Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

De la lettre à l’esprit

Le président de la Fédération nationale des musulmans de France, Mohammed Béchari, en visite au Liban, se déclare favorable au « port discret du voile ». Le même jour, devant les membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, Jean-Paul II se déclare hostile à l’évacuation de tous les signes religieux de la vie publique. On se trouve là devant deux mouvements apparemment contraires, en fait complémentaires. À une intériorisation de la foi religieuse que reflète la discrétion dans le port du voile répond le refus de voir la laïcité revêtir l’aspect d’un refus de toute référence explicite à la foi religieuse dans la vie publique. Le pape songe ici à la Constitution européenne, mais par analogie, il est tout à fait naturel de penser au port du foulard à l’école. Ces deux mouvements d’intériorisation de la foi et d’extériorisation de son expression sont complémentaires. Ils reflètent à la fois la tendance naturelle de la foi religieuse à s’émanciper de la lettre du commandement, pour s’attacher à son esprit, ainsi que les limites de ce mouvement qui, poussé à l’extrême, conduit à une religion désincarnée sans expression publique collective et bientôt sans identité. Nul doute que la polémique sur le foulard islamique ne conduise la France laïque et républicaine à repenser profondément sa relation à la religion en général. Nul doute non plus que la religion chrétienne ne soit mise en défi de repenser sa place dans une société politique française qui l’a évacuée, sans reconnaître ce qu’elle lui doit. Nul doute enfin que l’islam français ne soit marqué par la résistance de la France laïque à laisser envahir son espace public et n’en gagne en profondeur et en intériorité. Tous ces apprentissages doivent être menés à bien par ce mot bien doux de dialogue, plutôt que par la confrontation et les défis. Il faut garder à l’esprit qu’un extrémisme en appelle un autre. Or la mémoire du monde est saturée de conflits interreligieux. Dans un monde parvenu à l’âge adulte de la globalisation, aucune religion, y compris celle de la déesse Raison, ne peut plus ignorer les autres. C’est la sagesse même. Fady NOUN
Le président de la Fédération nationale des musulmans de France, Mohammed Béchari, en visite au Liban, se déclare favorable au « port discret du voile ». Le même jour, devant les membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, Jean-Paul II se déclare hostile à l’évacuation de tous les signes religieux de la vie publique.
On se trouve là devant deux...