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MISSION HUMANITAIRE - L’ex-otage britannique revient sur les lieux de son enlèvement pour aider les réfugiés Terry Waite : Si Israéliens et Palestiniens ne se donnent pas une chance de vivre en commun, l’avenir sera sombre
le 18 février 2004 à 00h00
C’est un message d’amour entre les peuples, d’amitié et de pardon que l’ex-otage britannique, le révérend Terry Waite, a adressé hier aux Libanais et aux Palestiniens, à partir du camp de Beddawi. Treize ans après sa libération, après une détention de près de cinq ans, dont quatre en isolement total, Terry Waite est revenu sur les lieux de son enlèvement, non pour se venger, mais pour poursuivre sa mission de paix à travers le monde, en tant que président de la Y Care International, l’agence de développement relevant de la YMCA.
Sa visite de deux jours, qui n’est qu’une première étape avant celle de la Jordanie et des territoires palestiniens, ressemble beaucoup à un pèlerinage. Bien sûr, il n’est pas sans savoir que la situation au Liban a bien changé, depuis 1987, date de son enlèvement, et que ce pays est devenu l’un des plus sûrs de la région, mais en s’adressant aux jeunes Palestiniens, il ne pouvait qu’éprouver une grande émotion.
Arrivé à Beyrouth, lundi soir, Waite a eu le temps de redécouvrir Beyrouth, « une ville qui a beaucoup changé et que j’ai du mal à reconnaître », s’est-il exclamé, avant de se rendre au Liban-Nord, dans le camp palestinien de Beddawi, puis dans celui de Nahr el-Bared.
Âgé aujourd’hui de 64 ans, Terry Waite était venu dans notre pays pour tenter d’obtenir la libération d’une vingtaine d’otages occidentaux, capturés au Liban, dans une médiation souhaitée par l’archevêque de Canterbury, chef de l’Église anglicane. En 1987, ce fut son tour d’être arrêté et emprisonné par le Jihad islamique, une organisation qui n’a jamais été officiellement identifiée et qui se situait à l’époque dans la mouvance des groupes radicaux, libanais, palestiniens et iraniens. Accusé d’espionnage, Waite avait passé près de quatre ans dans l’isolement total avant d’être libéré en 1991. À ceux qui l’interrogeaient sur ses sentiments en se trouvant sur les lieux de son enlèvement, le révérend a déclaré : « Mes souffrances ont duré moins de cinq ans, alors que la guerre du Liban a duré bien plus. Ce que j’ai subi n’est rien par rapport à la souffrance de beaucoup de personnes dans la région. »
Au camp de Beddawi, où il a inspecté les installations désuètes et insuffisantes pour une population en augmentation permanente, il a précisé qu’il n’est pas d’accord avec le procédé d’enlèvements d’Occidentaux, « mais je n’éprouve pas pour autant de l’amertume », a-t-il ajouté.
Au sujet des conditions désastreuses dans lesquelles vivent les Palestiniens dans les camps, Terry Waite a affirmé que cette question doit trouver une solution humanitaire. « Nous devons amener les États influents à agir avec force pour parvenir à une paix au Moyen-Orient. »
Aux jeunes qui l’écoutaient avec attention, après lui avoir remis une écharpe aux couleurs palestiniennes, il a ajouté : « Ne laissez pas la colère vous détruire. Poursuivez plutôt votre action dans la voie de la paix, afin que vos enfants puissent vivre en harmonie avec leurs voisins. La différence n’est pas forcément destructrice. Nous devons au contraire la rendre créative. Rien ne devrait empêcher Israéliens et Palestiniens de vivre en paix dans une atmosphère de différence constructive. Si les deux parties ne se donnent pas une chance de vivre en commun, alors l’avenir sera sans espoir. »
Au cours de sa tournée dans le camp, situé à quelques kilomètres de la ville de Tripoli, Terry Waite s’est étonné que les structures prévues pour 5 000 personnes n’aient pas été adaptées en fonction de l’augmentation de la population qui s’élève désormais à plus de 17 000 personnes. L’ex-otage doit lancer des projets de développement au Liban, mais aussi à Jérusalem-Est, occupée et annexée par les Israéliens, et à Gaza. Une mission de paix pour effacer le douloureux souvenir de la guerre et de la violence, dont il a été lui-même une des victimes.
De retour à Beyrouth, il s’est exprimé sur les grandes questions de l’heure. Au sujet du conflit israélo-palestinien, Waite a insisté sur la nécessité de continuer à œuvrer pour la paix. « La différence n’est pas une faute. Le Liban le sait parfaitement, puisque ses fils vivent ensemble, malgré leurs différences. »
Concernant l’Irak, il considère que la situation là-bas n’est pas saine. « Je ne crois pas que la guerre résout les problèmes complexes. Je n’appuie pas Saddam, ni aucun dictateur. Mais je pense qu’il y a des moyens pacifiques pour changer les choses. De plus, comment accepter la mort de dix milles personnes en Irak ? C’est un prix très lourd. Enfin, la population de cette région n’accepte pas facilement d’être gouvernée par des gens venus de l’étranger. »
Selon l’ex-otage, les Britanniques n’ont pas encore reçu des explications convaincantes sur les raisons de la participation de leur pays à la guerre en Irak. « Je ne sais pas s’ils les auront un jour. Mais je ne veux pas être totalement négatif. Il faut simplement savoir s’adapter aux contingences et évoluer en fonction des besoins de la population. » De Beddawi à Nahr el-Bared, avec un petit détour au Akkar, Terry Waite a tenu le même langage d’amour et de compréhension. Sera-t-il entendu ?
C’est un message d’amour entre les peuples, d’amitié et de pardon que l’ex-otage britannique, le révérend Terry Waite, a adressé hier aux Libanais et aux Palestiniens, à partir du camp de Beddawi. Treize ans après sa libération, après une détention de près de cinq ans, dont quatre en isolement total, Terry Waite est revenu sur les lieux de son enlèvement, non pour se venger,...
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