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Actualités - OPINION

Pouvoirs - Exploitation politique du succès cellulaire Les décideurs s’activent pour un nouveau rabibochage

Il fallait s’y attendre, c’est humain et c’est normal : le succès de l’adjudication de la téléphonie mobile fait l’objet de pressantes tentatives d’exploitation politique. Aussi bien par les haririens que par les lahoudistes, du reste ! Car si les partisans du régime se glorifient de la réussite d’un de leurs fleurons, Jean-Louis Cardahi, leurs vis-à-vis ne sont pas loin d’attribuer tout le mérite au sens de l’État qu’ils prêtent à leur chef de file. Dans ce sens que Hariri n’a pas manqué d’assortir ses félicitations au ministre des Télécoms de la remarque qu’il n’a pas tenté de lui mettre des bâtons dans les roues. On se trouve donc plongé dans des surenchères à rebours. C’est-à-dire qu’au lieu de gloser, comme d’habitude, sur qui est le plus responsable, ou le plus coupable, on pinaille sur qui est le plus méritant. En se tapant la poitrine à coups de poing redoublés, comme le roi de la jungle, Tarzan. Pour tout dire, chacun s’efforce de marquer des points. Ou de limiter les dégâts, ce qui revient à peu près au même. Dans le contexte, ou la perspective, de la seule vraie bataille, la présidentielle. Le prochain round, dont le gong devrait sonner à l’ouverture de la séance du Conseil des ministres après-demain samedi, devrait en bonne logique s’articuler sur le contentieux du traitement de la crise économique. On sait en effet que l’affaire du cellulaire ouvre, en principe, le chapitre des privatisations, qui constitue l’ossature même des engagements pris à Paris II à l’égard des donateurs. Or les lahoudistes, tout en se félicitant de l’adjudication Cardahi, premier pas sur la voie des privatisations, ne veulent pas que l’État cède tout. Ils renâclent déjà côté électricité, eaux et transports publics. Au nom d’une conception quasi socialisante des devoirs de l’État vis-à-vis de la population. Bien entendu, les haririens, libéraux (à la Madelin) par définition même, estiment quant à eux que le privé fait mieux l’affaire que le public. Et que même à des tarifs supérieurs, il coûte finalement beaucoup moins à cette même population. Parce qu’il n’y aurait plus de personnel à payer sur la cassette du Trésor, qui engrangerait au contraire un surcroît de recettes. Et qu’en outre, les prestations seraient de meilleure qualité. Retour à l’actualité. Contrairement au Premier ministre, certains de ses fidèles contestent de manière insidieuse les réalisations de Cardahi. En posant des questions, faussement naïves ou innocentes, sur les adjudicataires, sur les parties qui sont derrière eux… Le ministre fait donc toujours l’objet d’une campagne de dénigrement. Et reste, pour sa part, résolu à défendre son action, sans dormir sur ses lauriers. Pour ne pas permettre à ses contempteurs de porter atteinte à une opération qui, sur le plan concret, n’a même pas encore commencé. Puisque la procédure de passation des pouvoirs entre anciens et nouveaux opérateurs ne se termine que fin mai. Phase d’autant plus sensible que le gagnant allemand, la société Detecom, devra choisir entre la reprise de LibanCell ou de Cellis, pour laisser l’autre réseau aux Koweïtiens de MTC ou aux Français d’Orange, classés seconds. Sur le plan global, les proches de Hariri révèlent qu’il a décidé de replonger dans le mutisme. Et de ne plus soulever la question, houleuse, des prérogatives du chef de l’État. Plus exactement, de ne plus polémiquer, lui qui avait déjà souhaité, lors du dernier Conseil des ministres, que le Premier magistrat laisse le problème de côté. Pour après le sommet arabe, maintenant reporté de plusieurs semaines, comme on sait. Il faut dire que les Syriens sont entrés en ligne pour éteindre le nouvel incendie interlibanais. Ils ont remontré aux dirigeants locaux qu’aucun d’entre eux n’a intérêt à évoquer les dispositions de Taëf, la façon de les interpréter et encore moins une révision de la Constitution portant sur la répartition détaillée des pouvoirs. Les décideurs ont rappelé, comme le ministre Hardane, qui n’est pas éloigné d’eux, l’avait fait en Conseil des ministres, que le débat profite avant tout à l’opposition. Et nuit, derechef, à la stabilité politique dont le pays a plus que jamais besoin. Tant pour atténuer les effets de la crise socio-économique que pour être mieux en mesure de parer à tout danger de provenance extérieure. De faire face aux pressions US et aux menaces israéliennes. La grande question, pour les Libanais, est de savoir si le nouvel armistice va s’accompagner d’efforts pour satisfaire les engagements pris à Paris II afin de réduire le poids de l’écrasante dette publique. Philippe ABI-AKL
Il fallait s’y attendre, c’est humain et c’est normal : le succès de l’adjudication de la téléphonie mobile fait l’objet de pressantes tentatives d’exploitation politique. Aussi bien par les haririens que par les lahoudistes, du reste ! Car si les partisans du régime se glorifient de la réussite d’un de leurs fleurons, Jean-Louis Cardahi, leurs vis-à-vis ne sont pas...