Coopération - « Nos rapports dépassent le cadre des prêts bonifiés », rappelle Nassib Lahoud Le Liban à la conférence parlementaire sur la Banque mondiale, à Paris

PARIS -, d’Élie MASBOUNGI Cinq députés représentent le Liban à la cinquième conférence annuelle du réseau parlementaire sur la Banque mondiale qui s’est ouverte hier dimanche dans les salons du Sénat, au Palais du Luxembourg. Mme Bahia Hariri et MM. Nassib Lahoud, Bassel Fleyhane, Yassine Jaber et Ghassan Moukheiber, membres de diverses commissions parlementaires, ont suivi les conférences avec la plus grande attention, notamment la session de la matinée consacrée à la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), où, sous la présidence de l’Égyptien Hossam Badrawi, M. Christiaan J. Poortman, vice-président de la BM pour le Moyen-Orient et le Maghreb arabe, et Mme Élissar Sarrouh, conseillère politique du Pnud pour les pays arabes, ont dressé un état des lieux dans les divers domaines intéressant les organismes financiers et socio-économiques internationaux. M. Poortman, qui connaît bien la région et en particulier le Liban où il se rend régulièrement, nous a accordé une interview exclusive (lire par ailleurs) après son intervention à la tribune, assortie de pertinentes remarques et observations suivies de suggestions pour une amélioration des résultats de la coopération entre la BM et les divers pays de la région. Pour sa part, Mme Sarrouh a constaté, chiffres à l’appui, les mauvaises performances de certains pays arabes dans les domaines social, pédagogique et du développement, dénonçant notamment le taux élevé d’illettrisme dans certains États du Maghreb et la faible participation de la femme dans la vie publique dans nombre de pays du Golfe. À l’heure des questions- réponses, M. Nassib Lahoud a proposé des améliorations au sujet du renforcement de la coopération entre les organismes législatifs arabes et la BM. Auparavant, dans le cadre de sessions de travail régionales, M. Bassel Fleyhane avait présidé une réunion informelle des pays de la zone Mena sur la coopération entre parlementaires, les relations avec la Banque mondiale et les autres organismes multilatéraux et sur les politiques de développement. Interrogé par L’Orient-Le Jour dans les pas perdus du Palais du Luxembourg, entre deux séances, M. Nassib Lahoud a déclaré : « Pour le Liban, la coopération avec la Banque mondiale dépasse le cadre de l’obtention de prêts bonifiés. La BM doit être impliquée dans un processus de modernisation de l’économie libanaise et de l’Administration civile ainsi que dans un processus de privatisations transparentes. Je crois que ce sont les vrais défis auxquels nous faisons face. Il s’agit de savoir comment moderniser l’État libanais pour que notre pays soit compétitif et capable d’assumer un rôle prépondérant dans la région. De grands changements nous guettent et je crois que le Liban devrait profiter de cette opportunité pour se mettre en harmonie avec ces changements. » Plus concrètement, M. Lahoud a affirmé que beaucoup de projets lancés au Liban avec l’aide de la BM ont été retardés du fait qu’ils ont « passé trop de temps dans l’hémicycle ». Enfin, M. Lahoud a indiqué qu’à leur retour à Beyrouth, les parlementaires libanais vont rendre compte à leurs commissions respectives des travaux de cette conférence, ce qui permettra une meilleure compréhension des mécanismes de la banque. Il faut souligner, a conclu le député du Metn-Nord, que l’apport de la BM au Liban ne doit pas rester au niveau des prêts pour la réalisation de projets de développement, mais s’étendre à une action visant à mettre notre pays face aux défis du nouveau millénaire. De son côté, M. Yassine Jaber a relevé que la zone Mena ne fait pas encore l’objet d’une « section » (chapter) de la BM et que le Liban est plus actif que d’autres pays de cette zone. Le député sudiste a noté que de nombreux prêts accordés au Liban par la BM n’ont pas été utilisés. Pour sa part, Mme Bahia Hariri a estimé que la présence à cette conférence de cinq députés ayant des préoccupations multiples et membres de diverses commissions parlementaires est d’une importance capitale pour le Liban et ses liens avec la Banque mondiale, notamment pour l’accélération du développement de notre pays tel que défini par l’organisme mondial pour le nouveau millénaire. Mme Hariri a ensuite souligné la volonté des hautes instances de la BM de développer et d’accélérer les activités du réseau Moyen-Orient-Maghreb car, a-t-elle expliqué, un dialogue permanent entre parlementaires de la région serait très utile, d’autant que nombre de nos problèmes sont similaires dans plusieurs domaines, notamment, le rôle de la femme dans la vie parlementaire (« sujet dont je suis chargée »), le chômage, l’enseignement et d’autres questions urgentes à régler. Les cinquièmes assises annuelles de la conférence du réseau parlementaire sur la Banque mondiale seront clôturées cet après-midi par une conférence de presse au Palais du Luxembourg.