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Actualités - OPINION

DIPLOMATIE - Sourde inquiétude à Beyrouth Les tensions syro-américaines axées sur l’Irak

Pour le Liban, l’état des relations entre la Syrie et les États-Unis est toujours primordial. Surtout à l’approche d’une présidentielle conditionnée par les choix de ces deux grands électeurs. Beyrouth suit donc d’aussi près que possible l’évolution de ces rapports. Qui se trouvent actuellement articulés principalement autour de la question irakienne. À cause de la priorité qu’elle représente pour l’Administration Bush. Qui se trouve impliquée sur le terrain directement. D’où l’importance que cela entraîne dans le cadre de la prochaine présidentielle US. Ce qui n’est évidemment pas le cas pour l’autre plan de préoccupation régionale, le volet israélo-palestinien. Or sur le sensible dossier irakien, les Américains et les Syriens ont autant de convergences potentielles que de divergences déjà établies. Tout peut se jouer entre eux dans un cadre de pourparlers aussi intensifs que discrets. Les choses devraient en principe se décanter avant juin ou juillet, c’est-à-dire avant la date fixée par Washington pour passer la main aux Irakiens, épaulés par l’Onu. On devrait alors savoir si les Américains et les Syriens sont plus près de l’entente que de la rupture. Ce qui n’irait pas sans effets collatéraux tant par rapport au traitement du problème palestinien que par rapport à la situation libanaise. Singulièrement en ce qui concerne le Hezbollah. On le sait, et des politiciens libanais proches de la Syrie le confirment : Damas recherche le dialogue et l’ouverture, mais pas à n’importe quel prix. Les Syriens pensent pouvoir apporter un concours efficace à la stabilisation sécuritaire, voire politique, de l’Irak. Non seulement en raison de leur longue frontière avec ce pays, mais aussi parce qu’ils entretiennent des relations excellentes avec diverses parties, notamment avec les tribus. Cette carte est assez intéressante, sinon assez forte, pour que les Américains évitent de maximaliser leur pression sur la Syrie. Ils se contentent en effet de lui rappeler de temps à autre leurs exigences, et de la sermonner pour ce qu’ils appellent ses dérobades. Sans lui appliquer implacablement les sanctions prévues dans le Syria Accountability Act. Ainsi le président Bush a réitéré récemment à l’adresse de son homologue syrien, dans une intervention télévisée, ses demandes de fermeture des bureaux du Hezbollah et de bouclage de la frontière syrienne avec l’Irak pour interdire l’infiltration d’armement ou de combattants anti-US. Le secrétaire d’État Colin Powell rajoute à ce discours la menace d’une prochaine mise à exécution des sanctions, en conseillant aux Syriens « de méditer sur ce qui s’est produit dans des pays voisins. La Syrie doit sérieusement songer à modifier certaines de ses stratégies ». En tout cas, la diplomatie syrienne a joué un rôle actif remarqué lors de la récente réunion des pays riverains en présence d’un représentant du Conseil irakien. Cette conférence a débouché sur un communiqué insistant sur un retrait accéléré des forces américaines et proclamant l’attachement de tous les États voisins de l’Irak à son unité, à un gouvernement légal issu d’élections législatives libres. Le communiqué, élément capital, condamne les explosions, les attentats terroristes, en pressant tous les États de ne pas accorder refuge aux auteurs de tels actes. Il invite les membres de la zone à échanger les visites pour renforcer la stabilité des frontières communes. Parallèlement, la Syrie a contribué aux enquêtes relatives au terrorisme et a souscrit à nombre de demandes US. Elle semble souhaiter une réévaluation de son rôle régional ainsi que de ses rapports avec les USA. Mais pour dialoguer, il faut être deux. La question est donc de savoir quelle attitude va concrètement adopter Washington vis-à-vis de Damas dans les prochaines semaines. Va-t-il y avoir un durcissement ou un assouplissement des positions US ? La réponse devra être connue, répétons-le, d’ici à juin ou juillet prochains. Émile KHOURY
Pour le Liban, l’état des relations entre la Syrie et les États-Unis est toujours primordial. Surtout à l’approche d’une présidentielle conditionnée par les choix de ces deux grands électeurs. Beyrouth suit donc d’aussi près que possible l’évolution de ces rapports. Qui se trouvent actuellement articulés principalement autour de la question irakienne. À cause de la...