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ÉCLAIRAGE - Joumblatt et Tok reçus hier par Assad Pour se rapprocher de Bkerké, Damas ne peut se contenter de bonnes intentions

C’est le branle-bas de combat dans le microcosme local depuis trois jours, depuis que tous ces ministres et députés se succèdent, avec une régularité de métronome et sans répit, auprès du tuteur en chef lui-même : Bachar el-Assad. Sauf que ce ne sont, à différents degrés certes, que certains des plus fidèles lieutenants (libanais) druzo-chrétiens du président syrien. À se demander ce que cela aurait donné si – en lieu et place de Jean Obeid, Michel Samaha, Karim Pakradouni, Mikhaël Daher, Talal Arslane, avant-hier, ou de Gébrane Tok et de l’insoumis Walid Joumblatt (a-t-il évoqué les lacunes de Taëf avec Bachar el-Assad ?) hier –, les photos avaient montré Nassib Lahoud, Nayla Moawad, Boutros Harb, Misbah el-Ahdab, Kamel el-Assaad, Habib Sadek, etc., aux côtés de ce jeune président dont on aimerait bien voir se concrétiser enfin, au Liban, cette « ouverture d’esprit » et ce « dynamisme » loués, aussi, par Bkerké. Sauf qu’aujourd’hui, tout le monde en parle. À (très) haute voix, et en fredonnant l’au suivant de Brel. Les couloirs et les coulisses bruissent de ces audiences-auscultations parce que la désignation présidentielle interviendra dans huit mois, parce que beaucoup de présidentiables s’en sont allés écouter ces deux derniers jours le n° 1 syrien, et que tout n’est, aujourd’hui, que rumeurs, chuchotements, supputations, ou promesses d’immenses scoops. Comble de l’ironie et du cynisme : après avoir intimé à tous – à commencer par quelques-unes des plus hautes huiles de la République – l’ordre de ne pas évoquer l’échéance de novembre (autant demander à un chat de ne plus miauler) pour garantir ce minimum de stabilité libano-libanaise dont la Syrie dit avoir grandement besoin, Damas semble tout faire pour rallumer des feux qu’elle avait, déjà, mal éteints. Il n’empêche, l’objurgation syrienne est toujours de mise, et la plus importante des échéances électorales pour un citoyen (en principe) reste toujours interdite de débat. Parce qu’il y a plus important, pour l’heure, sur le plan local – la crise économique, les privatisations, etc. –, et parce que Bachar el-Assad souhaite ardemment que le patriarche maronite prenne bonne note, enfin, des louanges qu’il lui chante sans discontinuer depuis le début de la guerre américaine contre l’Irak. Et quelles que soient les (nombreuses) raisons qui poussent le maître de Damas à vouloir se rapprocher du patriarcat maronite, quelles que soient les motivations qui l’entraînent à y déléguer ses porte-voix locaux – Nasser Kandil en tête –, aucun réchauffement, aucune bienveillance, aucun changement de perception ne seront possibles pour Bkerké si les intentions affichées, exhibées presque par Damas, ne s’accompagnent pas d’un acte fort, d’un geste sans équivoque de bonne volonté. Nasrallah Sfeir n’est ni candide ni utopique ; il sait bien que pour l’instant, comme première étape, il ne peut attendre, espérer, que deux choses, sans doute dans l’ordre chronologique : un successeur à Émile Lahoud qui puisse enfin fédérer autour de lui, un tant soit peu, la rue chrétienne, et une loi électorale juste, saine, qui puisse assurer une représentativité maximale. Voilà les seuls actes qui pourraient probablement assurer aux vœux de Bachar el-Assad un écho positif du côté des chrétiens du Liban. À condition que cette volonté syrienne de se rapprocher de Bkerké soit réelle, et non pas motivée par une stratégie vouée, par sa nature et sa fonction mêmes, à l’échec : créer une tension, un froid, une ligne de démarcation entre Bkerké et son enfant chéri, Kornet Chehwane. Le maître de Damas a peut-être entendu rapportés, voire même amplifiés par ses hommes liges, les soupirs d’impatience de certains membres de KC devant la lenteur (ou la frilosité) du patriarche à se prononcer clairement sur la présidentielle. Sauf que Bachar el-Assad, que l’on dit particulièrement intelligent, ne saurait tomber dans pareil piège : envers et contre tous, Bkerké et KC c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Ziyad MAKHOUL
C’est le branle-bas de combat dans le microcosme local depuis trois jours, depuis que tous ces ministres et députés se succèdent, avec une régularité de métronome et sans répit, auprès du tuteur en chef lui-même : Bachar el-Assad. Sauf que ce ne sont, à différents degrés certes, que certains des plus fidèles lieutenants (libanais) druzo-chrétiens du président syrien. À se...