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ARTS GRAPHIQUES - De nouvelles typographies arabes créées par les étudiants de la LAU Entre caractère maudit et hip-hop

Qui dit graphic-design pense immédiatement logos et caractères fantaisie. Il s’agit là, on le sait, d’une approche de communication visuelle très prisée dans la publicité. Et comme cette dernière, au Liban, ne cible pas seulement les consommateurs autochtones mais s’adresse beaucoup aux pays de la région, elle utilise de plus en plus les textes et caractères arabes. «Malheureusement, nous n’avons pas en arabe la large gamme de polices (Times, Roman, Palatino, etc.) disponible dans l’alphabet latin », explique Yasmine Taan, coordinatrice du programme de graphic-design à la Lebanese American University (LAU). « Ce qui nous confronte à deux principaux problèmes : celui de la transcription en arabe de mots français ou anglais (dans le cas d’une enseigne par exemple) et celui de l’harmonie difficile à obtenir entre un même logo décliné en arabe et en français. D’où l’idée que nous avons eu de faire travailler nos étudiants sur un projet de création de nouveaux types de caractères arabes, qui seraient plus simples, plus modernes et plus adaptés à l’ère technologique dans laquelle nous vivons.» « L’alphabet arabe est très complexe (il ne faut pas oublier que la lettre arabe change de forme suivant sa position dans le mot) et sa typographie commerciale – à ne pas confondre avec la calligraphie – plutôt basique à ce jour. Ainsi, souvent un même type de caractère est utilisé aussi bien dans l’impression d’une carte de mariage que dans une publicité pour un détergent », poursuit Yasmine Taan, pour donner un exemple de l’anarchie qui règne dans ce domaine. Quatre-vingts types de caractères nouveaux Le département d’art-graphique de la LAU a donc demandé à ses étudiants d’imaginer des caractères arabes nouveaux respectant les trois critères suivants : la lisibilité, l’usage (presse, panneau, télévision) et l’innovation. Quatre-vingts étudiants ont planché sur le sujet, travaillant chacun sur un module différent. « Il y a ceux qui se sont inspirés de la forme de l’os (baptisé «caractère maudit»), du fil de fer, des mouvements du hip-hop, ceux qui ont choisi comme module le ver de terre, ou encore ceux qui ont combiné plusieurs formes circulaires ou géométriques », indique la coordinatrice du projet. Les résultats, au vu des planches, semblent être à la hauteur des attentes. «Car rien n’a été négligé : ponctuations, vocalisations, espaces...Tout a été pensé, remanié, modernisé». Les travaux ont satisfait, d’une part l’œil exigeant du fameux calligraphe Samir Sayegh, puis l’Association typographique internationale, à qui ils ont été soumis lors de la réunion de ses instances à Vancouver, en septembre dernier. Et, enfin, ils ont été publiés dans le Output Magazine, une publication internationale qui est la bible des graphics-designers. Quatre-vingts projets et presque autant de types de caractères parfaitement utilisables. Dessinés au départ par simple graphisme sur ordinateur, ils ont été insérés en lettres sur clavier. « Et, malgré les risques de piratage, nous encourageons nos élèves à trouver des éditeurs et à breveter leurs créations », conclut Yasmine Taan. Qui n’est pas peu fière du succès de son entreprise. Laquelle, elle l’espère, contribuera réellement à l’évolution du paysage de la typographie arabe. Z.Z.

Qui dit graphic-design pense immédiatement logos et caractères fantaisie. Il s’agit là, on le sait, d’une approche de communication visuelle très prisée dans la publicité. Et comme cette dernière, au Liban, ne cible pas seulement les consommateurs autochtones mais s’adresse beaucoup aux pays de la région, elle utilise de plus en plus les textes et caractères arabes....