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Actualités - CHRONOLOGIE

Détenus en Syrie - Conférence de presse des associations de droits de l’homme Solida et Solide appellent l’Ordre des avocats à assumer ses responsabilités

Les associations de défense des droits de l’homme Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés) et Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement), ainsi que le Comité des parents de détenus en Syrie, ont mis en demeure hier le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Sélim Osta, de révéler le contenu du rapport de la commission ministérielle présidée par l’ancien ministre au sein du précédent cabinet Hariri, M. Fouad es-Saad, sur la question des détenus libanais dans les prisons syriennes. Et pour cause, ont martelé hier les porte-parole de Solide et de Solida, Ghazi Aad et Wadih el-Asmar, et les parents de détenus. « L’Ordre, ont-ils précisé, représentait la société civile au sein d’une commission sans crédibilité, formée d’officiers des services de renseignements. Le bâtonnier Michel Lyan nous avait promis à l’époque, sans résultats, que l’ordre constituerait la soupape de sécurité pour les parents au sein de la commission. » Les ONG ont tenu hier une conférence de presse à partir de la tribune de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire (FDHDH). Étaient présents : Ghazi Aad (Solide), Wadih el-Asmar et Marie Daunay (Solida), Hikmat Dib (FDHDH), Sonia Eid, Violette Nassif, Fatmé Abdallah et Nour Hanna (Comité des parents). L’occasion pour les parents de dénoncer, une fois de plus, non sans douleur, l’attitude de l’État libanais vis-à-vis des Libanais prisonniers en Syrie. Prenant la parole, M. Asmar a commencé par évoquer la récente découverte du charnier dans la région de Saïda. Il a appelé les autorités à « œuvrer pour découvrir l’ensemble des fosses communes et des charniers sur le territoire libanais et à faire des tests génétiques pour déterminer l’identité des victimes ». Il a ensuite donné lecture d’un communiqué sous forme d’appel lancé au bâtonnier de l’Ordre des avocats. « À la création de la commission d’enquête sur les disparus en janvier 2001, présidée par le ministre Fouad es-Saad, l’Ordre des avocats de Beyrouth avait accepté de mandater l’un de ses membres pour assister aux travaux de ladite commission. Cet avocat était l’unique représentant de la société civile, au sein d’une commission composée exclusivement de représentants étatiques, donc dépourvue d’indépendance », a-t-il indiqué, s’adressant à M. Osta. « Malgré tous les doutes des organisations de défense des droits de l’homme et des familles de disparus quant à l’impartialité et à l’indépendance de cette commission, c’est la présence de votre représentant qui a amené les familles à être parties prenantes au processus qui s’annonçait. Et ce malgré la désinvolture manifeste avec laquelle la précédente commission (présidée par le brigadier Abou Ismaïl) avait traité le sujet, déclarant tous les disparus morts sans avoir mené la moindre enquête, et totalement discréditée par la suite », a poursuivi M. Asmar. « Or aujourd’hui, trois ans après sa création, la commission Saad a disparu. Elle a été gelée de facto par les autorités après avoir recueilli suffisamment d’informations et de témoignages permettant de confirmer la détention en Syrie de nombreux “disparus” libanais. L’Ordre des avocats a participé aux travaux de cette commission et, de ce fait, il est l’un des dépositaires de ces informations. En réalité, il en est l’unique dépositaire indépendant du pouvoir. À plus d’une reprise, l’Ordre des avocats a évoqué la question dans la presse et réclamé la publication du rapport officiel par l’État. Après ces trois années d’attente, les familles comme l’opinion publique ont le droit de connaître d’une façon claire et sans ambiguïté les véritables constatations réunies par la commission Saad », a-t-il ajouté. Et de conclure : « L’État refusant une fois de plus d’assumer ses responsabilités dans l’affaire des disparus et des détenus en Syrie. Il est désormais de la responsabilité de l’Ordre des avocats de rendre publiques, sans plus tarder, toutes les constatations de la commission, et en particulier celles concernant les détenus libanais en Syrie, et de se retirer officiellement de cette commission afin que l’opinion publique ne se méprenne sur la position de l’ordre. Il en va de sa crédibilité de refuser de participer au pourrissement de la situation de toutes les familles de disparus et de détenus en Syrie, dont certains sont morts au cours des travaux de la commission et depuis leur gel. Chaque jour qui passe représente un risque certain pour la vie de ces détenus et une torture morale supplémentaire pour les familles. » Violette Nassif : Si mon fils était en Israël... De son côté, Ghazi Aad a rappelé que les parents de détenus avaient collaboré avec la commission sous l’influence de l’Ordre des avocats. « Depuis le gel des activités de la commission, l’ordre n’a pas réagi. Les parents sentent qu’ils ont ainsi été floués sur toute la ligne. Nous avons demandé à plusieurs reprises à l’ordre de réagir, mais sans succès », a-t-il indiqué. Interrogé par ailleurs sur la liste de Libanais détenus potentiels dans les geôles syriennes remise par l’opposant syrien Nizar Nayyouf au patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, lors de son voyage à Paris l’été dernier, M. Aad a répondu : « 32 des 33 noms qui figurent sur la liste de Nayyouf sont également sur nos listes. De toute façon, tout le monde sait, au niveau international, qu’il y a bel et bien des détenus libanais en Syrie. » Concernant enfin l’affaire du charnier, M. Aad a appelé les autorités à « faire la lumière sur le charnier de Yarzé dont l’existence a été rendue publique par le procureur général Adnane Addoum, et aux fosses communes résultant du massacre de Beit-Méry », allusions aux massacres perpétrés le 13 octobre 1990. Et Wadih el-Asmar d’ajouter : « Il est faux de penser que l’élaboration du rapport boucle le dossier des détenus. Seule la libération de ces derniers par les autorités syriennes, la restitution des restes de ceux qui sont morts et le fait pour Damas d’avouer qu’un certain nombre de personnes ont été, à un moment, prisonnières dans ces geôles pourront permettre de tirer un trait sur cette question. Mais les autorités libanaises doivent aussi assumer leurs responsabilités. » Enfin, Violette Nassif, mère d’un soldat de l’armée disparu le 13 octobre 1990 et qu’elle affirme avoir visité deux fois en Syrie, s’est effondrée en larmes : « Nous n’en pouvons plus. C’est inhumain. J’étais heureuse pour les parents des détenus libérés par Israël. Il est abominable que nos enfants soient toujours en prison alors que le président Bachar el-Assad tend la main à l’ennemi israélien pour faire la paix. J’aurais souhaité que mon fils soit en prison en Israël. Au moins, il serait revenu et aurait été reçu en héros par le président de la République. En plus, il n’était qu’un soldat de l’armée. Mais les responsables sont ailleurs. Sur le plateau de la LBCI, M. Karim Pakradouni, visiblement affecté, s’était engagé à se saisir du cas de mon fils Johnny. Résultat : il dédaigne ses compatriotes et préfère s’occuper du dossier des Iraniens disparus il y a 23 ans, alors que mon fils croupit en prison. » M.H.G.
Les associations de défense des droits de l’homme Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés) et Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement), ainsi que le Comité des parents de détenus en Syrie, ont mis en demeure hier le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Sélim Osta, de révéler le contenu du rapport de la commission ministérielle présidée par...