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Actualités - OPINION

De la nécessité d’en finir avec le gaspillage légalisé

Le préambule du budget 2004, concocté par Fouad Siniora lui-même, a dessiné les grandes lignes de la loi de finances, ses réalités, précisé son programme, défini ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été. Dans ce préambule, il est (re)dit que la conférence de Paris II s’était basée sur le programme économique et financier du gouvernement – une traduction concrète du rapport présenté par le ministère des Finances, et qui avait été voté à l’époque par le Conseil des ministres. Dans ce rapport, dans cette présentation, il y avait, pêle-mêle, toute une série de mesures, de réformes : la réduction du déficit budgétaire ; le règlement du problème de la croissance de la dette publique, par le biais d’une rationalisation du volume du secteur public et d’une augmentation de l’impact des effets économiques et sociaux des dépenses publiques, et par le biais, également, de la mise en exécution des réformes structurelles nécessaires au sein des administrations étatiques. Sans oublier l’augmentation de la productivité du secteur public, ce qui entraînera une croissance de la productivité de l’économie nationale, qui sera plus compétitive. Sans oublier non plus les privatisations et les titrisations de certains services, lesquels, une fois entre des mains privées, se bonifieraient et auraient un impact plus que positif sur le secteur public, l’économie du pays et le quotidien des citoyens. Sauf que les progrès sur la voie des réformes – et notamment des privatisations – n’ont pas été suffisants, ce qui a provoqué un retard certain dans le règlement de la situation financière et économique ; et au moment où le budget 2003 a été soumis au vote des députés, les mesures réformatrices indispensables pour des administrations déstructurées, faibles, improductives, ont été purement et simplement occultées, résultat logique de pressions aussi bien politiques que syndicales. Du coup, après avoir proposé aux participants à Paris II un plan destiné à le sortir de la crise – et sur la base duquel il a demandé et obtenu aides et soutien –, le Liban n’a pas réussi à tenir ses engagements. Faisant ainsi la part belle aux hésitations, au recul, à l’inefficacité et la quasi-paralysie. Tout cela a amené, en toute logique, un projet de budget 2004 qui a totalement occulté les réformes demandées. Et quand bien même les eût-il incluses, qu’une bronca de tous les diables aurait assailli Fouad Siniora. Sauf que la bronca est là, prétextant justement... l’absence de toute réforme. Une question se pose : est-ce que tous ceux – parlementaires ou pas – qui se sont empressés de réclamer ces réformes en question sont prêts à en assumer la responsabilité, au moment du débat dans l’hémicycle de la loi de finances, au cas où le ministre des Finances décidait de les greffer au cœur de cette loi ? Pour que tous – gouvernement et Parlement – suivent, assument à leur tour, et que ces appels à la réforme ne restent pas lettres mortes, uniquement destinés à la consommation politique locale ? En réalité, ce qu’il faudrait, c’est rompre le lien entre efforts et résultats, entre salaires et travail. Dans le sens où il n’y aurait plus de salaire sans travail et plus de travail sans salaire. Le but ? En finir avec le gaspillage légalisé, normalisé, et pousser les institutions publiques à s’autogérer, s’autofinancer, et à assurer un excédent au Trésor. Pour ne plus en arriver au schéma classique depuis de nombreuses années : que le Trésor couvre la grande majorité des dépenses de ces institutions. À l’instar des 400 milliards de livres libanaises de perte annuelle de l’EDL, sans compter les pertes au sein de la quasi-totalité des Offices des eaux, dans le secteur des transports, ni la facture, de plus en plus astronomique, de la santé publique. Il n’en reste pas moins que pour en finir avec le gaspillage légalisé, il faudrait une décision politique forte, qui n’arrive toujours pas. La nécessité de la cessation du gaspillage a d’ailleurs poussé le ministère des Finances à demander que l’on remette en cause les lois responsables de ces dépenses inutiles – notamment la loi sur les retraites, qui a provoqué une sérieuse polémique avec la Ligue des enseignants du secondaire du secteur public. Émile KHOURY

Le préambule du budget 2004, concocté par Fouad Siniora lui-même, a dessiné les grandes lignes de la loi de finances, ses réalités, précisé son programme, défini ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été.
Dans ce préambule, il est (re)dit que la conférence de Paris II s’était basée sur le programme économique et financier du gouvernement – une...