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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Sur plainte des riverains pour tapage nocturne Descente massive des FSI dans la nuit de jeudi à vendredi à la rue Monnot

Jusqu’à nouvel ordre, les pubs et restaurants de la rue Monnot opéreront sans voituriers. Jeudi vers 23 heures, une dizaine de jeeps des FSI, plus de 150 gendarmes ainsi que des dizaines de détectives en civil ont fait une descente à la rue Monnot, arrêtant une quarantaine de voituriers qui ont été maintenus en garde à vue jusqu’aux petites lueurs de l’aube, à la gendarmerie d’Achrafieh. L’opération menée dans la nuit de jeudi à vendredi, pour motif de tapage nocturne, s’est déroulée sans que le ministre du Tourisme, Ali Hussein Abdallah, n’en soit averti. Certains observateurs se sont demandés si cette affaire ne serait pas liée aux prochaines élections municipales de Beyrouth. Selon les témoins oculaires, dans certains pubs, les gendarmes eux-mêmes ont procédé à réduire le volume de la musique. Dans d’autres, pour plus de précautions, ce sont les gérants des établissements eux-mêmes qui ont préféré casser l’ambiance de la soirée. Sur la chaussée, à l’entrée des pubs, les voituriers ont été arrêtés et conduits à la gendarmerie d’Achrafieh. Les clients qui leur avaient confié leurs véhicules ont récupéré eux-mêmes les clés accrochées aux entrées des établissements, essayant de retrouver – parfois avec beaucoup de peine – leur voiture. Les habitués de la rue Monnot qui ont demandé aux gendarmes pour quelles raisons le « secteur est quadrillé » ont été cavalièrement priés de se taire. Les policiers ont également procédé, on ignore toujours pour quels motifs, à la vérification des papiers d’identité d’un certain nombre de piétons et d’automobilistes. Ces derniers ont patienté plusieurs dizaines de minutes dans leurs voitures pour que les policiers, présents en masse à l’extrémité ouest de la rue, leur permettent de partir. Peu après minuit, un jeudi soir, marquant le début du carnaval, la rue Monnot était vide. Hier, beaucoup de gérants et de propriétaires de pubs, qui ont tenu à préserver l’anonymat, comparaient la soirée de la veille « aux nuits passées dans les années quarante sous la Gestapo ». Ce n’est pas la première fois que les gendarmes font une descente à la rue Monnot. En février 2003, tout au long d’un week-end, les policiers avaient amplifié leur présence dans le secteur, distribuant en l’espace de 48 heures plus d’une centaine de PV, notamment pour tapage nocturne. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ils ont arrêté – pour quelques heures – les voituriers, pour la même raison. Il est à savoir que la rue abrite une centaine de pubs dont la plupart ne bénéficient pas d’une « autorisation définitive de fonctionnement ». Mais les pubs de la rue Monnot ne sont pas les seuls dans cette situation. Au centre-ville, à Verdun, à Hamra et à Jounieh, tout le monde est dans la même situation, la loi organisant le fonctionnement des boîtes de nuit et des restaurants au Liban étant devenue désuète, et les articles concernant les pubs étant inexistants. Le ministre du Tourisme pas informé Interrogé par L’Orient-Le Jour sur l’incident de jeudi à vendredi à la rue Monnot, le ministre du Tourisme Ali Hussein Abdallah a indiqué qu’il « n’a pas réussi à joindre tout au long de la journée le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, qui a pris l’initiative », soulignant qu’il n’avait « pas été informé de l’affaire ». M. Abdallah a relevé que, « depuis plusieurs mois, la police touristique a décidé d’être plus indulgente envers les pubs et les restaurants qui ne possèdent pas une autorisation définitive d’exploitation en attendant la promulgation de la nouvelle loi ». Il a également noté que « le sursis accordé aux exploitants des pubs et des restaurants dans tout le Liban et à Beyrouth se prolongera jusqu’à la fin de l’année ». « Même si les restaurants de la rue Monnot ne bénéficient pas de permis, on ne peut pas nier leur existence et aussi le tapage nocturne qu’ils occasionnent ; mais leurs propriétaires ont investi et ils sont en train de promouvoir le tourisme au Liban », a-t-il indiqué, soulignant qu’il « faudra trouver une formule qui arrange aussi bien les habitants du quartier que les propriétaires des pubs, et cette affaire peut être réglée avec la mise en place d’un comité commun ». Lui-même est d’ailleurs partisan d’un projet visant à ce que cette « rue devienne purement touristique, abritant uniquement des restaurants, des pubs et des boîtes de nuit, même dans les étages supérieurs des immeubles comme c’est le cas actuellement dans certaines impasses du secteur », a-t-il dit à L’Orient-Le Jour, poursuivant qu’il « faudra avant tout dédommager les habitants de la rue ». Interrogés sur l’incident qui s’est produit dans la nuit de jeudi à vendredi à la rue Monnot, les membres du service de presse des FSI ainsi que le responsable du service de presse au ministère de l’Intérieur, Georges Soulage, n’étaient pas informés de l’affaire. Une source autorisée au ministère de l’Intérieur s’est contentée d’une déclaration brève à L’Orient-Le Jour soulignant que « le ministère a agi à la suite d’une plainte déposée, il y a quelques jours, par un groupe d’habitants de la rue Monnot », précisant que les « voituriers, au langage grossier, sont responsables du tapage nocturne ». « Désormais, ceux qui ne respectent pas la loi à la rue Monnot assumeront les conséquences », a-t-il indiqué poursuivant que « les voituriers ont tout simplement été avertis qu’ils devraient respecter la loi et ne pas crier en pleine nuit et les propriétaires des pubs et boîtes de nuit qui ne possèdent pas les équipements nécessaires pour l’insonorisation de leurs établissements devraient les installer ». À la question de savoir si cette affaire ne serait pas liée d’une quelconque façon aux municipales prochaines de Beyrouth, la source du ministre de l’Intérieur a « catégoriquement nié cette éventualité ». Hier, le syndicat des propriétaires des restaurants, des boîtes de nuit, des cafés et des pâtisseries au Liban, présidé par M. Paul Aryss, a condamné la décision d’interdire aux voituriers de la rue Monnot d’effectuer leur travail, la qualifiant « d’injuste » envers les propriétaires des établissements touristiques et de leur clientèle. « Cette décision a été prise sans préavis et sans que le ministère du Tourisme ou le syndicat n’en soient avertis », relève le communiqué, appelant « les autorités concernées à revoir la décision ». Le texte précise également que « le tourisme au Liban n’est pas concerné, de près ou de loin, par la politique et les élections, spécialement les prochaines municipales de Beyrouth ». Patricia KHODER
Jusqu’à nouvel ordre, les pubs et restaurants de la rue Monnot opéreront sans voituriers. Jeudi vers 23 heures, une dizaine de jeeps des FSI, plus de 150 gendarmes ainsi que des dizaines de détectives en civil ont fait une descente à la rue Monnot, arrêtant une quarantaine de voituriers qui ont été maintenus en garde à vue jusqu’aux petites lueurs de l’aube, à la...