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Vague de condamnations unanimes au Liban après les massacres de Bagdad et de Kerbala Attentats antichiites en Irak : Nasrallah pointe du doigt le réseau el-Qaëda

Les attentats qui ont tué 182 personnes mardi en Irak pendant la commémoration de la Achoura ont suscité au cours des dernières trente-six heures une vague de condamnations unanimes au Liban, où des voix se sont élevées de toutes parts pour dénoncer une tentative de semer la discorde interconfessionnelle. Il est à noter qu’à côté des commentaires habituels et quelque peu expéditifs imputant aux États-Unis et à Israël le bénéfice, sinon la responsabilité de tels massacres, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a clairement, quoique de façon implicite, pointé du doigt le réseau intégriste el-Qaëda dans ces dernières attaques. Le chef de l’État, Émile Lahoud, a qualifié hier de « criminels » les attentats de Bagdad et de Kerbala, estimant que ces attaques, « qui ont coïncidé avec la commémoration de la Achoura, illustrent la nécessité de l’édification en Irak d’un État unifié, fort et émanant de la volonté du peuple irakien lui-même ». « De telles actions servent les intérêts d’Israël qui s’efforce d’instaurer l’anarchie dans la région et tente de créer des parades pour dissimuler les massacres qu’il perpètre contre le peuple palestinien », a ajouté M. Lahoud. Selon lui, les Arabes sont toutefois « suffisamment éveillés pour faire face aux tentatives de leurs ennemis de semer la discorde entre eux ». « Je suis confiant tout aussi bien dans le fait que le peuple irakien est plus fort que ces tentatives et qu’il sera capable, en étant uni, de les faire avorter », a-t-il dit. Le président de la République a chargé le ministre des Affaires sociales, Assaad Diab, de le représenter à la cérémonie de deuil que le Conseil supérieur chiite a décidé d’organiser aujourd’hui jeudi à la mémoire des victimes de ces attentats. De son côté, le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a demandé aux Irakiens de rester « vigilants » face aux tentatives de semer la discorde intercommunautaire dans le pays. « Nous condamnons fortement les horribles tueries à Kerbala et à Kazimiya (Bagdad) », a déclaré M. Hariri dans un communiqué. « Il ne s’agit pas seulement d’actes criminels », mais d’agissements qui « paraissent conformes au martyre de l’imam Hussein, dans le sens qu’ils visaient à semer la discorde, et la discorde est pire que la tuerie », a-t-il dit. « Nous appelons tous les Irakiens, Arabes, Kurdes, sunnites et chiites, à rester vigilants face à de telles tentatives », a-t-il prévenu. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a pour sa part dénoncé un « second Kerbala », en référence au massacre survenu au VIIe siècle dans cette ville, et qui est commémoré par la Achoura. « Pas un seul Irakien, quelle que soit son appartenance, n’est capable de commettre un tel crime, qui vise à briser l’unité de l’Irak et celle des musulmans face aux occupations étrangères », a assuré M. Berry. « Ce qui s’est passé est un second Kerbala, dans le plein sens du terme », a-t-il dit. Quant à sayyed Nasrallah, il avait évoqué les attentats en Irak dès mardi, alors qu’il s’exprimait dans le cadre d’une cérémonie de commémoration de la Achoura dans la banlieue sud de Beyrouth. Sans citer nommément l’organisation d’Oussama Ben Laden, le chef du Hezbollah s’en est vivement pris à elle. « S’il s’avère que ce sont le Mossad (le contre-espionnage israélien) et la CIA qui ont perpétré ces attentats, ce sera une consolation pour nous », a-t-il dit devant une foule estimée à plus de cent mille personnes qui l’écoutait en silence. « Mais s’il s’agit de groupes fanatiques, obscurantistes, sclérosés, qui vivent au Moyen-Âge, qui n’ont ni raison, ni cœur, ni éthique et qui relèvent de l’islam ou qui prétendent appartenir à l’islam, ce sera une catastrophe , et les musulmans devraient y faire face », a-t-il lancé d’une voix émue et coléreuse. « Quand des chiites sont tués, il faut que les sunnites condamnent et dénoncent ces actes, et inversement », a-t-il ajouté, soulignant que « seuls des individus agissant pour des motifs idéologiques se livrent à des attentats-suicide ». Selon lui, « ces fanatiques n’ont qu’une seule religion : les assassinats, l’effusion de sang, ils sont rejetés par la Oumma ». « En Afghanistan, l’expérience était amère », a-t-il poursuivi, en évoquant « l’expérience des talibans » afghans sunnites qui ont tué « des sunnites et des chiites ». Or, « le peuple irakien n’appartient pas à cette raison talibane », a-t-il estimé. Sayyed Nasrallah a appelé toutes les instances musulmanes à faire face à l’action d’el-Qaëda s’il s’avérait que le groupe est à l’origine des attentats, car, a-t-il expliqué, ces actes sont « contraires aux intérêts des chiites et des sunnites et conduiront à perpétuer l’occupation américaine ». « Israël et les États-Unis sont les principaux bénéficiaires des attentats », a encore dit sayyed Nasrallah, mettant en garde « les faibles d’esprit et les demandeurs de vengeance de tomber dans le piège de ceux qui fomentent un complot contre les musulmans en semant la zizanie entre eux ». « Israël, qui veut détruire l’Irak, a introduit beaucoup d’argent et d’agents et constitué des réseaux de sabotage en Irak (...). L’Administration américaine veut dominer l’Irak et piller ses ressources pétrolières et autres », a-t-il ajouté. Mais Hassan Nasrallah s’est aussi interrogé sur la nature politique et le programme de la « résistance » irakienne, « qui tue plus d’Irakiens que d’Américains ». « Pourquoi ses dirigeants, ses cadres ne se dévoilent-ils pas et ne rendent-ils pas publics leurs objectifs ? Qui sont ces fanatiques, ces obscurantistes, ces sans foi ni loi, ces gens qui sont musulmans ou qui prétendent l’être ? Et s’ils le sont, c’est là la grande catastrophe », a-t-il lancé. Plus tôt, l’uléma chiite Mohammed Hussein Fadlallah avait, pour sa part, estimé lors d’un prêche que « les États-Unis travaillent pour provoquer une grande discorde sur la scène irakienne afin de prolonger leur occupation ». « Je mets en garde le monde musulman contre la discorde. Les actions qui visent des lieux saints et de culte des chiites et ceux des sunnites démontrent que celui qui les provoque est le même et cherche à semer la zizanie religieuse en Irak », a-t-il ajouté. Sayyed Fadlallah a appelé les ulémas sunnites et chiites « à contrecarrer (les tentatives de semer) la discorde et œuvrer pour le maintien de l’unité des musulmans ». Autres réactions Hier, le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, s’est associé au concert de condamnations, estimant que ce sont « des mains étrangères » qui sont à l’origine de ces massacres. Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a adressé à l’ayatollah Ali Sistani, l’une des principales instances chiites en Irak, un mesage de condoléances dans lequel il exprime sa « condamnation des massacres injustes d’innocents le jour de la Achoura ». « Nous condamnons de la même façon toutes les formes de dissensions introduites par l’occupant et ses agents, et nous réclamons à vos côtés le départ de l’occupant américain de la terre d’Irak », a ajouté M. Joumblatt. L’ancien Premier ministre Sélim Hoss a dénoncé l’acte « de criminels sanguinaires qui cherchent à noyer l’Irak frère dans la guerre civile ». « Ceux qui ont intérêt à provoquer des troubles sont connus. Le peuple irakien, qui reste attaché à sa liberté et son indépendance, ne tombera pas dans leur piège », a-t-il dit. Michel Pharaon, député de Beyrouth, a souligné que ces attentats « surviennent dans un contexte marqué par des tentatives de semer la discorde et l’éparpillement, ce qui sert les intérêts des ennemis de l’Irak en particulier et de la nation arabe en général ». M. Pharaon a appelé toutes les parties à « surmonter la douleur, éviter les réactions instinctives et oeuvrer en coordination entre elles afin d’identifier les groupes malfaisants et criminels » qui commettent ces attentats. Enfin, Nassib Lahoud, député du Metn, a estimé que les attentats « visent clairement l’unité du peuple irakien et le processus qu’il a lancé pour recouvrer sa souveraineté, édifier un État démocratique, instaurer le respect des droits de l’homme et se libérer des séquelles du régime oppressif ». Pour M. Lahoud, la priorité qui s’impose aujourd’hui aux Arabes est de créer « un barrage hermétique afin de circonscrire cette violence criminelle et aveugle dont les traces se répandent de Casablanca à Istanbul en passant par Ryad et d’autres endroits dans le monde ».
Les attentats qui ont tué 182 personnes mardi en Irak pendant la commémoration de la Achoura ont suscité au cours des dernières trente-six heures une vague de condamnations unanimes au Liban, où des voix se sont élevées de toutes parts pour dénoncer une tentative de semer la discorde interconfessionnelle. Il est à noter qu’à côté des commentaires habituels et quelque peu...