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Actualités - interview

Ce qu’ils en pensent EXCLUSION DU PCL DES CÉRÉMONIES OFFICIELLES

Le Liban a eu beau fêter en grande pompe les combattants revenus d’Israël, vivants et morts, les petites zizanies internes n’ont pas été totalement oubliées au cours des cérémonies, en principe vouées à l’émotion des retrouvailles. C’est dans ce cadre que la presse, ces derniers jours, a placé l’exclusion du PCL de l’accueil officiel des vivants à l’AIB. Pourtant, le Parti communiste avait un résistant parmi les 21 libérés et pas des moindres, puisque Anouar Yassine a passé plus de 15 ans dans les geôles israéliennes. Le parti avait aussi une dizaine de dépouilles parmi celles qui ont été restituées par Israël. Fait-il donc tellement peur aux responsables pour qu’ils aient omis de l’inviter, ou bien est-il tellement inexistant que l’omission ne serait que le reflet de son poids politique actuel ? M. Khaled Hadadé, secrétaire général nouvellement élu du PCL Q - Pourquoi selon vous a-t-on omis d’inviter le PCL, parce qu’il fait peur ou bien parce qu’il n’existe plus ? R - « Il me semble que la seconde hypothèse est à écarter, surtout quand on voit l’accueil populaire réservé à Anouar Yassine et aux restes de nos martyrs, restitués par Israël. On comprend ainsi que ce parti existe et a des racines profondes au sein de la population libanaise. Il joue un rôle important dans tous les domaines, de la confrontation avec l’ennemi aux revendications sociales et politiques. Depuis le massacre de Houla en 1948, son nom s’inscrit en lettres glorieuses dans l’histoire du Liban. Il a même donné à ce pays son premier martyr dans la résistance contre Israël, Ali Ayoub, tombé en 1969. Je pense donc en toute sincérité que ce parti existe et que ce n’est pas en raison de son absence de la scène politique qu’il a été écarté des cérémonies officielles. » Q - Alors, le PCL ferait-il peur aux autorités ? R - « Il est certain qu’un parti comme le nôtre fait peur à la classe politique dans son ensemble, qui ne supporte pas le modèle réel d’un Liban unifié, aspirant à édifier un régime laïc et démocratique. Car cela aboutirait à l’annulation du système de partage des parts, qui ne se limite plus aux questions économiques et politiques, mais s’étend désormais aux grandes questions nationales, que se répartissent les diverses confessions. À travers ses 31 martyrs (dont les dépouilles de 17 ont été restituées, les quatorze autres étant encore aux mains d’Israël), le PCL a dessiné la carte du Liban, de son extrême nord à l’extrême sud, montrant qu’il est le parti de tout le Liban. D’ailleurs, le neuvième congrès, qui s’est tenu récemment, a posé la base d’un programme global de changement démocratique, qui allie la confrontation avec l’ennemi à la levée du blocus de la faim et de la corruption qui étouffe les Libanais. Croyez-moi, le PCL est un parti de l’avenir, non du passé. » Q - Mais quelle est la partie qui a omis de vous inviter ? R - « J’aimerais bien l’identifier pour la remercier. Personne n’a voulu assumer la responsabilité de cette initiative. Dans les échos parus dans la presse, on a évoqué des sources proches des organisateurs de la cérémonie. Apparemment, nous voilà revenus à l’époque des fantômes. Ce dont je suis sûr, c’est que le Hezbollah n’a rien à voir là-dedans, puisqu’il nous a invités à la fête qu’il a organisée et à la cérémonie de Nakoura. Et j’étais moi-même présent aux deux occasions. » Chadi Mrad, étudiant en dernière année d’architecture à l’ALBA Q - Pourquoi, selon vous, le PCL n’a-t-il pas été invité aux cérémonies en l’honneur des résistants libérés par Israël ? R - « Je tiens d’abord à dire que c’est un honneur pour le PCL de ne pas avoir été présent aux côtés des responsables du pays, lors de la cérémonie d’accueil. Malheureusement, ce n’est sans doute pas parce qu’il l’a choisi, et encore moins, parce que c’est un parti fort, qui fait peur aux autorités. Ce parti n’a aucun moyen de pression et sa position ne lui permet absolument pas d’avoir une place de choix sur l’échiquier libanais. Il a renoncé à tous ses atouts et ne respecte pas les principes démocratiques, ce qui l’empêche d’avoir de la crédibilité auprès de la classe politique et auprès de la population. Il est entré dans les dédales de la petite politique interne. Il n’est pas le seul : toute la gauche libanaise traverse actuellement la même crise. Mais il a fait de trop importantes concessions sur ses principes de base, notamment la logique des confessions. Pourtant, s’il y a un thème auquel il n’aurait jamais dû renoncer, c’est bien la laïcité. Il réclame la justice sociale, mais oublie sciemment la protection des libertés, le respect de la démocratie et la souveraineté. Il se veut dans l’opposition, mais n’affronte pas directement le pouvoir, recherchant en permanence des compromis. Or, il faut choisir clairement son camp. » Q - À vous entendre, on dirait que ce parti n’existe pratiquement plus... R - « Je n’irais pas jusque-là et je dois mettre à l’actif de ce parti le fait qu’il ait refusé de se transformer, comme d’autres, en marionnettes entre les mains des autorités syriennes et des divers services. Mais il ne va pas jusqu’au bout de ses options. On ne peut pas être dans un camp et œuvrer en douce pour être dans l’autre. » Scarlett HADDAD
Le Liban a eu beau fêter en grande pompe les combattants revenus d’Israël, vivants et morts, les petites zizanies internes n’ont pas été totalement oubliées au cours des cérémonies, en principe vouées à l’émotion des retrouvailles. C’est dans ce cadre que la presse, ces derniers jours, a placé l’exclusion du PCL de l’accueil officiel des vivants à l’AIB....