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Robert Arab : «Tolérance, bon sens et savoir-vivre»

Robert Arab a pris sa retraite en 1998. Nommé ambassadeur hors cadre en 1982, peu avant la fin du mandat du président Élias Sarkis, il a occupé le poste d’ambassadeur du Liban en Colombie durant sept ans, pour être nommé ensuite en Espagne jusqu’à sa retraite. Robert Arab, ancien publiciste, indique d’emblée qu’il «faut garder en tête qu’un ambassadeur est un fonctionnaire de l’État». Il adopte et défend donc la politique du gouvernement «Il représente son pays et le chef de l’État de son pays à l’étranger. Qu’il vienne d’un petit ou d’un grand pays, on lui doit donc le respect que l’on doit à un chef d’État», indique-t-il. Et un ambassadeur doit évidemment se faire respecter. Il va sans dire qu’un ambassadeur doit aimer son pays. Mais pour Robert Arab cela ne suffit pas. Il faut pouvoir se faire entendre, avoir du charisme. «Dans notre métier, la sociabilité est très importante, surtout quand on vient d’un petit pays», dit-il. Réceptions et dîners somptueux sont donc importants. Et plus d’un se souviennent des photos des réceptions données par Robert Arab en Colombie et publiées régulièrement dans les pages mondaines des magazines de Bogota. «Parfois dans des cocktails, je m’approchais des ambassadeurs des États-Unis et de France qui étaient en pleine conversation et je leur disais: le Liban est là, voici donc les trois plus grandes puissances du monde», raconte-t-il. «Nous sommes des hauts fonctionnaires et nous avons pour mission de projeter une belle image du Liban», ajoute-t-il. «De plus, une bonne partie du travail se fait au cours des réceptions, notamment pour les contacts», poursuit-il. Mais Robert Arab sait qu’il a un autre travail à faire : «Par exemple, s’occuper des émigrés, les rapprocher du Liban, surtout dans les pays où la diaspora compte plusieurs générations», relève-t-il. «Il ne faut pas oublier surtout les accords bilatéraux sur lesquels on planche durant des mois», ajoute-t-il. Les connaissances en politique et en économie servent bien sûr, mais pour l’ancien ambassadeur, diplômé en langues vivantes de l’Université de Cambridge, les langues étrangères sont un must, non un plus. Le background social et universitaire compte également. «On peut être marchand de journaux, réussir peut-être par miracle au concours, mais on ne remplira jamais pleinement le poste d’ambassadeur», plaisante-t-il. «Pour embrasser une telle carrière, il faut du bon sens et du savoir-vivre», dit-il, poursuivant que «respecter les règles du protocole, qui sont très rigides, n’est pas facile». «Tous les jeunes devraient savoir que s’ils veulent présenter le concours, leur première mission est de servir le pays», indique l’ancien ambassadeur. Même s’ils contestent la politique étrangère adoptée par leur État? «S’ils sont incapables de l’accepter, ils n’ont pas à représenter le Liban», répond-il simplement, ajoutant que la carrière «demande beaucoup de tolérance, de civilité et de bon sens, sans oublier le sens du compromis ». Mais si un ambassadeur n’approuve plus la politique étrangère de son pays, au point qu’il devient incapable de la défendre? La question surprend un peu Robert Arab qui se souvient cependant d’un diplomate libanais, en mission en Amérique latine, qui avait démissionné à l’issue de l’annulation de l’accord du 17 mai et qui avait décidé ensuite de s’établir hors du Liban. Robert Arab a occupé le poste d’ambassadeur durant la guerre et après le retour au calme. Dans les années quatre-vingts en Colombie, un certain nombre de Libanais avaient transposé le conflit qui ensanglantait leur patrie… jusqu’à Bogota. «Avec l’équipe de l’ambassade, nous avons réussi à ressouder la diaspora», indique-t-il. La tâche, semble-t-il, n’était pas facile. L’ancien ambassadeur du Liban en Colombie et en Espagne préfère ne pas parler des tâches difficiles dont il s’était acquittées, notamment en 1989 et en 1990, quant l’État libanais avait été divisé. Et quand le corps diplomatique devait choisir. Robert Arab préfère sur ce plan évoquer les bons souvenirs, les accords de coopération qu’il avait réussi à conclure. «En Espagne, il fallait montrer que le Liban vivait à nouveau en paix, le remettre sur la carte du monde, en essayant d’attirer les investissements», relève-t-il. L’ancien ambassadeur a œuvré donc pour la mise en place de divers accords de coopération entre les deux pays. Parmi eux, un protocole de 105 millions de dollars de dons versés par l’Espagne, à condition que le Liban facilite l’implantation sur son territoire d’entreprises espagnoles. «Nous avons perdu les 105 millions de dollars parce que nous n’avons pas respecté notre engagement», indique Robert Arab, soulignant cependant : «Je suis sûr que l’État ne l’a pas fait sciemment. Le protocole a simplement été oublié.» C’est peut-être l’unique regret de Robert Arab, qui est porteur de plusieurs décorations et qui a servi le Liban durant quatorze ans à l’étranger.
Robert Arab a pris sa retraite en 1998. Nommé ambassadeur hors cadre en 1982, peu avant la fin du mandat du président Élias Sarkis, il a occupé le poste d’ambassadeur du Liban en Colombie durant sept ans, pour être nommé ensuite en Espagne jusqu’à sa retraite.
Robert Arab, ancien publiciste, indique d’emblée qu’il «faut garder en tête qu’un ambassadeur est un...