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La reconduction principalement liée au choix conjoncturel des décideurs

Une évidence avancée par un ministre : personne ne songera à réclamer l’amendement de l’article 49 C (Constitution) pour la prorogation, si la Syrie n’en veut pas. Pour l’heure, Berry pense que le chef de l’État « ne sollicitera pas le renouvellement, sans doute parce qu’il sait qu’on ne le lui demandera pas. » Cette situation est comparable au cas Chehab. Le président de la Chambre de l’époque, Kamel el-Assaad, s’était rendu auprès du premier président-général libanais, pour en sonder les intentions quant à un second bail. Il n’avait recueilli aucun de ces souhaits de maintien que les nahjistes colportaient. Le président Chehab savait en effet que le choix d’un président dépendait tout autant de considérations extérieures que de la volonté des Libanais. Il était donc inutile, déjà, de courir après le renouvellement si les conditions régionales se révélaient défavorables. Le président Lahoud réalise, de même, que demander la reconduction n’aurait aucun sens, si les vents du dehors devaient souffler dans une tout autre direction au moment décisif. Il laisse donc le temps au temps, pour voir. S’il y a nécessité pour les décideurs, on retoucherait aussitôt l’article 49 C. Et sinon, la prorogation ne pourrait pas se faire. Même si la majorité parlementaire ou populaire s’y montrait favorable. Le ministre cité souligne ensuite, en réponse à une question, qu’à huit mois de l’échéance, l’image reste encore floue. Mais se dit sceptique quant à la reconduction. Parce que, dit-il, la majorité des Libanais, députés compris, y est opposée. Et prône le changement, le respect de l’alternance démocratique comme des délais légaux et du texte constitutionnel. En outre, poursuit le ministre, le renouvellement créerait un précédent débordant sur toutes les institutions. On estimerait, par exemple, nécessaire de laisser en place la législature actuelle, dont le mandat a d’ailleurs été allongé. Et on foulerait joyeusement aux pieds le respect des principes constitutionnels. Or cela aurait un prix. Car les nations amies, qui aident le Liban, insistent pour que le Liban ne dévie pas de la voie démocratique juste. L’Union européenne a même pris publiquement position à cet égard, en publiant un appel pressant « au respect total des règles constitutionnelles, par l’organisation cyclique d’élections libres, légales, afin d’assurer les éléments de base de la démocratie. Au Liban, pays qui doit rester fidèle aux meilleures traditions démocratiques. » L’UE souligne en effet, et ensuite, que « le Liban est doté du système démocratique parlementaire le plus avancé au Moyen-Orient » en laissant donc entendre qu’il ne faut pas perdre cet acquis. Bien entendu, la France et les États-Unis ne sont pas en reste et multiplient les proclamations recommandant l’alternance démocratique. Ces échos, ajoute le ministre, ne sont certainement pas négligés par le grand électeur syrien. Qui devrait être, dès lors, plutôt réticent à l’idée de faire retoucher la Constitution libanaise, ce qui fausserait le jeu démocratique. Toujours selon cette personnalité gouvernementale, on ne voit pas pourquoi les Syriens choisiraient d’aller à contre-courant des souhaits occidentaux, quand ils ont toujours une large possibilité de soutenir un nouveau président qui satisferait également les Libanais. Cela étant, le même ministre estime que la Syrie pourrait user de la présidentielle libanaise comme carte de négociation, ou de contre-pression, face aux USA. Afin de pouvoir mieux esquiver des exigences américaines difficiles à satisfaire. Mais, de l’avis de cette personnalité libanaise, il semble que Washington n’accorde aucun prix négociatoire à l’affaire de la présidentielle libanaise. Les États-Unis se contentent de répéter qu’il faut respecter la Constitution. Ils rejettent donc la prorogation. Et si la Syrie n’en tient pas compte, cela ferait un grief américain de plus à son encontre. Émile KHOURY
Une évidence avancée par un ministre : personne ne songera à réclamer l’amendement de l’article 49 C (Constitution) pour la prorogation, si la Syrie n’en veut pas. Pour l’heure, Berry pense que le chef de l’État « ne sollicitera pas le renouvellement, sans doute parce qu’il sait qu’on ne le lui demandera pas. » Cette situation est comparable au cas Chehab. Le...