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Actualités - OPINION

Hariri s’efforce de sauver la triple alliance avec Berry et Joumblatt

Athos, Porthos, Aramis. Et D’Artagnan: les Trois Mousquetaires étaient quatre. Suivant cet illustre, mais aventureux, exemple, la troïka du pouvoir libanais est en réalité un quartette. Il y a les trois présidents, bien sûr. Mais il y a aussi Joumblatt, qui a une part aussi grande, tant au sein du gouvernement qu’au Parlement. Brusquement, pour des riens, il se fâche avec Berry. Et c’est Hariri qui en frémit. Car une brouille à ce moment précis entre deux piliers de son gouvernement risque de redonner du poil de la bête à tous ses contempteurs. Et de rendre aléatoire son maintien jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Sans compter que le partage du gâteau législatif en 2005 s’en trouverait compromis, avec les inconvénients que cela comporte pour chacun des partenaires. La prise de risque étant plus grande pour Hariri. Car il ne dispose pas d’un parti comme Berry, ni d’une assise séculaire comme Joumblatt. De plus, son influence, s’étend sur trop de régions pour être vraiment solide, inattaquable. Les choses ont été très loin et très vite, entre Joumblatt et Berry. Heureusement, ce dernier n’est pas de suite monté personnellement au créneau. Il s’est contenté de répondre à son cordial allié-rival par le truchement, virulent, d’un de ses lieutenants, le ministre de l’Agriculture Ali Hassan Khalil. Qui s’est exclamé en substance, en parlant de Joumblatt « Qui peut encore avoir confiance au point de s’allier avec lui ? Statufié depuis quatre siècles sur le trône du féodalisme, il nous parle de pourrissement. » Cela, bien entendu, parce que Joumblatt, ouvrant le feu dans une allusion publique à Berry, avait déclaré : « Celui qui reste trop longtemps figé dans un fauteuil finit par pourrir. » L’inquiétant pour Hariri, c’est qu’en réalité les divergences entre ses deux partenaires portent essentiellement sur les prochaines législatives, sur le découpage des circonscriptions et le mode de scrutin. Pour riposter à Joumblatt, en l’attaquant de l’intérieur si l’on peut dire, Berry a reçu en grande pompe cheikh Bahjat Ghaïth, dont le seigneur de Moukhtara conteste le leadership religieux druze, sinon le titre de cheikh Akl. Mais même à cette occasion, le président de la Chambre s’est abstenu de tout commentaire public désobligeant à l’encontre du seigneur de Moukhtara. C’est pourquoi Hariri garde bon espoir de rétablir les ponts entre les deux protagonistes. Il se propose de voir Joumblatt sous peu. En tout cas avant que le ressentiment ne se développe trop. En effet, les deux camps ressortent déjà les lourdes rancunes laissées par la guerre, dite du drapeau, qui les avait opposés en 87. Depuis lors, au-delà d’une alliance imposée par les circonstances locales autant que par les décideurs, de sourdes récriminations pouvaient s’entendre des deux côtés. Les joumblattistes critiquent régulièrement, dans les coulisses, la présidence régalienne de Berry. Dont les fidèles en ont autant pour les fantaisies versatiles du leader du PSP. Qui pousse, selon eux, la prouesse jusqu’à être à la fois au pouvoir et dans l’opposition. Pour en revenir au fond du problème (qui constitue en fait le fond de commerce des deux), Berry souhaite la grande circonscription, voire le Liban circonscription unique, tandis que Joumblatt est favorable au caza ou à la proportionnelle. On se demande cependant, dans les cercles politiques, comment Joumblatt entend bâtir cette troisième force qu’il propose sur la scène locale en s’aliénant des alliés naturels autant que traditionnels. Philippe ABI-AKL
Athos, Porthos, Aramis. Et D’Artagnan: les Trois Mousquetaires étaient quatre. Suivant cet illustre, mais aventureux, exemple, la troïka du pouvoir libanais est en réalité un quartette. Il y a les trois présidents, bien sûr. Mais il y a aussi Joumblatt, qui a une part aussi grande, tant au sein du gouvernement qu’au Parlement.
Brusquement, pour des riens, il se fâche avec...