Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Sécurité - Le CSM dénonce une « campagne qui dépasse le seuil de l’acceptable » Une magistrate agressée au Palais de justice de Zahlé

Samar el-Hajj est une juge civile âgée de 33 ans. Jeudi, elle a été agressée en plein Palais de justice, à Zahlé. Vers 14 heures, la jeune femme a été attaquée par un homme dont l’identité demeure jusqu’à présent inconnue. Jointe au téléphone hier par L’Orient-Le Jour, Mme Hajj a raconté les faits. « Alors que je rangeais mes dossiers avant de quitter mon bureau, un homme est entré. J’avais le dos tourné à la porte ; je ne l’ai donc pas vu. Il m’a saisi par les cheveux et m’a cogné la tête à plusieurs reprises contre le mur. » La juge n’a pas crié. Elle est tombée à terre, presque évanouie. Quand elle a repris ses esprits « cinq ou six minutes plus tard », l’homme avait pris la fuite. Mme Hajj, originaire de Jeb Jennine et mère de deux enfants de 5 ans et 3 ans et demi, a été transportée à l’hôpital libano-français de Zahlé où elle a subi plusieurs examens. « Je n’étais pas la cible de l’agresseur, mon bureau se trouve tout près des bureaux des juges de la Cour criminelle et l’homme qui m’a attaquée m’a demandé “il est où ce fils de p... d’Henri Khoury ?” (le président de la Cour criminelle de Zahlé) », a-t-elle raconté à L’Orient-Le Jour. La jeune juge, qui a passé la nuit de jeudi à vendredi à l’hôpital et qui souffre de plusieurs œdèmes à la tête, se rend deux fois par semaine au Palais de justice de Zahlé. La semaine prochaine, quand elle devra reprendre son travail, elle ne sait pas si elle « aura peur de se retrouver seule au bureau ». Elle sait probablement, comme tous les autres juges du pays, que les palais de justice au Liban deviennent des endroits de moins en moins sûrs. Le procureur près la cour d’appel de la Békaa, Abdallah Bitar, a entamé l’enquête dès jeudi. Hier, il a poursuivi les investigations, interrogeant sept suspects. Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, M. Bitar raconte : « Quand Mme Hajj a donné l’alerte, l’unique porte du Palais de justice de Zahlé a été fermée. Sept personnes ont été arrêtées, mais la juge qui les a vues à sa sortie de l’hôpital n’a pas pu reconnaître en l’une d’elles son agresseur. » Mme Hajj a donné l’alerte cinq minutes après l’agression, le malfaiteur n’aurait-il pas pris la fuite entre-temps ? Un précédent en 1971 Le juge Bitar a également indiqué que « plusieurs dossiers de la Cour criminelle ont été pris en considération afin de pouvoir retrouver l’agresseur ». Le procureur près la cour d’appel de la Békaa est formel : « Le malfaiteur sera arrêté et traduit en justice », a-t-il dit, dénonçant encore « l’insécurité dans les palais de justice du pays ». Et de souligner qu’à « Zahlé, le Palais de justice, qui a une seule porte d’entrée et qui reçoit plusieurs milliers de personnes par jour, bénéficie uniquement de deux gendarmes qui gardent la porte d’entrée, afin de vérifier si les personnes qui se présentent sont armées ou non ». Il a noté qu’à Zahlé, « la dernière agression contre un juge remonte à 1971, quand un homme de la famille Haïdar avait tué par balles, sur les marches du Palais de justice, le juge Kabalan Gaspar ». Ce dernier avait interrogé le malfaiteur, qui avait voulu se venger. Suite à l’agression, hier, le Conseil supérieur de la magistrature a tenu deux réunions extraordinaires présidées par le juge Tanios el-Khoury, à l’issue desquelles un communiqué condamnant l’agression a été publié. Le texte souligne que « l’agression à l’intérieur du Palais de justice de Zahlé est une atteinte grave à la justice au Liban. Cette action s’ajoute à la campagne de violation menée contre la justice dans le pays et qui dépasse de loin le seuil de ce qui est acceptable ». « Le CSM prendra les mesures nécessaires afin de mettre un terme aux attaques contre la justice et d’appliquer à l’encontre des agresseurs les peines maximales », relève encore le texte, qui met en garde « tous ceux qui comptent porter atteinte à la justice et à la magistrature (...), qui est déterminée à préserver son indépendance ». L’ancien président du CSM, Nasri Lahoud, a lui aussi dénoncé en termes sévères l’agression. Le procureur général de la République, Adnane Addoum, a lui aussi condamné l’attaque. Pour sa part, le ministre de la Justice, Bahige Tabbara, a condamné l’agression, soulignant que « les services judiciaires et sécuritaires ont été placés en alerte pour retrouver l’agresseur ». Il a également annoncé que « des mesures de sécurité seront prises pour protéger les palais de justice du pays ». L’attaque la plus sanglante demeure celle de l’été 1999, quand quatre juges ont été assassinés en plein tribunal, à Saïda. Les responsables de la fusillade n’ont toujours pas été retrouvés. Patricia KHODER
Samar el-Hajj est une juge civile âgée de 33 ans. Jeudi, elle a été agressée en plein Palais de justice, à Zahlé. Vers 14 heures, la jeune femme a été attaquée par un homme dont l’identité demeure jusqu’à présent inconnue.
Jointe au téléphone hier par L’Orient-Le Jour, Mme Hajj a raconté les faits. « Alors que je rangeais mes dossiers avant de quitter mon...