Exposition À la crypte de l’église Saint-Joseph jusqu’au 22 « Sombres », de Fouad Elkoury

En 2002 et simultanément, paraissait le nouvel album de photographies de Fouad Elkoury, Sombres, et une exposition, à la Maison européenne de la photographie de Paris, de quelques-uns des clichés en noir et blanc, réalisés un peu partout dans le monde entre 1982 et 2001, juste avant le 11 septembre. Cette sélection est installée, jusqu’au 22 février, à la crypte de l’église Saint-Joseph, dans le cadre du festival « Cryptonite » organisé par la CD-Thèque. Cette compilation de travaux divers donne une image exacte du photographe Fouad Elkoury, tel que lui-même s’est déclaré être au début des années 80. Portraits, autoportraits, paysages naturels et urbains, scènes de ville, intérieurs d’habitations, de cinémas, d’hôtels, c’est, bien souvent, la traque aux choses mortes, détruites, abandonnées, surannées. Chaque personne, chaque objet porte en lui la trace du temps, rarement plaisante. Et si ce n’est pas le cas, Fouad Elkoury instaure des diptyques antinomiques, comme ce salon d’un grand hôtel de Genève accoudé à la photo d’un café beyrouthin où, dans un coin de la salle, sont entassées des chaises en bois et en paille inutilisables. Autre couple : à gauche, un gros plan sur un tout jeune Palestinien de l’intifada, le visage caché dans son keffié et à droite, une vue sur un jardinet paisible où se détendent une mère, son enfant et un chien, tandis qu’une main, au premier plan, montre un avis de recherche pour un perroquet et sur lequel il est précisé le montant de la récompense : 50 $. Une bonne partie de l’exposition montre aussi l’impact des conséquences du 11 septembre sur les Arabes. Le message de Fouad Elkoury est clair : la folie des hommes, surtout en temps de guerre, laisse des traces ineffaçables. À ne pas manquer. D.G.