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ÉCLAIRAGE - Les constantes et les non-dits dans les rencontres de Bachar el-Assad avec les personnalités libanaises

Pour les observateurs libanais, le sphinx syrien demeure indéchiffrable. Depuis que le président syrien, Bachar el-Assad, a décidé, la semaine dernière, de s’entretenir avec des personnalités libanaises, appartenant à des courants différents, les spéculations vont bon train. Chaque analyste souhaite déceler dans les propos du chef de l’État syrien des indices sur le choix du futur président du Liban. Mais le suspense demeure total et les analyses les plus farfelues circulent. Selon l’une des personnalités récemment reçues par le président Assad, il ne s’agirait pourtant nullement de consultations élargies, afin de tâter le pouls des Libanais, mais d’une série de rencontres effectuées régulièrement tous les cinq à six mois et destinées à permettre aux responsables syriens d’exposer leur vision de la situation régionale et leurs priorités pour la période à venir. Dans les propos du président syrien, il y aurait donc des constantes qu’il aurait répétées à tous ses interlocuteurs libanais à travers quelques échanges personnalisés, en fonction de l’identité et du rôle de la personne reçue. Aux ministres et députés libanais, Assad aurait ainsi affirmé que le plus gros danger est passé pour la région. Il serait ainsi plus confiant dans l’avenir et verrait la situation sous un angle plus serein, précisant que la menace d’une attaque américaine contre la Syrie serait écartée. Apparemment, le président syrien considérerait que les relations de son pays avec les États-Unis vont dans le sens de l’amélioration. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut se laisser aller. Poursuivre la lutte contre les extrémismes Son message aux Libanais serait ainsi très clair : ils doivent rester vigilants, en donnant la priorité à la stabilité interne et à l’unité des rangs. Selon ses interlocuteurs, le président syrien aurait aussi insisté sur la nécessité d’éviter de fournir un prétexte aux Américains et aux Israéliens qui pourrait leur permettre de réagir violemment et de remettre en question le fragile équilibre actuel. Le président syrien aurait aussi affirmé à ses interlocuteurs que son pays compte poursuivre sa politique de lutte contre les extrémismes et qu’il souhaiterait que le Liban en fasse de même. Il serait important, selon lui, de privilégier la voie de la modération. Par contre, il n’est pas question de transiger sur la question du rejet de l’implantation et de la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens sur leur terre. Sur ce plan-là aussi, la stratégie de la Syrie ne devrait pas changer, car le président syien se refuserait à renoncer à des principes de base aussi importants que ceux-là. Sur le plan interne libanais, Bachar el-Assad aurait répété qu’il faut à tout prix appuyer le président Émile Lahoud, qui, selon lui, suit une politique sage et clairvoyante. Mais les recoupements effectués avec certains interlocuteurs du président syrien montrent que ce dernier n’aurait pas été plus loin dans ce sens, n’évoquant ni de près ni de loin la prochaine échéance présidentielle au Liban. Ce sont donc les thèmes précités qui auraient occupé la plus grande partie des entretiens de Bachar el-Assad avec les personnalités libanaises et le reste aurait varié selon l’identité de l’interlocuteur, sans jamais aller au-delà de ces constantes. Si, par exemple, l’interlocuteur évoquait le nom du patriarche Sfeir, le président syrien en profitait pour émettre une opinion favorable et demander qu’on lui transmette ses meilleures salutations. Ce qui, dans la presse libanaise, devenait le lendemain « un message des autorités syriennes au patriarche maronite ». D’ailleurs, selon ceux qui le voient régulièrement, le cardinal Nasrallah Sfeir, avec sa sagesse habituelle, ne se ferait pas trop d’illusions sur la teneur des messages ainsi envoyés, sachant replacer dans leur contexte réel salutations et autres déclarations d’intentions. À en croire certaines personnalités libanaises ayant récemment rencontré le président syrien, ces entretiens à la chaîne consitueraient simplement une prise de contact régulière destinée à un tour d’horizon régional. Mais selon un des visiteurs de Damas, avant de fixer son choix sur l’identité du futur président du Liban, Bachar el-Assad ne convoquera pas nécessairement les personnalités libanaises. La Syrie a, dans ses choix fondamentaux, d’autres critères que la situation interne libanaise, même si son appui au président Lahoud semble sûr et sans failles. Et aucune pression libanaise ne la contraindra à dévoiler ses choix avant l’heure qu’elle juge propice pour elle. D’où l’appel aux Libanais de ne pas faire monter la tension ni de provoquer des débats houleux sur l’échéance présidentielle. Cela ne servirait qu’à envenimer le climat au Liban. Sans plus. Même si cela peut paraître cynique et révoltant, ce serait malheureusement la conclusion à tirer des dernières rencontres du président syrien avec des personnalités libanaises. Et si les propos du ministre du Développement administratif tenus devant un auditoire kataëb et diffusés dimanche dernier ont provoqué un tollé au sein de la classe politique libanaise, ils ne seraient absolument pas liés à son entretien avec le président syrien qui a, lui aussi, eu lieu dimanche. Pakradouni révèle d’ailleurs à ce sujet que les propos qu’il a tenus remontent à jeudi dernier et qu’il ne comprend pas pourquoi ils ont été accueillis de la sorte. Prôner une attitude nationaliste ne signifie pas, selon lui, renoncer à sa confession. « Je ne suis pas en train de demander au président Lahoud de devenir un recours chrétien, il y a Bkerké pour cela. Je demande, par contre, aux chrétiens de s’aligner sur sa politique nationale et sur la voie de la modération qu’il a choisie. Mais certaines parties ne veulent pas que les chrétiens soient modérés afin qu’ils restent marginalisés. D’autres veulent qu’aucune voix chrétienne ne s’élève pour défendre Lahoud afin qu’il soit isolé sur la scène chrétienne, croyant ainsi influer sur le choix final du futur chef de l’État. » De la petite politique en somme, alors que la région traverse des moments cruciaux. Mais c’est peut-être là le paradoxe libanais. Scarlett HADDAD
Pour les observateurs libanais, le sphinx syrien demeure indéchiffrable. Depuis que le président syrien, Bachar el-Assad, a décidé, la semaine dernière, de s’entretenir avec des personnalités libanaises, appartenant à des courants différents, les spéculations vont bon train. Chaque analyste souhaite déceler dans les propos du chef de l’État syrien des indices sur le...