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Actualités - REPORTAGE

Sur les campus - Les relations AUB-USJ : un terrain fertile, encore inexploité

Les relations entre les structures estudiantines de l’Université Saint-Joseph (USJ) et de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) s’améliorent de jour en jour. Les perspectives de l’ouverture d’un dialogue constructif entre les deux mouvements estudiantins se font sentir en pratique, particulièrement en ce début d’année 2004. En effet, les étudiants des deux universités se sont déjà retrouvés une première fois sur le soutien à accorder aux professeurs de l’Université libanaise, durant leur grève ouverte, à la fin de l’année dernière. Un communiqué commun entre les deux parties appuyant les revendications des professeurs de l’UL avait été signé. Et, du côté de l’USJ comme de l’AUB, il n’est pas question que la coordination s’arrête à ce niveau. Historiquement, les relations entre les étudiants de l’AUB et ceux de l’USJ n’ont jamais été particulièrement étroites. Durant les années 60-70, les deux mouvements de contestation avaient peu de relations, affirme Samir Frangié, ancien leader estudiantin de gauche à l’USJ. « Ils avaient des fondements différents », explique-t-il, en raison d’abord de la place importante qu’occupaient les idéologies sur la scène estudiantine. D’où l’existence d’un clivage entre la droite et la gauche à partir de 1965-1966, entre les « libanistes » d’un côté et le binôme gauche-nationalistes arabes de l’autre. Les premiers – parti Kataëb, Parti national libéral (PNL), Bloc national – étaient surtout présents à l’USJ. Ils comptaient dans leurs rangs, entre autres, Michel Samaha, Karim Pakradouni, Charles Ghostine, Amine Gemayel, Béchir Gemayel et Roger Salhab, puis Georges Adouane (futur membre du Tanzim). Les seconds étaient majoritaires à l’AUB, emmenés par Mohammed Mattar (aujourd’hui avocat et proche de la mouvance du Rassemblement de Kornet Chehwane) et Camille Hawa. Les universités n’étaient pas pour autant homogènes, dans la mesure où la gauche existait à l’USJ, notamment à travers Samir Frangié, Amin Maalouf et Karim Majdalani – mais aussi les indépendants, bien représentés par Fady Boustany et Abdo Chakhtoura, et, bien plus étonnant pour l’USJ, les Mourabitoun, emmenés par Sinan Barraj et Samir Sobeh – et la droite à l’AUB, à travers un rassemblement d’étudiants qui regroupait, entre autres, Alfred Madi, Maroun Hélou et Roger Dib. « L’influence de Charles Malek était assez importante aussi à l’AUB », se souvient Samir Frangié. Charles Ghostine, leader estudiantin du PNL à l’USJ, affirme lui aussi que les relations n’étaient pas particulièrement développées entre l’USJ et l’AUB. « Nos contacts étaient avec la droite à l’AUB, contrepoids des nationalistes arabes », précise-t-il. Avant de rappeler qu’à l’époque, beaucoup de facteurs favorisaient la confrontation, notamment le facteur identitaire, puis la question palestinienne. Un dialogue désormais possible Étrangement, c’est aussi sur la question de l’UL que les deux universités se seraient retrouvées durant cet âge d’or du mouvement estudiantin. Aujourd’hui, la situation a nettement changé. Pour M. Frangié, rien n’empêche désormais les étudiants de l’AUB et de l’USJ de dialoguer. « C’est vrai que la guerre a enfermé les jeunes dans certains circuits, mais il y a beaucoup plus de ressemblance entre les mouvements de contestation de l’USJ et de l’AUB que par le passé et l’initiative doit être prise maintenant par les étudiants », dit-il. M. Ghostine partage ce point de vue : « Le problème aujourd’hui est sectaire. Chacun reste dans son camp. Ce n’était pas le cas à notre époque. En fait, lors d’un débat organisé par les étudiants à l’AUB il y a trois ans, avec d’autres leaders de l’époque comme Saadallah Mazraani (actuellement membre du bureau politique du Parti communiste) et Nassir el-Assaad, nous avons réalisé que nous étions très proches les uns des autres. Les facteurs de conflit ont progressivement disparu. Nous sommes d’accord sur la majorité des questions. » Et d’affirmer qu’il croit ferme dans un dialogue interestudiantin, surtout entre l’AUB et l’USJ, qui ont tant en commun notamment du point de vue du niveau académique, et qui peuvent « réaliser une synthèse » au niveau estudiantin. À ce sujet, les leaders estudiantins d’aujourd’hui sont encore plus optimistes que leurs aînés, à l’AUB comme à l’USJ. Et, après des tentatives avortées, notamment en 2001, ils croient dur comme fer à la reprise d’un dialogue entre les étudiants des deux universités. Ils ont commencé à établir un programme dans ce but. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les réponses de Jamil Moawad, président du bureau de l’Institut de sciences politiques à l’USJ, d’Amine Assouad, président du bureau de la faculté de droit à l’USJ, et de Hassan Mehanna, président de l’amicale de l’AUB, concordent. « Il s’agit encore d’un terrain inexploité et l’on peut réaliser beaucoup de choses en commun, à tous les niveaux. Il faut juste sortir des circuits hermétiques dans lesquels nous sommes enfermés », affirme Assouad. « L’USJ est un monde inconnu à l’AUB. L’essentiel est de briser la glace et de commencer à dialoguer. Nous sommes concernés par plusieurs sujets, sur lesquels nous pourrions œuvrer en commun : la lutte pour la défense des libertés et des droits sociaux pour freiner l’émigration ou pour l’amendement de la loi sur le service militaire », indique pour sa part Mehanna. « Nous avons hérité des structures de la guerre. Dialoguer avec les étudiants de l’AUB constitue un pas important vers la mémoire collective et la sublimation de la guerre. Le processus doit commencer doucement, dans le but d’abolir les préjugés et de prôner l’acceptation de l’Autre », conclut Moawad. La volonté est manifeste, la détermination aussi. Il ne reste plus que les actes de dialogue, qui suivront logiquement dans le courant de l’année. Michel HAJJI GEORGIOU
Les relations entre les structures estudiantines de l’Université Saint-Joseph (USJ) et de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) s’améliorent de jour en jour. Les perspectives de l’ouverture d’un dialogue constructif entre les deux mouvements estudiantins se font sentir en pratique, particulièrement en ce début d’année 2004. En effet, les étudiants des deux...