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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent Le Conseil du Sud et l’enjeu électoral

Régulièrement, et plus particulièrement à l’approche des échéances électorales, les critiques pleuvent sur le Conseil du Sud, accusé tantôt de privilégier certaines parties politiques au détriment d’autres, tantôt d’intervenir directement dans les campagnes électorales de candidats appartenant à une mouvance politique bien déterminée. Il y a quelques années, l’ancien président de ce Conseil, M. Hassan Youssef, a été rapidement démis de ses fonctions avant de disparaître de la vie publique. Il a été remplacé par M. Kabalan Kabalan. Et ce sont ses impressions que nous avons voulu connaître. Kabalan Kabalan, président du Conseil du Sud Q : Que répondez-vous aux accusations portées contre le Conseil du Sud par Ahmed el-Assaad ? R : « Qui est donc cette personne que vous évoquez ? S’il s’agissait d’un président de municipalité, d’un notable ou d’une personnalité en vue, j’aurais répondu sans hésiter. Je suis un homme qui accepte les critiques et qui cherche constamment à rendre son action plus utile et plus performante. Mais je ne peux m’abaisser à répondre à une personne brusquement surgie du passé et qui veut, à tout prix, provoquer un problème, pour se trouver un rôle. Je ne veux pas perdre mon temps à répondre à ce genre de propos et je préfère ne pas me laisser entraîner dans une polémique qui ne sert à rien, puisqu’elle ne vient pas de personnes qualifiées ou directement concernées. » Q : Ahmed Kamel el-Assaad n’est pas le seul à formuler ces critiques. Beaucoup de parties estiment que le Conseil du Sud est pratiquement une filière du mouvement Amal ? R : « Je ne vois pas qui sont ces personnes. Au Liban-Sud, il y a huit évêques, six muftis, 360 présidents de municipalités et plus de 1 200 associations. Je vous donne leurs coordonnées, appelez-les et demandez-leur ce qu’ils pensent des activités du Conseil du Sud. Si l’une de ces personnes émettait des critiques à mon encontre, je me ferais un devoir de lui répondre, dans l’espoir de la convaincre du bien-fondé de l’action du Conseil du Sud. Vous savez, au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest, nous avons accompli un travail de titan : nous avons ramené les personnes déplacées, réparé les installations d’eau, rétabli le courant électrique, construit 200 écoles, sans jamais prendre en considération la confession ou l’appartenance politique d’un village ou d’un quartier. Et lorsque nous avons construit des écoles, nous n’avons pas demandé que les élèves chiites s’assoient au premier banc, laissant ceux du fond aux chrétiens. Ce genre d’accusations est aussi ridicule qu’injuste. Nous avons travaillé pour tout le Sud, pour les druzes de Rachaya el-Wadi et pour les sunnites du Arkoub, sans oublier les chrétiens des villages à l’est de Saïda. En sept ans, je n’ai entendu aucune critique de ce genre. Nous essayons de refaire en quelques années ce que l’État a oublié de faire pendant plusieurs décennies. Croyez-moi ce n’est pas facile. » Q : Pensez-vous que les critiques sont liées à la prochaine échéance électorale ? R : « Le président Nabih Berry l’a dit lui-même, au cours de la conférence de presse, tenue à la suite de l’éditorial de Gebrane Tuéni qui le mettait en cause. Il avait prévu que l’année 2004 verrait une campagne féroce contre sa personne et le mouvement qu’il dirige. Je crois personnellement que les critiques que vous évoquez ne sont qu’une partie de cette campagne. Nous nous attendons à ce qu’elles s’intensifient au cours des prochains mois. Tout cela dans un but politique évident : empêcher le mouvement Amal et son chef d’enregistrer des victoires aux prochaines échéances. Mais les habitants du Sud et de la Békaa-Ouest savent ce que nous faisons pour eux, malgré les tentatives du ministre des Finances de réduire considérablement notre budget. D’ailleurs, je dois vous dire que je reçois le plus souvent des plaintes de la part des députés ou des chefs de municipalité appartenant au mouvement Amal, qui s’estiment lésés par rapport aux autres. C’est dire que nous ne privilégions pas nos proches. Au contraire. Je suis sûr qu’en fin de compte, des voix raisonnables s’élèveront pour rendre hommage au travail effectué par le Conseil du Sud. » Ahmed Haïdar, maîtrise en sciences politiques de l’USJ Q : Pensez-vous que le Conseil du Sud remplit son rôle de développement ou bien est-il un instrument politique ? R : « Si l’on examine ce qui s’est passé au Sud depuis la fin de la guerre, on remarque certes que des projets de développement ont été accomplis. Mais ils restent limités aux régions liées à Nabih Berry et limités à une catégorie de personnes bien déterminée. Le Conseil du Sud est l’un des instruments utilisés par le chef du mouvement Amal pour asseoir son pouvoir sur la région et sur une communauté. Il est normal que le Conseil du Sud ait réalisé des projets de développement, mais ce qui l’est moins c’est que seulement les partisans du mouvement Amal en ont profité. » Q : Selon vous, qui est responsable ? L’État qui laisse faire, le Hezbollah… R : « Je ne peux pas rendre le Hezbollah responsable de la mainmise de Berry sur le Conseil du Sud. La responsabilité serait plutôt à chercher du côté de ceux qui ont donné au président de la Chambre ce rôle et qui distribuent d’ailleurs tous les rôles au sein de la communauté chiite et peut-être au niveau de tout le Liban. Je parle bien sûr des Syriens. » Q : Que pensez-vous des critiques de Ahmed Kamel el-Assaad adressées au Conseil du Sud ? R : « Même si elles émanent de personnes peu crédibles, les critiques lorsqu’elles sont justifiées ne peuvent pas être totalement rejetées. J’ai beau savoir que Ahmed Kamel el-Assaad a parlé ainsi dans des buts électoraux et pour se trouver un rôle dans la prochaine échéance électorale, j’estime qu’il y a du vrai dans ce qu’il a dit et le débat est toujours plus intéressant que d’entendre un seul son de cloche. Le système libanais, malgré ses failles, a cet avantage de permettre, à la veille des échéances, un déballage qui demeure très utile et instructif. » Scarlett HADDAD
Régulièrement, et plus particulièrement à l’approche des échéances électorales, les critiques pleuvent sur le Conseil du Sud, accusé tantôt de privilégier certaines parties politiques au détriment d’autres, tantôt d’intervenir directement dans les campagnes électorales de candidats appartenant à une mouvance politique bien déterminée. Il y a quelques années,...