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Actualités - ANALYSE

ANALYSE Les intimidations se succèdent à quelques mois de l’échéance Les milieux loyalistes à la recherche d’un prétexte pour reporter les municipales

Les municipales. Depuis le début de la semaine, les milieux qui gravitent dans l’orbite loyaliste affirment qu’elles auront lieu en temps dû. Mais, insidieusement, toutes les analyses s’accordent à dire qu’à l’exception des milieux de l’opposition, les responsables et les députés souhaitent de tout leur cœur qu’elles ne se déroulent pas. Dans la mesure où elles pourraient ouvrir la voix à un vote de contestation de la part des Libanais, peu avant l’échéance de la présidentielle et celle des législatives. Et compromettre, semble-t-il, une volonté (ferme) de maintenir la scène politique libanaise dans un état statique et comateux, notamment en prorogeant successivement le mandat des conseils municipaux et celui d’Émile Lahoud. Solution de facilité aux antipodes des principes démocratiques du dynamisme institutionnel, et de l’alternance au pouvoir, et qui serait adoptée sous prétexte que la situation régionale est instable et ne se prête pas, par conséquent, à ce genre d’échéance. L’argument avait déjà été invoqué par le Conseil constitutionnel pour justifier l’annulation de la députation de M. Gabriel Murr, élu député grec-orthodoxe du Metn. L’on murmure, dans les milieux de l’opposition, que le pouvoir n’hésiterait pas à arguer de la situation régionale pour se débarrasser du fardeau des municipales : un consensus négatif qui donnerait satisfaction à tout le monde, à commencer par la plupart des députés. Lesquels appréhendent le fait de voir leurs assises ébranlées par un vote au suffrage universel direct, un an avant les législatives. Sans doute, le député Robert Ghanem a-t-il été le plus sincère et le plus audacieux parmi les personnalités qui se sont exprimées ces derniers jours sur les municipales. Dénonçant le jeu de ping-pong entre le ministère de l’Intérieur et les députés, qui souhaitent chacun que l’autre prenne l’initiative de réclamer le report des élections, M. Ghanem avait rappelé qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact de la décision qui viendra « de l’extérieur ». En d’autres termes, le feu vert pour les municipales viendra de Damas, qui décidera, en dernier recours, et en fonction de la conjoncture régionale, ce qu’il faut faire à Beyrouth. Dans ce cadre, le chef du Parti national libéral (PNL) Dory Chamoun n’hésite pas à dire que les circonstances régionales décideront bel et bien s’il y aura « des prorogations sur toute la ligne » ou les perspectives d’une alternance au pouvoir. « Si les circonstances leur permettent de reporter les élections, ils le feront. L’idée que les Libanais puissent demander des comptes leur est insupportable », indique-t-il. « Mais cela provoquera des émeutes. Les Libanais aspirent au changement, et ils ont besoin de s’exprimer », souligne le chef du PNL. Un climat tendu Dans le cas où le pouvoir tient ses promesses et respecte les échéances électorales – le ministère de l’Intérieur affirme que près de 20 000 fonctionnaires suivent des sessions d’entraînements pour être fin prêts le jour J – encore faut-il qu’il établisse les conditions pour la tenue d’élections démocratiques. D’autant que la propension des loyalistes à vouloir entraîner les opposants sur la voie des « listes uniques et consensuelles » paraît bien peu démocratique. Or, les incidents qui reflètent d’entrée de jeu ce que pourrait être le comportement du pouvoir durant les élections se multiplient ces derniers jours : des activistes proches des Forces libanaises ont été interpellés et intimidés par les services de renseignements dans la région de Jbeil, au début de la semaine. Hier, une dizaine de militants du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) ont été interpellés, à leur tour, au Liban-Nord. Mieux encore : le député Farès Souhaid a été empêché hier de participer à une causerie à l’Université libanaise de Tripoli par la section estudiantine du parti Baas syrien de l’université. Autant de signes avant-coureurs que « la lutte sera acharnée », comme le prévoit Dory Chamoun. Mais l’opposition ne baisse pas les bras pour autant. Aussi les membres du Rassemblement de Kornet Chehwane préparent-ils actuellement un dossier sur les municipales. « Il est nécessaire de mener la bataille en deux temps », affirme Farès Souhaid. En effet, indique le député, la priorité est de faire le forcing pour mettre en application la décentralisation administrative prévue par l’accord de Taëf, sans laquelle toute victoire de l’opposition aux municipales resterait caduque. Dans le sens où les conseils municipaux et leurs présidents resteront sous la tutelle étroite du ministère de l’Intérieur, même en cas de victoire des opposants. Michel HAJJI GEORGIOU
Les municipales. Depuis le début de la semaine, les milieux qui gravitent dans l’orbite loyaliste affirment qu’elles auront lieu en temps dû. Mais, insidieusement, toutes les analyses s’accordent à dire qu’à l’exception des milieux de l’opposition, les responsables et les députés souhaitent de tout leur cœur qu’elles ne se déroulent pas. Dans la mesure où elles...