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Actualités - OPINION

Vie politique - Rafic Hariri se serait engagé à éviter les conflits avec Baabda La trêve ne sera pas rompue, Damas veille au grain

Jusqu’à quand la trêve entre le Premier ministre et le président de la République perdurera-t-elle ? La question hante beaucoup d’esprits, depuis la dernière rencontre entre Rafic Hariri et Bachar el-Assad à Damas. Si bien que les promoteurs de la trêve et les observateurs examinent attentivement les sujets prévus sur l’agenda du Conseil des ministres chaque semaine pour savoir quel thème pourrait raviver le conflit entre les deux hommes. Apparemment, les sujets « sensibles » ne manquent pas : la privatisation du téléphone cellulaire, les réformes financières que nécessitent les engagements pris à Paris II, certaines questions relatives à la société Solidere, les projets de réforme administrative et de lutte contre la corruption, notamment la création d’un Médiateur de la République, le décret sur les naturalisations, les projets de loi sur les municipalités, la décentralisation administrative, la loi électorale, le projet de budget 2004, ou tout autre question qui pourrait émerger d’ici à l’échéance que constitue la présidentielle. Les observateurs se demandent lequel de ces sujets portera le coup fatal à la trêve présidentielle. Certains s’attendent à une reprise des hostilités si les élections municipales se déroulent en temps dû. Les ingérences de part et d’autre dans la formation des listes, surtout dans certaines régions délicates, devraient avoir raison de la trêve. D’autres estiment que c’est la loi sur les naturalisations et le retrait de certaines nationalités octroyées illégalement, ou encore la loi électorale – dans la mesure où le découpage électoral ne répondrait pas aux volontés de certains pôles du pouvoir – qui suscitera la reprise des querelles. Tout au contraire, certains observateurs écartent d’ores et déjà toute éventualité d’un retour de la crise entre les responsables avant l’élection présidentielle. Même cette échéance ne devrait pas faire l’objet de zizanies, dans la mesure où c’est Damas qui décidera finalement de tout, et non pas les milieux libanais, quels qu’ils soient. Et d’ajouter que les mouvances libanaises inféodées à la Syrie obéiront à la décision prise sur les rives du Barada. Une source ministérielle fait référence à la rencontre « secrète » entre le président syrien Bachar el-Assad et Rafic Hariri à Damas pour expliquer la situation. Selon cette source, le président Hariri a décidé de garder le silence sur l’accord conclu avec le président syrien dans le cadre de cet entretien. Aussi préserve-t-il le secret, sans le dévoiler à quiconque, même aux plus proches parmi ses proches. Si ce secret venait à s’ébruiter, le chef du gouvernement en assumerait directement et personnellement la responsabilité et recevrait même un blâme de Damas, précise cette source. Ce qui ne manquera pas de se répercuter négativement sur lui à tous les niveaux. Partant de là, Rafic Hariri essaye d’éviter tout ce qui pourrait raviver les dissensions entre lui et le président Lahoud, et tout particulièrement les fuites ou les propos qui lui seraient attribués dans certains médias audiovisuels et imprimés, et qui ne manqueraient pas d’irriter le chef de l’État. Ce qui, par le passé, a incité les Syriens à intervenir plus d’une fois pour mettre fin aux campagnes médiatiques entre Baabda et Koraytem. D’autant plus que, pour l’instant, Damas est fortement préoccupée par la situation régionale et n’a pas la tête à se consacrer aux querelles sinueuses de la labyrinthique politique libanaise et voit d’un mauvais œil l’ouverture du débat sur la présidentielle ou sur un remaniement ministériel. Ainsi, pour se disculper au moment où Damas lui fait assumer la responsabilité des conflits en cours, le Premier ministre a-t-il pris ses distances de tous les médias et s’est-il enfermé dans un mutisme quasi complet. Quant aux projets capables de susciter des querelles, il évite d’en faire une affaire susceptible de remettre la trêve en question. Aussi laisse-t-il le Conseil des ministres décider, soucieux de laisser la dernière période du mandat Lahoud se terminer avec un minimum de coûts. La même source ministérielle affirme que la loi sur les municipalités et les élections municipales ne feront pas voler la trêve en éclats. De toute façon, précise-t-il, ni cette loi ni la loi électorale pour les législatives de l’an 2005 ne seront adoptées avant la fin du mandat : après l’adoption du budget, la Chambre va se consacrer aux municipales, si le pouvoir décide qu’elles doivent avoir lieu en temps dû, puis à la présidentielle au début de l’été. Cette source souligne enfin qu’elle ne s’attend pas à une reprise de la querelle sur la présidentielle, entre partisans et adversaires de la prorogation. Et pour cause : si la décision finale revient à la Syrie, les différentes parties libanaises n’ont pas intérêt à se disputer concernant une question sur laquelle elles n’ont aucun pouvoir. Émile KHOURY

Jusqu’à quand la trêve entre le Premier ministre et le président de la République perdurera-t-elle ? La question hante beaucoup d’esprits, depuis la dernière rencontre entre Rafic Hariri et Bachar el-Assad à Damas. Si bien que les promoteurs de la trêve et les observateurs examinent attentivement les sujets prévus sur l’agenda du Conseil des ministres chaque semaine...