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Actualités - CHRONOLOGIE

Conseil des ministres - Seuls LibanCell et le Groupe Mikati ont passé le cap de l’appel d’offres Cellulaire : de cafouillage en commission d’enquête

Étonnement et indignation ont dominé hier, au Conseil des ministres, à la nouvelle que deux sociétés seulement étaient restées en lice, pour la privatisation du cellulaire ou celle de sa gestion, conformément au cahier des charges, qui proposait l’une ou l’autre option. Et que ces deux sociétés n’étaient autres que Ivestcom, gestionnaire du réseau Cellis, et LibanCell, c’est-à-dire respectivement le Groupe Négib Mikati et le Groupe Dalloul. Pour déterminer les raisons qui ont conduit les deux autres compagnies préqualifiées, l’allemande Detecom et le koweïtien MTC à se retirer de la course, et la compagnie Orange à se disqualifier faute de documents et de garantie bancaire, une commission ministérielle présidée par M. Issam Farès a été formée à la demande du président Lahoud, premier étonné des faits. La commission comprend MM. Jean-Louis Cardahi, Marwan Hamadé, Fouad Siniora, Talal Arslane, Bahige Tabbarah, Karam Karam et Assaad Hardane. Elle doit tirer au clair les circonstances qui ont amené les sociétés étrangères à se désister, et remettre un rapport en ce sens, samedi, à une commission technique de cinq membres, qui, à son tour, transmettra toutes les informations en sa possession au Conseil des ministres. Ainsi, selon des sources fiables, l’exploitation des deux réseaux du cellulaire n’a pas été adjugée hier. Pour qu’elle le soit, il faut que le Conseil des ministres, à la lumière des rapports attendus, en décide. Or, le gouvernement a latitude de rejeter les offres faites, auquel cas les contrats d’exploitation actuels, qui arrivent à expiration fin janvier, seraient prorogés. Le chef de l’État semblait tout à fait surpris du résultat de l’ouverture des plis. Selon une source ministérielle, le président Lahoud s’est étonné de ce que le contrat BOT rompu en août 2002, il y a vingt mois, et tout l’effort juridique et financier déployé depuis lors aient abouti à ce maigre résultat. Conscient qu’il devait rendre compte à l’opinion de ce qui se passe et pressentant quelque chose d’anormal dans cette affaire, M. Lahoud a donc réclamé l’ouverture d’une enquête rapide, s’en expliquant en ces termes : « Les motifs (des désistements) doivent être établis. Il s’agit de la première véritable privatisation, et d’autres secteurs attendent de l’être, comme celui de l’eau ou de l’électricité. Il faut donc travailler dans la transparence, afin que l’État démontre sa crédibilité et qu’il soit en position de force pour les opérations à venir. » Hariri : « Je suis du côté de l’État » Sur cette remarque, le Premier ministre devait prendre la parole pour accabler le Conseil des ministres, et indirectement le président Lahoud et M. Cardahi. Le chef du gouvernement a rappelé qu’en date du 23 décembre, les sociétés ainsi que le consultant HSBC avaient réclamé l’introduction d’amendements au cahier des charges, ce que le Conseil des ministres avait refusé de faire. C’est ce refus qui, selon M. Hariri, a conduit les sociétés à se désister. « Toutes les fois que nous parlions du cahier des charges, on nous soupçonnait... Je suis du côté de l’État et non de celui des sociétés », a même déclaré M. Hariri, précisant que le cahier des charges adressé aux compagnies était un brouillon sur lequel elles ont été invitées à faire leurs remarques, mais que lorsque ces remarques ont été faites, le Conseil des ministres les a rejetées. Toutefois, M. Hariri n’a pu expliquer au chef de l’État par quel hasard les sociétés libanaises, elles, se sont senties à l’aise avec le cahier des charges. Une odeur de scandale En fait, selon une source ministérielle proche de la commission formée, une forte odeur de scandale s’élève de toute cette affaire. Et de préciser que la compagnie française Orange, engagée dans la course et recalée pour n’avoir pu obtenir à temps la garantie bancaire exigée par le cahier des charges, a proposé de gérer les réseaux pour 4 millions de dollars par mois, soit 8 millions de dollars pour les deux réseaux, alors que l’État paie en ce moment 15 millions de dollars, soit 7 millions de dollars, de plus, pour le même résultat. Selon la source ministérielle, l’écart entre les deux montants montre on ne peut plus clairement que, durant les vingt mois où le cellulaire était géré pour le compte de l’État, le Trésor public a « fait cadeau » aux deux sociétés de 140 millions de dollars. Et d’ajouter que les compagnies, dont les plis ont été ouverts, ont proposé d’acheter la licence pour 800 000 dollars, alors que le secteur rapporte presque un milliard de dollars par an, soit un revenu annuel de 500 millions de dollars pour chaque compagnie. « Du vol caractérisé », s’indignait cette source. Nuances Toutefois, dans l’entourage du ministre des Postes et Télécommunications, on nuançait ces conclusions, en affirmant que l’offre de la société Orange n’était pas conforme au cahier des charges et qu’il y manquait la garantie bancaire. Par ailleurs, on affirmait de même source qu’il fallait, avant de se prononcer si vite, vérifier ce que la compagnie proposait, pour 4 millions de dollars. Selon l’entourage de M. Cardahi, du reste, les compagnies Investcom et LibanCell ont proposé, pour la gestion des réseaux, des prix inférieurs à ceux qu’ils perçoivent en ce moment, ce qui pourrait inciter le gouvernement à considérer sérieusement leur offre. Un point continue cependant de faire problème, selon une source ministérielle. Il existe entre les deux sociétés actuelles et l’État un contentieux financier, et deux bons de recouvrement de 300 millions de dollars ont été émis par le gouvernement libanais à l’encontre des opérateurs du cellulaire, ce qui a conduit à une procédure d’arbitrage. Or, précise la source citée, le cahier des charges affirme clairement que les compagnies préqualifiées ne doivent pas avoir été opposées par des litiges financiers à un quelconque État. Le crash de Cotonou Le Conseil des ministres s’est par ailleurs penché sur la question du crash de Cotonou, ainsi que sur des questions apparemment secondaires, qui n’en ont pas été moins vivement discutées : la titrisation des revenus de la Régie et les prérogatives du Haut comité des secours, que le Premier ministre veut décharger des travaux relevant de certains ministères, comme celui des Travaux publics ou des Transports, notamment dans les cas d’inondations et d’éboulements. Au sujet de la catastrophe aérienne de Cotonou, le chef de l’État, appuyé par le chef du gouvernement et la plupart des ministres, a insisté pour que toute la vérité soit faite et communiquée à l’opinion, estimant qu’il est impossible qu’il y ait mille et une versions concernant l’attribution des responsabilités. Les deux impératifs qui doivent guider l’action du gouvernement, au sujet de la catastrophe, sont la préservation de la réputation du Liban et de la sécurité de ses appareils de transport aériens, et les droits des victimes, ont convenu les ministres, a jugé le président Lahoud, qui a recommandé la création par la MEA de lignes aériennes reliant Beyrouth à certaines capitales africaines, pour épargner aux émigrés les risques encourus par de vieux appareils, et a demandé qu’une rapide étude de coûts soit établie à ce sujet. M. Lahoud a par ailleurs affirmé que l’État va examiner la possibilité de créer des missions diplomatiques dans les pays d’Afrique où il existe une présence libanaise. En dépit de tout, les débats du Conseil des ministres n’ont pas dégénéré en échanges orageux, ont noté des sources bien informées, et bien intentionnées, et les rapports entre le chef de l’État et le Premier ministre sont restés dans les limites de la bienséance. Une bienséance qui n’a pas empêché le ministre de l’Information Michel Samaha de s’obstiner à rester muet en fin de réunion, sous prétexte qu’il n’a pas été officiellement chargé par le président du Conseil, Rafic Hariri, de se faire le porte-parole du gouvernement. De ce fait, c’est le chef du gouvernement qui a répondu aux questions des journalistes et qui a poussé le paradoxe jusqu’à affirmer qu’il n’existe pas de différend entre lui-même et le chef de l’État, au sujet du cellulaire. M. Hariri a poussé le chic jusqu’à s’étonner qu’il ne reste dans la course au cellulaire que deux compagnies et demander la formation d’une commission d’enquête. Mais il a tenu à souligner qu’il ne fallait pas anticiper sur les conclusions de cette dernière. Le chef du gouvernement a par ailleurs souligné que le Conseil supérieur de la privatisation, qu’il contrôle, a un pouvoir consultatif en ce qui concerne le cellulaire, contredisant ainsi le ministre des PT qui a affirmé que le rôle du Conseil supérieur était terminé. Sur le plan social, on apprend que le gouvernement a décidé d’accorder aux employés et ouvriers une indemnité de transport pour l’année 2004. Toutefois, il devait remettre à la prochaine séance l’examen du dossier des arriérés que l’État doit à la CNSS, en raison de l’absence du ministre de la Santé, Sleimane Frangié.
Étonnement et indignation ont dominé hier, au Conseil des ministres, à la nouvelle que deux sociétés seulement étaient restées en lice, pour la privatisation du cellulaire ou celle de sa gestion, conformément au cahier des charges, qui proposait l’une ou l’autre option. Et que ces deux sociétés n’étaient autres que Ivestcom, gestionnaire du réseau Cellis, et...