de démissionner pour protester contre les bombardements d’Achrafieh par les Syriens de la Force arabe de dissuasion. En rappelant qu’aux termes des résolutions du sommet de Ryad, ces forces étaient en principe placées sous l’autorité du président de la République libanaise. Le deuxième heurt important s’était produit lorsque Sarkis avait, en accord avec Wazzan, élaboré un calendrier-programme pour le retrait des Syriens. Le document avait été soumis à la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères, réunie à Beiteddine. Et avait valu au regretté président du Conseil, qui avait irrité les décideurs, une fin de carrière politique prématurée. Il n’avait plus pu par la suite briguer le Sérail ni même la députation. Selon ces pôles, il semble donc hors de question que Damas admette l’éventualité d’un Sarkis bis. Il lui faut un président qui comprenne à demi-mot ce que l’on attend de lui. Attente En fait, sans se montrer nécessairement aussi critiques à l’encontre de la Syrie, la plupart des députés pensent également qu’en fin de compte, Damas fera pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Ils prennent en compte, à ce propos, l’affirmation du président Assad relative à l’influence syrienne sur la scène locale, qui n’a pas été avancée pour rien, à leur avis. Mais bien pour rappeler, estiment-ils, que ce pouvoir de suggestion ne manquera pas de s’exercer en matière de présidentielle. Sujet primordial, dont les tuteurs ne peuvent être raisonnablement absents. On a pu ainsi entendre le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, affirmer que le choix sera en définitive syrien à cent pour cent. Tandis que, de son côté, le président Omar Karamé souligne qu’au moins cent députés sont perméables aux desiderata syriens. Ce qui signifie en clair que la majorité parlementaire attend, encore une fois, ce que l’on appelle l’inspiration venue d’en haut. Et il suffira, en fait, de quelques coups de fil discrets pour que les députés soient fixés sur les souhaits des démiurges. Dont ils sont, dans leur majorité, totalement tributaires. D’où ce constat qu’il n’existe, au départ même, aucune volonté libanaise libre au niveau des institutions officielles. Surtout pas au niveau d’un Parlement dont la majorité n’est pas issue d’élections libres, équilibrées, mais d’un parachutage. Les mêmes sources soulignent que déjà tous ceux qui ont eu le courage de se prononcer sur la présidentielle sans consulter les décideurs s’en sont attiré les foudres. Et qu’ils ont été priés de garder leurs commentaires pour eux. Ce qu’ils ont fait docilement, en se repliant sur un prudent silence. En se contentant de répéter, quand on les interroge, qu’il est encore trop tôt pour parler présidentielle. De plus, relèvent les professionnels, comment la Syrie pourrait-elle appuyer un président élu consensuellement quand elle est bien placée pour savoir que les Libanais, laissés à eux-mêmes, ne peuvent justement s’entendre sur rien ? Seule son intervention peut réaliser l’accord mentionné. Ce qui revient à dire qu’il lui appartiendra toujours de choisir. Cependant, dans la mesure où les engagements du président Assad indiquent qu’on voudra, à tout le moins, tenir compte de l’avis des Libanais, il convient de souligner que dans leur écrasante majorité, ils sont pour le respect du jeu constitutionnel pour l’alternance démocratique. Donc opposés à la reconduction. Il reste à signaler, et à souhaiter que, grâce à l’influence qu’il évoque, le président Assad puisse aider le Liban. En encourageant la tenue du scrutin dès le premier jour du délai légal, le 27 septembre. Afin d’abréger la crise et les tiraillements axés sur la présidentielle et qui causent tant de dégâts socio-économiques au pays. Émile KHOURY
Le président Assad déclare que son pays soutiendrait tout président élu par consensus entre les Libanais. Qu’il n’y aura pas de désignation par la Syrie. Que la décision de reconduire ou non le mandat du président Lahoud relève de la seule volonté libanaise, en base de données purement locales. Qu’il s’agit là d’une décision qui appartient aux Libanais et non au...