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Actualités - OPINION

L’accord sur le cellulaire dégage une nouvelle praxis politique du pouvoir

Dimanche dernier, le Conseil des ministres a approuvé le cahier des charges Cardahi relatif au cellulaire. Cette séance, note un ministre influent, a sécrété en fait, au-delà du dossier technique, un tout nouveau modèle de pratique du pouvoir. Dans ce sens que c’est la première fois où le Conseil des ministres, imité par les deux têtes de l’Éxécutif, se décharge de toute responsabilité, donc de toute prérogative décisionnelle effective, sur un ministre. Compétent, à tous les sens du terme. C’est donc Jean-Louis Cardahi, titulaire des Télécoms, qui sera seul juge de l’opération d’adjudication dans sa deuxième version. En cas d’échec, il en supporterait seul les conséquences. Et en cas de réussite, il en récolterait seul le mérite. En principe. Car en fait, on sait combien les professionnels sont habiles quand il s’agit de faire tirer les marrons du feu par autrui. Autrement dit, il est peu probable que le camp des lahoudistes ne bénéficie pas du rebond de crédit politique si Cardahi réussit. Et il serait invraisemblable que les haririens ne marquent pas des points s’il échoue. Ce que nul ne devrait souhaiter, du moment que l’intérêt du pays est en jeu. D’ailleurs, un autre ministre relève qu’en définitive, tout feu vert accordé à un membre du cabinet trouve ses limites dans la Constitution elle-même. En effet, toutes les résolutions envisagées doivent nécessairement recevoir, au bout du compte, l’aval du Conseil pour devenir exécutoires. Cardahi n’a donc pas les pleins pouvoirs sur le papier. Mais il est entendu qu’on le laissera faire comme il l’entend. Et s’il doit, à chaque étape, en référer au Conseil, l’approbation de cette instance lui semble promise d’avance. Si la trêve imposée par les décideurs tient bon, bien évidemment. On devrait être fixé à ce sujet dès la séance-test prévue pour le 26 du mois courant, après le retour du chef de l’État de son voyage au Brésil. Le ministre Cardahi y présentera le contrat d’exploitation. La plupart des professionnels prévoient un débat serré, comme cela s’est du reste produit dimanche dernier, mais sans rupture dramatique. Il existe en effet des parties qui souhaitent faire capoter les efforts du ministre pour des considérations d’intérêts. Mais qui se contentent pour le moment d’un harcèlement préparatoire, à cause des consignes de calme données par les décideurs. En attendant la brèche propice qui permettrait à ces jouteurs de ruer ouvertement dans les brancards. La période précédant l’adjudication reste donc semée d’embûches plus ou moins sournoises. Cardahi devra donc éviter des pièges un peu semblables à ceux dans lesquels le Conseil supérieur des privatisations est tombé lors de la première adjudication. Dévolue, avant annulation, aux deux opérateurs locaux, après la mise à l’écart de leurs quatre concurrents extérieurs. Pour déminer le terrain, Cardahi s’efforce en tout premier lieu de dépolitiser le dossier, de le retirer du bazar médiatique. Pour lui redonner son caractère, primordial, de créneau d’intérêt public profitable au Trésor. En toute transparence: dimanche, il a prouvé par ses réponses documentées qu’il maîtrise à fond le sujet, dans tous ses détails techniques, économiques ou financiers. Pour l’heure, Cardahi souhaite que le plus grand nombre possible de compétiteurs qualifiés participe à l’appel d’offres. Le Liban peut attirer dans ce cadre des investisseurs étrangers performants. Et des contacts discrets d’information, ou de promotion, sont actuellement établis dans cet esprit avec les ambassades pour que les compagnies étrangères puissent se faire une idée précise des avantages qu’il y aurait à tenter l’expérience libanaise. Il reste à savoir si les lahoudistes et les haririens ne risquent pas de se retrouver dans un même bain le 24. En effet, ce jour-là, la Chambre doit tenir une séance de questions générales. C’est-à-dire que les contempteurs du pouvoir vont pouvoir se déchaîner contre lui. En jouant sur ses contradictions et sur l’affaire à épisodes du cellulaire. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas que l’on puisse aller, lors de ce débat, jusqu’à poser la question de confiance. Car nombre d’opposants avouent mezza-voce que dans les circonstances actuelles, ils seraient eux-mêmes obligés de voter la confiance, du moment qu’un changement ministériel n’est pas possible. Philippe ABI-AKL
Dimanche dernier, le Conseil des ministres a approuvé le cahier des charges Cardahi relatif au cellulaire. Cette séance, note un ministre influent, a sécrété en fait, au-delà du dossier technique, un tout nouveau modèle de pratique du pouvoir. Dans ce sens que c’est la première fois où le Conseil des ministres, imité par les deux têtes de l’Éxécutif, se décharge de...