Inauguration du nouveau palais de justice de Saïda Lahoud insiste sur l’impartialité et l’intégrité du pouvoir judiciaire

Le président de la République, le général Émile Lahoud, a félicité le ministre de la Justice et les magistrats à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire et de l’inauguration du nouveau Palais de justice à Saïda. Lors d’une cérémonie, qui s’est déroulée samedi pour la circonstance, le chef de l’État a souligné l’importance de la justice, « car elle seule préserve le droit face à la logique de la force. C’est elle aussi qui garantit l’immunité à tous les individus de la société, elle empêche la violation des lois et consolide la paix civile en sauvegardant l’intérêt général », a-t-il ajouté. Le président Lahoud a en outre affirmé que « la joie des magistrats et des avocats ne sera totale que le jour où les assassins des quatre magistrats (tués en 1999) seront arrêtés, jugés et châtiés pour s’être attaqués aux symboles des assises de l’État ». Il a déclaré d’autre part que l’État « ne recouvrera véritablement son rôle et son prestige qu’en présence d’une justice intègre et impartiale, veillant à l’application de la loi et rejetant toute espèce de favoritisme ou de discrimination ». Par ailleurs, selon le président de la République, quels que soient les défauts qu’on lui attribue de temps à autre, concernant notamment « sa partialité et sa politisation », « le corps judiciaire doit rester solide grâce à l’appui et à la protection de l’État. Il demeurera ainsi, effectivement, et non seulement en paroles, un barrage inébranlable face à la loi de la jungle ». Le chef de l’État a en outre insisté sur l’importance de la collaboration entre « les deux ailes de la justice au Liban, en l’occurrence les magistrats et les avocats ». Il a souligné la nécessité d’accélérer l’activité judiciaire et d’élaborer rapidement les verdicts. M. Lahoud a estimé dans ce cadre que « les réalisations du corps judiciaire au cours des dernières années ont contribué à renforcer le rôle et l’efficacité de la justice ». Enfin, il s’est engagé une fois de plus à tout faire pour améliorer les conditions de travail des magistrats. Le président de la République a tenu ces propos dans le nouveau Palais de justice de Saïda, en présence notamment des présidents de la Chambre et du Conseil, Nabih Berry et Rafic Hariri, des ministres Bahige Tabbarah, Assaad Hardane, Ayoub Hmayed, Michel Moussa, Assem Kanso, Ali Hassan Khalil et Ali Hussein Abdallah, ainsi que d’une foule de députés et de personnalités politiques, judiciaires et militaires. Après une minute de silence observée en mémoire des quatre juges assassinés, il y a quatre ans et demi, le bâtonnier des avocats du Nord, Khaldoun Naja, a prononcé une allocution dans laquelle il a affirmé qu’il ne peut y avoir de justice et de liberté sans une séparation du pouvoir judiciaire des autres pouvoirs. Prenant la parole à son tour, le bâtonnier de Beyrouth, Sélim Osta, a également insisté sur l’indépendance du pouvoir judiciaire pour une meilleure justice. Le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Tanios Khoury, a affirmé, pour sa part, que « les magistrats font face aux campagnes de dénigrement dont ils sont la cible en travaillant en silence et consciencieusement ». Il a en outre indiqué que le nombre de nouveaux juges a augmenté au cours des dernières années, ce qui ne manquera pas de se répercuter positivement sur l’activité judiciaire. Tabbarah : Il faut arrêter les assassins de Saïda Le ministre de la Justice, Bahige Tabbarah, a souligné, de son côté, la nécessité de découvrir au plus vite l’identité des assassins des quatre juges de Saïda, de les arrêter et de les livrer à la justice ainsi que leurs commanditaires. Il a insisté, d’autre part, sur l’importance du facteur confiance dans le système judiciaire. Selon M. Tabbarah, les magistrats eux-mêmes doivent s’efforcer de gagner la confiance des citoyens. À ses yeux, le ministère de la Justice a lui aussi une part de responsabilité dans la consolidation du pouvoir judiciaire. M. Tabbarah s’est ainsi engagé à relancer par exemple le projet de loi relatif à la protection des juges contre les campagnes de dénigrement et les calomnies, à l’instar des législations qui protègent la réputation et le prestige de l’armée. Abinasr prône un développement équilibré Le député Nehmétallah Abinasr s’est félicité de l’inauguration du nouveau Palais de justice à Saïda, tout en affirmant que même dans le domaine judiciaire, le développement équilibré des régions n’est pas respecté. Il a déploré dans ce cadre l’exiguïté des locaux des tribunaux dans les deux villes de Jbeil et de Jounieh. N. Lahoud : Le sang des juges martyrs Le premier président d’honneur de la Cour de cassation, Nasri Lahoud, a rendu hier un vibrant hommage aux quatre magistrats assassinés à Saïda en 1999. Soulignant la nécessité d’arrêter au plus vite ces meurtriers, qui ont fait couler « le sang des juges martyrs », il s’est demandé dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Bahige Tabbarah : « Quand va-t-on unir et intensifier les efforts au service de la justice et de la lutte contre les criminels ? »