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Actualités - CHRONOLOGIE

Partis - Déjeuner de l’ancien secrétaire général du PCL en l’honneur d’Anouar Yassine Georges Haoui : La libération ne doit pas servir à camoufler les différents problèmes

L’ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, a donné hier un déjeuner à Bteghrine (Metn) en l’honneur d’Anouar Yassine, résistant du parti et ex-détenu dans les geôles israéliennes. L’événement a été parrainé par le président de la République, le général Émile Lahoud, représenté par le ministre d’État baassiste Assem Kanso. L’objectif de l’initiative de M. Haoui serait de rendre au PCL la place qui lui revient de droit au niveau de la Résistance, d’autant plus que la formation avait été écartée de la cérémonie officielle organisée pour l’accueil des détenus libanais libérés par Israël. Le choix de Bteghrine, dont M. Haoui est originaire, ne serait pas fortuit, dans la mesure où il vise à replacer la Résistance dans un tout autre cadre, le cœur du Metn, loin des contrées du Hezbollah. Une manière de défendre la position du PCL, pour qui la Résistance est une option nationale, qui ne saurait être l’apanage d’une partie confessionnelle ou d’un parti politique. Cela explique peut-être pourquoi le Hezbollah, invité par l’ancien secrétaire général du PCL, s’est abstenu d’envoyer une délégation au déjeuner, où se côtoyaient loyalistes, prosyriens et opposants. On notait ainsi la présence du ministre de l’Information Michel Samaha, du secrétaire général du PCL Khaled Hadadé, du député Alaeddine Terro et de M. Chérif Fayad représentant le Parti socialiste progressiste (PSP), de MM. Rafi Madayan, Antoine Haddad et Assem Salam représentant le Renouveau démocratique (RD), de l’ex-député Gabriel Murr, de la famille du doyen des détenus libanais en Israël Samir Kantar, d’une délégation des Forces libanaises représentant Samir Geagea et formée de MM. Joe Akl et Samir Zeghrini, des représentants du Bloc national et de plusieurs délégations des régionaux du Metn du PCL, du parti Baas et du Parti syrien national social (PSNS). Le « V » d’Anouar Yassine À Bteghrine, entre 12h30 et 13h40, tout le monde, dans le périmètre de la maison en forme d’isba russe de Georges Haoui, attend Anouar Yassine et la délégation du PCL. Les drapeaux communistes flottent partout, les hymnes révolutionnaires se succèdent. Les portraits d’Anouar Yassine, arborant un tee-shirt noir à l’effigie de « Che » Guevara, tapissent les murs de la petite villa. Des enfants et des jeunes ont revêtu le béret étoilé, immortalisé par le célèbre cliché de Guevara. Les groupes se succèdent. C’est autour de 13h40 qu’arrive enfin la délégation du PCL, sous les applaudissements. Anouar Yassine reçoit un accueil très chaleureux, et l’accolade de MM. Kanso et Samaha, imités peu après par des militants communistes. Yassine, sobre et souriant, mais visiblement déterminé, fait le « V » de la victoire, avant de se fondre dans la foule. L’homme, apparemment très authentique, met un point d’honneur à ne pas en faire trop : il se veut avant tout un militant comme les autres et un résistant pour les autres, sans plus. Il est clair que les honneurs ne l’impressionnent pas particulièrement. « Les esprits malades qui veulent dynamiter le PCL » Le premier à prendre la parole est Georges Haoui. « Le président Émile Lahoud m’a fait un double honneur, aujourd’hui : en envoyant d’abord un représentant à cette rencontre, en choisissant ensuite un ami et un camarade de longue date, le résistant Assem Kanso, secrétaire général de la branche locale du Baas et membre de la direction de ce parti, qui a à sa tête le président Bachar el-Assad. Ce dernier a repris le flambeau des mains du grand disparu, le président Hafez el-Assad, dont l’appui à la Résistance nationale et islamique contre l’occupation sioniste a été l’un des principaux facteurs de la victoire dans la lutte pour la libération », a-t-il indiqué. Une manière de remettre les pendules à l’heure après le communiqué virulent publié vendredi par le comité transitoire de formation du Parti démocratique de gauche (Élias Atallah), lequel accusait Damas d’avoir tout fait pour marginaliser la gauche à partir de 1984. L’ancien secrétaire général a ensuite qualifié la libération des prisonniers de « nouvelle étape au niveau de la lutte contre le projet sioniste impérialiste qui a violé la Palestine (...) et qui menace le Liban, la Syrie et les autres pays arabes, un projet parraîné par les Américains, qui tentent d’envahir la région pour nous asservir et nous humilier ». Et de s’adresser ensuite à Anouar Yassine : « À travers toi, nous rendons hommage à une ligne résistante, initiée par le PCL et les partis nationaux et progressistes, puis qui a pris une portée considérable grâce à l’action du Hezbollah. » Georges Haoui a ensuite mis l’accent sur l’importance de l’unité à tous les niveaux concernant la Résistance face à Israël, « de Bkerké à Achrafieh, de Aïché Bakkar à Bir el-Abed, en passant par Khoulouwet el-Bayada », avant de réclamer la réalisation d’une réconciliation nationale globale et d’un dialogue démocratique pour faire face à un effondrement général : confessionnel et sectaire, économique, politique. Il a plaidé, dans ce sens, en faveur d’une véritable représentation des Libanais, dénonçant la marginalisation de certaines parties, le fossé qui existe entre le pouvoir et les citoyens, la propagation de la corruption et le poids de la dette publique. « La libération n’a aucune importance si elle n’est pas le véhicule d’un changement démocratique au niveau interne. Elle ne doit en aucun cas servir à camoufler les failles qui existent au Liban », a souligné M. Haoui. Et de conclure sur le rôle du PCL, en dénonçant les tentatives de mutiler le parti de l’extérieur, en « portant atteinte à sa réputation » et en « falsifiant son passé », mais aussi de l’intérieur. Dans une allusion à peine voilée au groupe d’Élias Atallah, il s’en est pris aux « esprits malades qui cherchent à s’octroyer des rôles qui ne sont pas les leurs, loin de toute objectivité et de toute modestie ». De son côté, Khaled Hadadé, face aux ministres Kanso et Samaha, a prononcé un discours axé sur la lutte du PCL contre « la mentalité du partage du gâteau », notamment au niveau du pouvoir. Un discours teinté d’amertume, à la suite de l’éloignement du PCL des dernières cérémonies officielles, ce qui « n’est pas, selon lui, une coïncidence ». « Le Parti communiste entend rester indépendant, même s’il lui en coûte d’adopter cette position. Il n’entrera pas dans les luttes internes du pouvoir. Nous sommes un parti démocratique, national et populaire, qui aspire au changement démocratique (...). Nous refusons que même les grandes questions nationales soient fragmentées : la résistance serait l’apanage de la communauté chiite ; la souveraineté, le monopole des maronites, et la reconstruction, le privilège des sunnites. Non, toutes ces questions relèvent du peuple », a-t-il indiqué. Dernier à prendre la parole, Anouar Yassine a rendu hommage à Émile Lahoud et Assem Kanso. « Je fais partie du peuple libanais. Je suis l’un de vous, et je préfère rester parmi vous », a-t-il lancé, modestement, avant d’adresser un message de soutien au peuple palestinien. Michel HAJJI GEORGIOU
L’ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, a donné hier un déjeuner à Bteghrine (Metn) en l’honneur d’Anouar Yassine, résistant du parti et ex-détenu dans les geôles israéliennes. L’événement a été parrainé par le président de la République, le général Émile Lahoud, représenté par le ministre d’État baassiste Assem...