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EN DENTS DE SCIE Acné juvénile

Septième semaine de 2004. La période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte pendant laquelle se produit la (fatigante pour tous) puberté s’appelle l’adolescence. Ainsi, est naturellement qualifié d’adolescent un comportement plutôt régressif ; surprenant par les propos qu’il génère ; les actes qu’il implique ; les images auxquelles il renvoie… Amusant parfois, souvent pathétique, ce comportement « teen-ager » est psychologiquement intéressant : cette cruauté, cet entêtement, cette propension à la malice, cet abandon dans l’inconscience et l’inconséquence, cette fraîcheur qui ressemble beaucoup à de la (très fausse) naïveté, cette faculté de rêver (une autre vie), cette vulnérabilité au spleen, ces pulsions à disséquer les pattes d’une mouche vivante juste pour voir, cet étalage de (petits) biceps, cette maladresse souvent touchante, ces certitudes magnifiques d’avoir inventé l’eau tiède, etc. Une façon de penser, de dire, de faire fascinante même, mais carrément inadmissible dès qu’elle devient celle d’un responsable politique – qui pousse l’absurde jusqu’à assumer et exhiber, fièrement, ce retour en arrière, ce pouce sucé –, ou celle, c’est encore pire, d’un régime, d’une République. Septième semaine quelque part séduisante. Karim Pakradouni a frimé devant Kamal Kharazi, qui ne s’est pas gêné pour lui répondre, très gentiment certes, que les informations « sensibles » qu’il avait dit détenir sur le sort des quatre diplomates iraniens enlevés il y a 22 ans au Liban sont « insuffisantes » ; qu’il préférait tenter la piste Geagea. Ces sept derniers jours, Karim Pakradouni a également été le bien maladroit conseiller en communication du parti qu’il préside, en glosant sur ce que devrait être, à ses yeux, le cahier des charges du chrétien libanais. Le ministre du Développement administratif a été un peu farceur cette semaine. Mais n’est pas Nicolas Sarkozy qui veut. Michel Murr a donné ses directives pour les municipales qui débuteront en mai : « Ouverture sur tous ; pas de compétition entre pouvoir et opposition ; impartialité des dirigeants de l’État »… Le député de Bteghrine – qui a lui-même tenu, à d’innombrables reprises, à afficher ses stalloneries qui l’ont ferré, bon gré, mal gré, dans un seul rôle, une seule image – devrait essayer de faire un peu plus confiance à l’intelligence de ses compatriotes, un peu moins à leur crédulité. Et de privilégier les actes plutôt que les mots pour prouver à tous ses contempteurs qu’ils se sont trompés. Nasser Kandil a dit ces sept derniers jours qu’une entente nationale sur le rôle syrien au Liban et sur celui de la résistance est nécessaire. Le porte-voix de Damas, sur le perron de Bkerké, donnait l’impression d’écouter saint Maron lui parler au cœur ; et, fier comme Artaban, il a offert aux Libanais une équation inexacte, fallacieuse et délétère, annonçant que « la souveraineté ne saurait être fondée sur deux illusions : l’abolition du confessionnalisme pour les musulmans et la fin des relations avec la Syrie pour les chrétiens ». Georges Naccache, que le député de Beyrouth a cité, doit faire des triples axels dans sa tombe. Adnane Addoum semble s’être lassé ces sept derniers jours du très difficile métier qui est le sien. Il en a rêvé, il l’a fait. Alors il a dit : « La campagne menée de cette manière contre le député Lahoud vise la ligne politique nationale et la ligne de conduite qu’il suit (…) ». En deux temps, trois mouvements, le procureur général de la République s’est transformé en avocat d’un homme politique. C’est inouï. Walid Joumblatt, sans lequel la vie politique libanaise serait d’une mortelle platitude, dans la forme comme dans le fond, a été cruel cette semaine : « Celui qui occupe trop longtemps un fauteuil finit par pourrir », a asséné le seigneur de Moukhtara. Qui se sent morveux se mouche, certes, mais pourquoi Nabih Berry a-t-il été le seul à le faire ? Septième semaine de 2004. En rabâchant publiquement et interminablement, ces sept derniers jours, une évidence, en répétant qu’il veut tout faire pour garantir et asseoir la crédibilité du gouvernement, l’État a de nouveau prouvé qu’il stagne depuis des années dans la pure adolescence. Qu’il a nécessairement besoin d’un tuteur. Un homme a démontré cette semaine, encore une fois, que ce rôle-là n’a absolument pas être dévolu à la Syrie : Hani Habbal. En assénant que des opinions politiques opposantes « ne peuvent pas À être considérées comme illégales dans un pays dont le système est basé sur les principes de démocratie », le juge unique de Beyrouth statuant en matière pénale a rappelé que le tuteur idéal du Liban ne peut être que son peuple. Mais pour cela, il faut commencer par disposer d’une loi électorale digne de ce nom. Ziyad MAKHOUL
Septième semaine de 2004.
La période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte pendant laquelle se produit la (fatigante pour tous) puberté s’appelle l’adolescence. Ainsi, est naturellement qualifié d’adolescent un comportement plutôt régressif ; surprenant par les propos qu’il génère ; les actes qu’il implique ; les images auxquelles il renvoie… Amusant...