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Actualités - CHRONOLOGIE

PALESTINIENS - Tension dans le camp de réfugiés le plus peuplé du Liban Mohammed Chreidi, fils du fondateur de Isbat al-Ansar, assassiné à Aïn el-Héloué

Mohammed Chreidi, le fils du Hicham Chreidi fondateur du groupement intégriste palestinien Isbat al-Ansar, actuellement dirigé par Abou Mahjan, a été tué par balles dans la nuit de mardi à mercredi, dans le camp de Aïn el-Héloué. Âgé de 20 ans, il a été abattu vers 1h 30 du matin alors qu’il rentrait chez lui, à Hay es-Safsaf, l’un des quartier intégristes du camp palestinien le plus peuplé du Liban. Le jeune fondamentaliste a été enterré hier, vers 15 heures, au cimetière islamique de Saïda, hors du périmètre du camp, sans que des accrochages ne soient enregistrés entre le Fateh et les groupuscules fondamentalistes. Pourtant, l’atmosphère tendue à Aïn el-Héloué était perceptible hier. Le souk était à moitié vide et beaucoup d’élèves ne se sont pas rendus à l’école. De plus, durant plusieurs heures et jusqu’à l’enterrement, les proches de Mohammed Chreidi ont barré la route menant au quartier es-Safsaf Dans la nuit de mardi à mercredi, peu après l’assassinat de Mohammed Chreidi, la tension était déjà montée d’un cran dans le camp, qui abrite le Fateh certes, mais aussi une kyrielle de mouvements fondamentalistes palestiniens dont notamment le Hamas, le Jihad islamique et Isbat al-Ansar. Des activistes islamistes ont tiré en l’air à l’arme automatique en signe de deuil, et mené des patrouilles dans les quartiers intégristes du camp. Une roquette a également explosé dans le ciel de Aïn el-Héloué sans faire de dégât. Tout le long de la journée, les éléments armés du Fateh étaient sur le qui-vive. Aucun affrontement n’a été cependant signalé. Dans la matinée d’hier, les groupes palestiniens présents à Aïn el-Héloué ont tenu une réunion afin de contenir tout débordement ou accrochage. Le chef de Isbat al-Ansar, Abou Mahjan, a rendu visite à la famille du jeune fondamentaliste afin de calmer les esprits. Mohammed était le frère cadet de Abdallah Chreidi, 23 ans, fondateur de Isbat al-Nour. Ce dernier avait péri en juillet dernier, suite à de graves blessures occasionnées lors d’une embuscade en mai 2003 tendue par le Fateh. Interrogé par L’Orient-Le Jour sur les auteurs de l’embuscade qui a coûté la vie au jeune Mohammed Chreidi, Khaled Aref, responsable du Fateh pour le Liban-Sud, a indiqué qu’elle relève d’une « affaire personnelle », démentant ainsi le fait que le Fateh soit impliqué dans l’assassinat et soulignant que « Mohammed Chreidi avait été abattu au quartier du camp et était accompagné de trois ou quatre de ses amis », notant que « le Fateh n’est pas présent dans cette zone de Aïn el-Héloué ». À son tour, Maher Choubeita, responsable du Fateh à Aïn el-Héloué, a relevé à l’intention de L’Orient-Le Jour que « contrairement à la rumeur, Mohammed ne voulait pas remplacer son frère assassiné à la tête de Isbat al-Nour ». « C’était un enfant et son assassinat relève d’une affaire purement personnelle », a-t-il ajouté, n’écartant pas la possibilité que l’embuscade, qui a eu lieu dans le quartier fondamentaliste du camp, soit un règlement de comptes entre les groupuscules intégristes. À la question de savoir si les trois explosions de lundi, qui avaient eu lieu non loin du quartier as-Safsaf et qui n’avaient pas pour cible – une fois n’est pas coutume – les positions des membres du Fateh, Maher Choubeita a répondu brièvement en lançant un simple : « Peut-être », ajoutant que « toutes ces histoires profitent à des forces extérieures, qui veulent semer la zizanie à Aïn el-Héloué ». Soulignons que l’embuscade de mardi est venue mettre un terme au calme précaire que vivait le camp depuis la mort de Abdallah Chreidi en juillet 2003. Durant plusieurs mois également, les grenades avaient cessé d’exploser la nuit à Aïn el-Héloué… jusqu’à l’exécution à Roumieh, en janvier dernier, de Badih Hamadé, alias Abou Obeida. Rappelons que le fondamentaliste libanais, qui avait abattu trois soldats de l’armée, s’était réfugié quelques jours au camp de Aïn el-Héloué avant d’être livré par le Fateh aux autorités libanaises. Avec la mort de Mohammed Chreidi, le jeune frère de Abdallah, la lignée de Hicham Chreidi, fondateur de Isbat al-Ansar, ne s’est pas éteinte. La famille compte encore un jeune garçon âgé de 13 ans. Assassiné en plein camp de Aïn el-Héloué en 1992, Hicham Chreidi avait été remplacé à la tête de Isbat al-Ansar par Abou Mahjan, condamné par contumace à plusieurs reprises par la justice libanaise. Rappelons que ce groupuscule fondamentaliste figure sur la liste des organisations terroristes de Washington qui le soupçonne d’être lié au réseau el-Qaëda. En 1999, le fils de Hicham, Abdallah, crée sa propre faction dissidente de Isbat al-Ansar, Isbat al-Nour. Ce groupuscule sera connu par les médias libanais après l’affaire de Badih Hamadé, alias Abou Obeida, qui avait assassiné trois soldats de l’armée libanaise avant de trouver refuge durant plusieurs jours chez le jeune fondamentaliste palestinien. À cette époque, Abdallah Chreidi avait menacé à plusieurs reprises de mettre Aïn el-Héloué, Saïda et le Liban entier à feu et à sang. À l’issue de l’épisode Abou Obeida, Abdallah Chreidi avait gagné de l’autorité auprès des groupuscules islamistes de Aïn el-Héloué. Au point que certains réfugiés du camp avaient inventé un proverbe : « Nous ne craignons qu’Allah et Abdallah. » La présence du fondamentaliste, avec ses armes et son groupe de jeunes barbus aux calottes noires et aux tuniques turquoise, était devenue tellement pesante qu’il avait été lâché par plusieurs factions intégristes du camp. Et le Fateh avait estimé qu’il était temps de s’en débarrasser, lui tendant une embuscade en mai 2003. Quelques jours plus tard tard, le 19 mai exactement, des accrochages violents opposaient durant six heures les groupuscules islamiques au Fateh. Bilan : 8 morts et 25 blessés palestiniens. Abdallah Chreidi meurt en juillet 2003 et est enterré discrètement au nouveau cimetière islamique de Saïda, loin du camp de Aïn el-Héloué. Tout à fait comme son frère Mohammed Chreidi… Ce cimetière, qui abrite également une petite mosquée, est utilisé par les Palestiniens quand le Fateh refuse aux familles des islamistes d’enterrer leur mort à l’intérieur du camp, dans la zone contrôlée par le mouvement de Yasser Arafat. Et généralement, comme beaucoup d’intégristes palestiniens qui vivent à Aïn el-Héloué sont recherchés par la justice libanaise, rares sont les membres des groupuscules intégristes qui accompagnent la dépouille mortelle au-delà de la frontière du camp. Patricia KHODER
Mohammed Chreidi, le fils du Hicham Chreidi fondateur du groupement intégriste palestinien Isbat al-Ansar, actuellement dirigé par Abou Mahjan, a été tué par balles dans la nuit de mardi à mercredi, dans le camp de Aïn el-Héloué. Âgé de 20 ans, il a été abattu vers 1h 30 du matin alors qu’il rentrait chez lui, à Hay es-Safsaf, l’un des quartier intégristes du camp...