Actualités - CHRONOLOGIE
À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Cool, les blues de Joëlle Khoury
Par DAVIDIAN Edgar, le 12 février 2004 à 00h00
D’une seule traite, une heure vingt minutes de jazz grâce au joint-venture organisé par le Conservatoire national supérieur de musique et l’ambassade des États-Unis au Liban. Public nombreux pour applaudir cinq musiciens mordus de rythmes, de cadences, de flâneries entre notes et narrations syncopées, chaloupées, imprévisibles. Just When you Least Expect… Jamais titre de concert ne fut aussi clairement révélateur. Oui, au moment où l’on s’y attend le moins. De quoi? Des détours et des images sonores d’une musique jamais mise en cage. Même dorée. C’est cela, après tout, la liberté fascinante du jazz avec ses coulées, ses éructations, le babil de ses saxos ou leur sensualité déchaînée, les solos du clavier qui descendent brusquement en échelle sans fin, l’échauffement des drums qui n’en finissent plus de frissonner.
Cool, le blues, avec une pointe d’humour et beaucoup de malice dans les yeux de celle qui mène la ronde : Joëlle Khoury espièglement assise devant son clavier et surveillant dans un faux détachement le donné de partitions dont elle signe la vie et la fantaisie.
Ses acolytes et complices de scène ne sont autres que son mari, Maurice Khoury (à la basse), l’homme au drums en béret bleu marine et tee-shirt à col ouvert (Émile Boustany) et les deux saxos (Hratch Kassis et Tom Hornig) tenant sagement le côté gauche des feux de la rampe. Un air de famille et surtout d’amitié, d’où le secret de cette superbe synchronisation et même de ces apartés délicieusement légers ou farfelus. Menu? Comme si en jazz le menu était sérieusement servi. Mais si, mais si, il s’agit des compositions de Joëlle Khoury qui, non contente d’accumuler les diplômes (économie, philo, piano) ou de concilier poésie et chant classique moderne (un concert en ville et un CD déjà sur le marché), se tourne résolument vers son violon d’Ingres et offre une prestation de plus de ses talents, conjugués avec l’habile synchronisation (ou indépendance) de ses amis et collègues, sans parler de son époux à la contrebasse qui, par moments, chauffe à blanc quand elle ne va pas dans une rêverie d’adolescent.
On écoute avec plaisir ces compositions pétries d’un esprit fin et d’un remarquable sens du balancement, des rythmes et des équilibres bien dosés comme une discussion bien argumentée. Des Cercles aux Deux Mr B.(hommage à Beethoven et non dédicace à un petit ami, comme le souligne Joëlle) très pince-sans-rire, en passant par Biba, Dumblicity (ici la balourdise n’a pas de place), Question (interrogations persistantes mais sans réponses) et, pour finir, Stupidity Blues (pied de nez aux incurables mélancoliques ou aux rabat-joie), la musique de Joëlle Khoury est toujours d’une étonnante et audacieuse vitalité et se hasarde, avec aplomb, dans les sonorités les plus inattendues. Yes, just when you least expect.
Ravi, l’auditoire applaudit fortissimo, comme pour rester au même diapason que le concert. Une clarification avant de mettre le point final. Le public est en droit de savoir que le groupe tente justement d’enregistrer ce concert en un nouvel album de jazz. À bon entendeur salut, et que l’on prête main forte aux artistes, dans un pays où l’on s’occupe de tout (même de ce qui ne nous regarde pas !) mais pas de culture.
Edgar DAVIDIAN
D’une seule traite, une heure vingt minutes de jazz grâce au joint-venture organisé par le Conservatoire national supérieur de musique et l’ambassade des États-Unis au Liban. Public nombreux pour applaudir cinq musiciens mordus de rythmes, de cadences, de flâneries entre notes et narrations syncopées, chaloupées, imprévisibles. Just When you Least Expect… Jamais titre de concert ne...
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