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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE Samba et sans tracas

Huitième semaine de 2004. Ici, ces sept derniers jours ont été rythmés par de constructives déclarations. En dénonçant la flagrante violation de la Constitution et des spécificités libanaises qu’a été la signature, par une bonne partie du Conseil des ministres, du décret visant à l’adhésion du Liban à l’Unesco islamique, le Bloc national de Carlos Eddé a mis le doigt sur quelque chose de vicié, un double mal : l’inconscience de l’Exécutif et les prérogatives hallucinantes du président de la Chambre. En assénant que l’État de droit n’est pas simplement l’application de la loi parce que celle-ci a prouvé, aux quatre coins de la planète, qu’elle pouvait être injuste – « Saddam et Pinochet ont édicté des lois » –, Michel Eddé a ramené le problème du Liban à une bien plus juste dimension : qui élit-on, comment et sur quelle base ? Quelque 48 heures plus tard, de Paris, Nassib Lahoud soulignait, à bon escient, qu’un grand nombre de projets lancés au Liban avec l’aide de la Banque mondiale ont été retardés à cause... du Parlement. En rappelant, toujours à bon escient, que la municipalité de Beyrouth doit être souveraine, Nabil de Freige a prouvé encore une fois que l’on pouvait être – c’est plutôt rare – haririen et objectif. Certains de ses colistiers, qui se sont déchaînés contre le (très puissant certes, mais aussi très compétent) mohafez de Beyrouth, devraient urgemment en prendre bonne note. Quant à Fouad Siniora, il a eu le surprenant bon goût de reconnaître que les réformes en pays arabes sont nécessaires à tous les niveaux. Patrick Renauld enfin, qui a prouvé – mais était-ce bien nécessaire ? – sa parfaite maîtrise de l’euphémisme, de la litote, en critiquant « le manque de coopération » du Liban avec une Union européenne qui devrait sérieusement – et malheureusement – penser à inclure la sanction dans ses protocoles d’accord avec les pays bien plus velléitaires que partenaires. Sans compter le patriarche Sfeir dont chaque prise de position mérite une thèse des plus proustiennes. Huitième semaine de 2004. Là-bas, ces sept derniers jours ont été décevants. Dans la forme comme dans le fond – même s’il est un peu prématuré de juger dès aujourd’hui des résultats de la visite officielle d’Émile Lahoud au Brésil. Parce qu’une telle visite, dans un tel pays, où vit et travaille depuis des siècles un tel nombre de Libanais d’origine a été incompréhensiblement et tristement bâclée. Qu’ont été faire les ministres d’État Karam Karam, Assem Kanso (qui va mieux...), Michel Moussa et Abdel-Rahim Mrad (il parle portugais, certes, et après ?), ainsi que leur collègue aux Déplacés, Abdallah Farhat ? Comment expliquer l’énorme et scandaleuse absence du ministre des Affaires étrangères et des Émigrés – ils sont huit millions au Brésil –, qui a prouvé qu’en matière de diaspora libanaise, il est parfaitement compétent ? Comment expliquer l’absence des ministres du Tourisme ? De la Culture ? De l’Environnement ? De la Défense ? De l’Agriculture ? De l’Éducation ? Est-ce que tous ces domaines, et le reste, sont à ce point négligeables, même s’ils avaient été légèrement effleurés lors de la visite du président Lula, en décembre dernier, à Beyrouth ? Qu’est-ce que les ministres Karam, Kanso, Mrad et Moussa ont fait de si grandiose pour être invités à faire partie de ce voyage alors que les autres, ceux qui avaient réellement à travailler, en ont été privés ? À moins bien entendu qu’il ne s’agissait, sans qu’on le sache, d’un voyage d’agrément travesti – carnaval de Rio oblige – en visite officielle. Une visite officielle au cours de laquelle le chef de l’État a été très courageux – même si c’est un secret de Polichinelle, il n’est pas facile de dire à des millions d’émigrés que l’État libanais n’a pas été à la hauteur –, mais aussi bien téméraire. Car comment pouvait-il être persuadé qu’il convaincrait ces mêmes millions – à qui cette exception sud-américaine qu’est le Brésil a appris dès le berceau à sacraliser la démocratie, la souveraineté, les libertés publiques – des bienfaits de l’insupportable tutelle syrienne ? Un mariage d’amour entre un État et ses émigrés pourrait sans aucun problème s’accommoder d’une très longue distance. À condition, cependant, qu’il ne se limite pas, comme depuis des décennies, comme au cours de ces sept derniers jours, au cérébral, au bla-bla ; à condition, donc, qu’il soit consommé. Ziyad MAKHOUL
Huitième semaine de 2004.
Ici, ces sept derniers jours ont été rythmés par de constructives déclarations.
En dénonçant la flagrante violation de la Constitution et des spécificités libanaises qu’a été la signature, par une bonne partie du Conseil des ministres, du décret visant à l’adhésion du Liban à l’Unesco islamique, le Bloc national de Carlos Eddé a mis le...