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Actualités - OPINION

Courrier des étudiants - Le débat se poursuit sur la différence entre les deux systèmes d’enseignement français et américain « A Tale of Two Universities »

Après avoir lu l’article paru le vendredi 30 janvier sur la comparaison entre les deux systèmes américain et français (à la lumière de l’expérience d’un ancien de Jamhour, Bernardo Zacka, à Polytechnique et à MIT), j’ai voulu y apporter un complément d’informations afin de nourrir ce débat sur les systèmes d’enseignement. Bernardo Zacka a le mérite d’avoir su mettre le doigt sur un problème relatif aux grandes écoles françaises (Polytechnique, HEC, l’Ena...) qui vivent actuellement une profonde mutation due à leur manque de fonds dans la course mondiale aux meilleures formations enclenchées par les Américains. En effet, on reproche souvent à ces grandes écoles (et au système éducatif français en général) d’être « trop théoriques », ce qui est vrai. Mais la réalité est plus ambiguë. Il est vrai que les cours se font le plus souvent dans les amphithéâtres plutôt que dans les entreprises. Il est aussi vrai que les cours atteignent des niveaux d’abstraction inégalés dans le monde de l’entreprise, et tout ceci nuit à l’esprit d’entreprise qui semble manquer dans ces institutions. En fait, l’esprit d’initiative existe, mais il est ailleurs : dans les associations estudiantines. Puisque je suis élève à HEC, je vais prendre cette grande école comme exemple : sur un budget total de 60 millions d’euros, près d’un million sont consacrés aux associations, et ceci sans compter les apports encore plus généreux des entreprises. Ces associations peuvent être de véritables microentreprises aux statuts assez particuliers mais où les initiatives et les motivations ne manquent pas. Citons par exemple les Junior Entreprises, véritables entreprises de conseil dirigées par des étudiants aux chiffres d’affaires se comptant en centaines de milliers d’euros. Ces associations dépassent de loin le cadre des « fraternities » et des « societies » américaines auxquelles Bernardo Zacka est certainement familier. Quant au choix des cours, j’invite les lecteurs à visiter le site Internet d’HEC (www.hec.fr) pour voir la diversité des cours proposés (dont certains sont ouverts aux polytechniciens) allant du marketing stratégique à l’histoire secrète de la guerre froide, en passant par l’histoire du cinéma. Il est vrai cependant que le choix du cours reste inférieur à celui des universités américaines qui sont généralistes, alors que les grandes écoles sont spécialisées en gestion ou en ingénierie. J’ajoute aussi qu’en termes de cursus universitaire, certaines grandes écoles comme Polytechnique optent pour un classement de sortie déterminant pour les embauches, ce qui pousse les étudiants à ne pas se relâcher au niveau du travail. Un point doit encore être ajouté : il s’agit de l’esprit des grandes écoles françaises, qu’il est difficile de saisir à la suite d’un semestre de passage à Polytechnique. Il s’agit de « l’esprit de corps » dont les origines remontent sans doute à la fondation de Polytechnique en 1804 par Napoléon Bonaparte, avant même que les États-Unis n’existent. L’esprit de corps consiste à créer une élite capable de diriger la France et de « faire corps » face à des adversaires (économiques, politiques ou autres) beaucoup plus nombreux et plus puissants. C’est cet esprit qui anime aujourd’hui les grandes écoles, lesquelles manqueraient peut-être de pratique et d’initiative, mais pas de traditions. Patrick BADARO Étudiant à HEC - France
Après avoir lu l’article paru le vendredi 30 janvier sur la comparaison entre les deux systèmes américain et français (à la lumière de l’expérience d’un ancien de Jamhour, Bernardo Zacka, à Polytechnique et à MIT), j’ai voulu y apporter un complément d’informations afin de nourrir ce débat sur les systèmes d’enseignement.
Bernardo Zacka a le mérite d’avoir...