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Actualités - OPINION

EN DENTS DE SCIE - Six hommes, une femme

Quatrième semaine de 2004. Une semaine au cours de laquelle six hommes ont réussi à se distinguer. Le Liban s’en serait passé, deux fois sur trois. Ali Abdallah. Pour un ancien ministre qui n’a fait, finalement, que suivre l’exemple de quelques hommes parachutés on ne sait d’où et on ne sait comment à des postes de responsabilité, et qui n’aura pour seul Versailles, après avoir été lâché par son Nabih Berry de Pygmalion, que les quatre murs d’une prison, combien de Picsous continuent de piller, allègrement, impunément, les caisses d’un État au bord de la banqueroute ? Walid Joumblatt. Le sémillant chef du PSP a encore une fois prouvé qu’il est l’un des rares à être capable du meilleur – dénoncer ceux qui s’en prennent à la France dans l’affaire du foulard islamique –, comme du pire : « La mort d’un seul juif est un acquis important. » Délicate mission que de devoir assurer le devenir d’une communauté entière alors que l’on s’est façonné une culture et une intelligence hors normes... Philippe Lecourtier. « L’État libanais doit étendre sa pleine autorité au Liban-Sud. » L’ambassadeur de France, à force de multiplier vainement ses conseils d’ami à un Liban qui a fait de la concomitance des deux volets un commandement sacré quasi constitutionnel, risque l’atrophie des cordes vocales. Abdel-Hadi Mahfouz. La réaction et la décision du patron du fantomatique CNA sont aussi sottes qu’a été irresponsable le bien précoce poisson d’avril des auteurs de Bassmat Watan. « Ce que la LBC a fait porte atteinte à la crédibilité de l’État (!) », a dit l’incroyable Mahfouz qui a demandé, et obtenu, l’insensée interdiction de l’émission chansonnière. Rock Mehanna. L’étudiant aouniste a été interdit d’université à cause de ses convictions politiques par un des doyens de l’UL – des doyens de plus en plus staliniens, de plus en plus contestés, de l’intérieur même de leurs propres campus. Il est urgent que Samir Jisr se réveille. Jean Obeid. Si l’acharnement presque sacerdotal du chef de la diplomatie à ressasser infatigablement devant des Arabes sourds comme des pots le refus des Libanais de l’implantation est méritoire, son énorme bourde à l’encontre de Nayla Moawad reste impardonnable. Même si sa malheureuse phrase sur « la volonté et les capacités » est une tout aussi malheureuse lapalissade. Une semaine au cours de laquelle les Libanais ne retiendront qu’une femme. Nayla Moawad. Pas pour l’impulsive et assassine réponse, démesurée certes mais légitime, qu’elle a assénée au locataire du palais Bustros – c’est de bonne guerre. Pas pour avoir eu la joumblatienne « audace » d’avoir annoncé sa candidature –, c’est son droit le plus strict. Pas pour avoir proclamé son souhait de voir un pilier de l’opposition succéder à Émile Lahoud – le contraire aurait été bien surprenant. Pas pour avoir assuré qu’elle se retirerait de la course au cas où l’un de ses collègues fédérait autour de son nom plus de suffrages qu’elle –, c’est du bon sens. Non. Si les Libanais applaudissent, cette semaine, la zghortiote Dame de fer, c’est bien parce qu’elle a eu ces mots, que l’on a dû qualifier, ici et outre-Masnaa, de martiens : « En me présentant à cette échéance, j’ai peut-être contribué à relibaniser cette décision, à redonner au citoyen libanais un peu de dignité. » Relibaniser. Quoi ? Tout. Absolument tout. Une façon de gérer un pays, une manière de voir et de concevoir les choses, une manière de penser et de faire. Tout. Dans un futur proche, les dictionnaires auront à la lettre R le mot relibaniser. Définition : ressusciter. Ziyad MAKHOUL
Quatrième semaine de 2004.
Une semaine au cours de laquelle six hommes ont réussi à se distinguer. Le Liban s’en serait passé, deux fois sur trois.
Ali Abdallah. Pour un ancien ministre qui n’a fait, finalement, que suivre l’exemple de quelques hommes parachutés on ne sait d’où et on ne sait comment à des postes de responsabilité, et qui n’aura pour seul Versailles,...