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BAABDA - Les membres du corps diplomatique reçus comme chaque début d’année par le chef de l’État Lahoud réclame une définition internationale du terrorisme

Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a axé son discours traditionnel devant le corps diplomatique, cette année, sur le dossier régional et plus particulièrement sur la politique des « deux poids, deux mesures pratiquée par les États-Unis », ainsi que sur le parti pris des USA en matière de qualification du terrorisme. Le président a réclamé une définition internationale du concept de « terrorisme » qui ne se limite pas à celle donnée par les « puissants », dans une allusion claire à Washington, dont le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld avait récemment évoqué la possibilité de l’envoi de troupes spéciales dans la Békaa « pour appréhender des terroristes ». « Il ne suffit pas de déclarer la guerre à ce que l’on qualifie de terrorisme sans en donner la définition précise et exacte, et il n’est pas non plus permis que chaque pays avance sa propre définition du terrorisme en l’absence d’une interprétation internationale de ce terme », a déclaré M. Lahoud devant les membres du corps diplomatique venus lui présenter leurs vœux pour le Nouvel An. « De même, il n’est pas permis aux puissants de ce monde d’imposer leurs concepts et leurs définitions de ce terme aux pays moins forts », a-t-il ajouté. Le chef de l’État a fait état de nombreux exemples « saillants et clairs » dans la région, sur l’application du principe des « deux poids, deux mesures ». « Voyez Israël qui occupe des territoires arabes, qui tue et massacre tous les jours le peuple palestinien, qui multiplie le nombre de ses colonies, pousse les habitants à l’exil et consacre l’humiliation et la frustration à travers la construction de “la clôture de sécurité”. Cet État possède des armes de destruction massive et rejette toutes les résolutions internationales. Il a l’audace de prétendre qu’il combat ce qu’il appelle le terrorisme palestinien au moment où la communauté internationale garde le silence, exprime des réserves timides ou soutient son action », a poursuivi le général Lahoud. Et d’enchaîner : « Où réside la justice et sur quelle logique se base-t-on ? L’injustice engendre la révolte. La révolte contre l’injustice est-elle du terrorisme ? L’occupation engendre la résistance. La résistance contre l’occupation est-elle du terrorisme ? Le sous-développement engendre la pauvreté qui étouffe la liberté. La révolte contre le sous-développement et la pauvreté au profit de la liberté peut-elle être considérée comme du terrorisme ? » Pour le président, « la paix se base sur la justice et le développement ». « Nous croyons en cette paix. Vous représentez un grand nombre de pays et d’organisations internationales, a-t-il encore dit en s’adressant aux diplomates, et votre présence dans cette région vous donne l’obligation de rendre compte fidèlement à vos supérieurs de ce qui s’y passe, dans l’espoir d’une prise de conscience dont nous avons tous besoin pour trouver des solutions justes et équitables, avant qu’il ne soit trop tard. » M. Lahoud a pris la parole au terme du discours du nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, axé sur la justice et dont voici la teneur : « Toutes les sociétés à travers le monde crient de soif pour un comportement juste, tant à l’intérieur des communautés nationales que sur le plan international. Et les peuples souhaitent que dans les échanges mondiaux, soient dépassés les rapports de forces pour arriver à des ententes concertées en vue du bien de tous. N’est-il pas vrai que les rapports de forces n’ont jamais établi en effet la justice de façon durable et vraie, même si à certains moments l’alternance des positions peut souvent permettre de trouver des conditions plus faciles de dialogue ? L’usage de la force suscite du reste la mise en œuvre de forces adverses, d’où un climat de luttes qui ouvrent à des situations extrêmes de violence et à des abus. Le Saint-Père l’a souvent affirmé : “Le devoir le plus important de justice est de permettre à chaque pays de promouvoir son propre développement, dans le cadre d’une coopération exempte de tout esprit de domination, économique et politique.” (discours au corps diplomatique 1983). « Il est certain, a ajouté le nonce, que de nos jours, le sens de la justice s’est bien réveillé, et sans aucun doute, il met en relief ce qui est opposé à la justice dans les rapports entre les hommes, les groupes sociaux ou les “classes sociales”, comme entre les peuples et les États, et jusqu’à des systèmes politiques entiers et même des “mondes” entiers. Ce courant profond et multiforme, à la source duquel la conscience humaine aujourd’hui a placé la justice, atteste le caractère éthique des tensions et des luttes qui envahissent le monde. Il est inconcevable de faire du mal au nom de Dieu. Et la loi des plus forts n’est pas toujours la meilleure. » Mgr Luigi Gatti a ensuite rappelé l’appel en faveur de la justice prononcé par le pape dans son message pour la Journée mondiale de la paix, avant d’indiquer qu’« au nom d’une prétendue justice, on anéantit parfois le prochain, on tue, on prive de la liberté, on dépouille des droits humains le plus élémentaires ». « L’expérience du passé et de notre temps démontre que la justice ne suffit pas à elle seule, et même qu’elle peut conduire à sa propre négation et à sa propre ruine, si on ne permet pas à cette force plus profonde qu’est l’amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions », a-t-il encore dit. « Face à tous les problèmes et soucis qui se posent pour le Liban, dans le contexte national et régional, nous vous assurons de notre solidarité afin que le peuple libanais puisse se sentir plus uni, plus solidaire et vivre en prospérité et en dignité, et à faire grandir en lui, et particulièrement dans les jeunes générations, comme le dit l’Exhortation apostolique “Une Espérance Nouvelle pour le Liban” : “la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun, parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous”. (Une Espérance Nouvelle pour le Liban, n° 95). Ainsi les Libanais s’efforceront avec leur dynamisme exemplaire à aplanir toute difficulté et tout différend pour vivre dans un cadre de paix solide et durable, une paix qui soit l’œuvre de la justice. » « À Votre Excellence, à votre famille, au gouvernement et au peuple libanais, nous renouvelons des vœux de réussite, de prospérité et de paix. »
Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a axé son discours traditionnel devant le corps diplomatique, cette année, sur le dossier régional et plus particulièrement sur la politique des « deux poids, deux mesures pratiquée par les États-Unis », ainsi que sur le parti pris des USA en matière de qualification du terrorisme. Le président a réclamé une définition...