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Actualités - OPINION

Municipales - Rien ne justifie un report du scrutin, souligne l’opposition Kornet Chehwane déterminé à « prendre d’assaut » les régions chrétiennes

Les Assises de Kornet Chehwane paraissent déterminées à laisser leur empreinte sur les élections municipales prévues au printemps prochain et se préparent activement à gagner le contrôle d’un maximum de municipalités, principalement dans les régions chrétiennes, condition nécessaire pour bénéficier des relais capables de traduire dans la réalité les orientations de l’opinion publique. Pour cela, il faudra d’abord que la date du scrutin ne soit pas reportée. Un membre de Kornet Chehwane écarte cette éventualité, en se fondant sur les assurances données à cet égard par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, mais aussi par le chef de l’État, Émile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri. Ces assurances seront-elles suffisantes ? Au sein de KC, on souligne qu’en tout état de cause, rien ne justifierait le report des élections et la prorogation des mandats des conseils municipaux. Mais au cas où, malgré tout, le scrutin devait être ajourné, alors l’opposition affirme qu’elle lancerait la campagne « la plus violente » possible contre l’État et l’accuserait de torpiller la vie politique, d’entraver l’application des lois et de porter des coups à la démocratie, fondée sur l’alternance du pouvoir. Nous n’en sommes pas encore là, les responsables soulignant l’un après l’autre pour le moment qu’ils ne voyaient pas de raison pour que le scrutin ne se déroule pas dans les délais prévus. C’est ce qui porte le Rassemblement de Kornet Chehwane à ne pas se contenter d’afficher ses intentions de participation et de préparer activement cette échéance considérée comme cruciale. Une cellule a été créée à cet effet au sein du Rassemblement, regroupant les membres du secrétariat de KC et quelques autres membres. La mission confiée à cette cellule consiste à mettre au point un plan d’action en se basant sur un certain nombre de fondements et de principes qui restent à identifier et qui devront guider tout le processus de participation de KC aux municipales. La cellule doit tenir des réunions chaque vendredi au siège du Parti national libéral, à Sodeco. D’ores et déjà, on indique au sein du Rassemblement que ce dernier s’apprête à prendre part au scrutin dans diverses régions du pays par le biais d’alliances avec d’autres forces de l’opposition, mais aussi avec d’autres courants politiques ainsi qu’avec des familles, sur la base de listes formées pour un tiers de candidats nommés par KC. Là où il n’y aurait pas d’accord en ce sens, le groupe présentera des listes indépendantes incomplètes. Exposant les raisons de la détermination de Kornet Chehwane, un membre du Rassemblement estime « inacceptable » que ce dernier s’abstienne de prendre le contrôle de la scène, en particulier dans les régions chrétiennes et les villes qui s’y trouvent, comme Jounieh, Jbeil et les localités du Metn. Cet opposant relève que ces régions sont actuellement tenues par des « forces proches du pouvoir », ce qui a contraint la rue chrétienne à composer avec ces forces et, par conséquent, à prendre ses distances à l’égard de l’opposition et à ignorer souvent ses appels à contrer le pouvoir, notamment par le recours aux fermetures et aux grèves. Voilà pourquoi l’opposition a décidé de participer en force aux élections, dans lesquelles elle voit un moyen de consolider sa présence dans ces régions et d’y prendre le contrôle du pouvoir local. C’est de cette manière qu’elle pourrait rétablir les ponts avec la rue chrétienne qui, rappelle encore ce membre de KC, est majoritairement et de façon évidente favorable à l’opposition. Ce souhait d’accéder au contrôle direct de l’opinion chrétienne est d’autant plus fort que l’opposition aura besoin ultérieurement de montrer sa force sur le terrain, en vue notamment des prochaines échéances électorales, poursuit ce pilier de KC, assurant que des efforts sont en cours afin d’unifier les divers courants de l’opposition, y compris les aounistes, les Forces libanaises, les Kataëb et autres, en dépit de leurs divergences sur un certain nombre de sujets. Selon certaines sources politiques, on confirme que des démarches sont actuellement entreprises dans un but de coordination entre les diverses forces en présence. La rencontre qui a eu lieu la semaine dernière entre l’ancien président de la République, Amine Gemayel, et la dirigeante des FL, Sethrida Geagea, entre précisément dans ce cadre. Des députés membres de Kornet Chehwane affirment être conscients que certains responsables au sein de l’État voudraient bien obtenir un report des élections municipales parce qu’ils craignent qu’à la faveur des développements dans le pays, les résultats du scrutin ne soient pas à la hauteur de leurs espérances et ne les privent de leviers indispensables sur le terrain dans certaines régions du pays. Le problème se pose, par exemple, au Mont-Liban, où l’opposition escompte des gains réels. Mais il se pose aussi dans les régions chiites, où le Hezbollah, déjà bien implanté et dont le prestige s’est incontestablement renforcé à la suite de l’échange de prisonniers et de dépouilles avec Israël, est en mesure de menacer réellement les positions tenues par le président de la Chambre, Nabih Berry. Ce dernier pourrait donc être tenté de temporiser afin d’amener, in fine, ses rivaux du Hezbollah à composer, en acceptant un accord sur des listes unifiées, comme cela s’est produit lors des trois dernières consultations législatives. Pour l’instant, le Hezbollah semble écarter cette hypothèse. Mais à défaut de pouvoir jouer ouvertement la confrontation avec le mouvement Amal, la formation intégriste serait plutôt favorable à ce que les partis politiques s’abstiennent de présenter directement des candidats, laissant ainsi la bataille à la discrétion des familles et de la société civile. Une telle formule, on s’en doute, ne changerait rien à la donne dans la mesure où la société chiite est très politisée et que le capital de sympathie dont dispose le Hezbollah y est présumé plus important que celui dont jouit Amal. La question que se posent les observateurs est de savoir si l’impossibilité de conclure un non-accord électoral entre Amal et le Hezbollah d’ici à la tenue des élections serait une cause suffisante pour que le scrutin soit reporté, à moins que la Syrie n’impose un quelconque modus vivendi aux deux parties. Philippe ABI-AKL
Les Assises de Kornet Chehwane paraissent déterminées à laisser leur empreinte sur les élections municipales prévues au printemps prochain et se préparent activement à gagner le contrôle d’un maximum de municipalités, principalement dans les régions chrétiennes, condition nécessaire pour bénéficier des relais capables de traduire dans la réalité les orientations de...