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Actualités - ANALYSE

Éclairage Le CSP responsable du résultat de l’appel d’offres pour le cellulaire, affirment des sources des Télécoms Des conditions de dernière heure auraient fait fuir les sociétés étrangères

L’opinion publique et divers milieux locaux ne parvenaient toujours pas à comprendre hier soir par quelle opération du Saint-Esprit le long et complexe processus d’appel d’offres portant sur la privatisation de la téléphonie mobile a débouché sur un résultat qui, dans d’autres pays qui se respectent, aurait provoqué un véritable séisme politique : sur les six entreprises préqualifiées au départ, seules deux sont restées en lice à la clôture de l’appel d’offres, mercredi dernier. Le « hasard » a sans doute voulu que l’une de ces compagnies (LibanCell) soit celle dans laquelle le Premier ministre, Rafic Hariri, est indirectement impliqué (via les Dalloul) tandis que la seconde (Investcom) est la propriété du ministre des Travaux publics, Négib Mikati, de son frère et de sa sœur... Plusieurs questions méritent des réponses convaincantes sur ce plan. Quelles sont les véritables raisons qui ont poussé la société koweïtienne MTC à se retirer de la course quelques jours avant l’expiration du délai pour l’appel d’offres ? Pourquoi les deux opérateurs allemand (Detecom) et grec (OTE) se sont-ils abstenus à la dernière minute de présenter leurs dossiers respectifs, en dépit du fait que les hauts responsables de ces deux compagnies étaient présents à Beyrouth lors de l’expiration du délai ? Enfin, pour quelle raison l’offre de l’opérateur français Orange n’a-t-elle pas été retenue ? Et comme conséquence directe de ces différentes interrogations, une grande question reste, pour l’heure, en suspens : est-il concevable, alors que le gouvernement cherche à initier un vaste processus de privatisation, que l’exploitation du cellulaire se limite à des entreprises purement locales relevant de hauts responsables officiels ? Une source proche du ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, a apporté dans la soirée d’hier quelques éléments de réponses (indirectes ou implicites) à ces interrogations. La source en question a ainsi rappelé qu’en vertu du décret 8206, c’est le Conseil supérieur pour la privatisation (CSP, proche de M. Hariri) qui était en charge de la gestion de l’ensemble du processus de l’appel d’offres, de même que c’est le CSP qui était chargé des contacts et des démarches avec les sociétés étrangères en vue de la « commercialisation » de l’appel d’offres. « Le ministère des Télécoms, souligne la même source, n’était pas impliqué dans la gestion de ce processus. Le rôle du ministère s’est limité sur ce plan à exprimer ses observations sur le cahier des charges. » La source précitée ajoute que la compagnie koweïtienne s’est désistée parce qu’elle n’était intéressée que par l’achat d’une licence (alors que le gouvernement est plutôt favorable à l’option de gestion), tandis que les entreprises allemande et grecque se sont retirées de la course « en raison essentiellement du fait que l’information relative aux conditions et aux modalités pratiques de l’appel d’offres ne circulait pas d’une manière équitable et équilibrée », ce qui a vraisemblablement défavorisé les entreprises ne bénéficiant pas d’une puissante couverture locale. Ce facteur aurait joué également dans le cas de la société Orange. La même source précise que la garantie bancaire de 100 millions de dollars réclamée pour l’option de la gestion a constitué « la difficulté majeure », sans compter que, la veille de l’expiration du délai pour la présentation des offres, le CSP a rajouté, par le biais de son site Internet, des conditions financières qui auraient pris de court les sociétés étrangères. Ces conditions portaient, principalement, sur la présentation d’un « business plan » pour une période de trois ans. « Cette condition supplémentaire a constitué pour les entreprises étrangères la goutte qui a fait déborder le vase », affirme la source précitée. En tout état de cause, les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’appel d’offres ont été au centre de deux entretiens que M. Cardahi a eus hier après-midi, successivement, avec l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, et l’ambassadeur d’Allemagne, Gunter Rudolf Kniess. Dans un communiqué de presse, le ministère des Télécoms souligne qu’au cours des deux entretiens, M. Cardahi a mis l’accent sur l’importance du développement des relations économiques entre le Liban, d’une part, et la France et l’Allemagne, d’autre part. Le ministre a, en outre, exprimé son appréciation pour le rôle joué par chacun de ces deux pays lors de la conférence de Paris II. Concernant l’entrevue avec M. Lecourtier, le communiqué indique que M. Cardahi a évoqué, au cours de la réunion, « les options qui sont encore possibles, précisant qu’aucune décision ne sera prise avant que le Conseil des ministres n’examine les rapports qui seront soumis par la commission ministérielle (formée jeudi) et par la commission technique ». Rendant hommage au rôle positif joué par la France pour assurer la réussite de Paris II, M. Cardahi a affirmé que « les relations privilégiées libano-françaises ne seront pas affectées par le résultat de l’appel d’offres ou par la décision du Conseil des ministres ». L’impression qui prévaut ainsi au ministère des Télécoms ainsi d’ailleurs que dans les milieux proches de certaines sociétés étrangères est que rien n’est joué encore. La décision finale revient au Conseil des ministres qui devra trancher en prenant en considération les facteurs dits « qualitatifs », garantissant le développement et le bon fonctionnement du réseau cellulaire. Ce qui laisse la porte grande ouverte à toute sorte de surprise. De quoi réintroduire dans le circuit au moins une entreprise étrangère. Michel TOUMA
L’opinion publique et divers milieux locaux ne parvenaient toujours pas à comprendre hier soir par quelle opération du Saint-Esprit le long et complexe processus d’appel d’offres portant sur la privatisation de la téléphonie mobile a débouché sur un résultat qui, dans d’autres pays qui se respectent, aurait provoqué un véritable séisme politique : sur les six...