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éclAirage - En confiant la gestion de la privatisation du cellulaire à Cardahi, le gouvernement n’a fait que remettre les pendules à l’heure L’antagonisme entre les Télécoms et le CSP, un nouvel exemple de « court-circuitage » de l’administration publique

Retour à la case départ. Ou plutôt retour à la normale... Les résolutions prises tard dans la nuit de vendredi dernier par le Conseil des ministres concernant, notamment, le dossier de la téléphonie mobile ont revêtu une importance exceptionnelle, mais leur portée n’a pas été suffisamment mise en relief par certains observateurs et n’a pas été appréciée par l’opinion publique à leur juste valeur en raison du long chômage qui a immédiatement suivi la séance du cabinet. Le gouvernement a ainsi tranché l’affaire de la privatisation du réseau cellulaire en prenant une double décision. L’une, attendue, relative à l’annulation du dernier appel d’offres qui avait abouti à la qualification des deux sociétés à cent pour cent locales (LibanCell et Investcom), les entreprises étrangères ayant été mises à l’écart ou ayant abandonné la partie. La seconde décision, totalement inattendue, consistait à charger le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, de reprendre en main le dossier et de préparer un nouveau cahier des charges en vue d’organiser une nouvelle adjudication portant sur la gestion du réseau. Cette dernière mesure représente incontestablement une nette victoire pour le ministre des Télécoms. Le rude bras de fer qui l’a opposé pendant de longs mois au Conseil supérieur de la privatisation (CSP, relevant de M. Rafic Hariri) a en effet tourné à l’avantage du ministre. Durant toute la phase préparatoire qui devait déboucher sur la privatisation de la téléphonie mobile, M. Cardahi était « politiquement » et « constitutionnellement » responsable du dossier. Mais dans la pratique, c’est le CSP qui avait pour charge de gérer et de mener à bien l’opération. Le ministre concerné participait, certes, aux réunions du CSP, mais il était minoritaire – voire totalement isolé – au sein de cette instance dont les membres étaient tous acquis aux thèses de M. Hariri. Tout au long de cette période préparatoire, les divergences entre M. Cardahi et le CSP sur la façon de traiter le dossier de la privatisation du cellulaire se traduisaient par de vives polémiques qui ont souvent alimenté l’actualité locale. Concrètement, M. Cardahi ne parvenait pas à faire valoir ses vues et demeurait prisonnier de la prédominance accordée au CSP dans cette affaire. L’on se souvient à cet égard de la réflexion faite par M. Omar Karamé lors d’un débat à la Chambre, l’an dernier. Évoquant la position de M. Cardahi, il s’était adressé directement à M. Hariri en ces termes : « Monsieur le Premier ministre, laissez-le travailler. » En confiant à nouveau le dossier à M. Cardahi, le Conseil des ministres n’a fait que remettre les pendules à l’heure, mettant un terme à une situation anormale qui n’avait que trop duré. Une situation qui illustre, en tout état de cause, une pratique du pouvoir caractéristique de l’ère Hariri et qui consiste à court-circuiter sans détour les institutions étatiques traditionnelles au profit de structures soigneusement contrôlées au plan politique. Parallèlement au cas du ministère des Télécoms, neutralisé (jusqu’à vendredi dernier) par le CSP pour ce qui a trait à la gestion du dossier le plus délicat du processus de privatisation, d’autres exemples peuvent être fournis dans cette optique. L’Administration centrale des statistiques est ainsi paralysée, dans la pratique, par une commission spéciale créée au sein du ministère de l’Économie (contrôlé depuis le début des années 90 par M. Hariri, à l’exception de l’intermède Hoss). Le cas le plus marquant est sans conteste celui du Conseil du développement et de la reconstruction, qui représente à lui seul un superministère en charge d’une flopée de projets qui auraient dû en principe être pris en charge par les ministères concernés, si ces derniers bénéficiaient des compétences requises pour assurer l’exécution et le travail de suivi. La mise à l’écart du CSP au profit du ministre des Télécoms dans l’affaire du cellulaire représente donc, en quelque sorte, une « première » en la matière, à savoir la marginalisation de la structure parallèle (le CSP) au profit de l’administration étatique concernée (le ministère). L’intégrité, le professionnalisme et la persévérance dont a fait preuve le ministre ont sans nul doute été pour beaucoup dans cette rectification de tir. A lui désormais de jouer pour apporter la preuve que la gestion de la chose publique peut se faire, si la volonté y ait, sur des bases rationnelles conformes à des normes occidentales bien comprises. Michel TOUMA
Retour à la case départ. Ou plutôt retour à la normale...
Les résolutions prises tard dans la nuit de vendredi dernier par le Conseil des ministres concernant, notamment, le dossier de la téléphonie mobile ont revêtu une importance exceptionnelle, mais leur portée n’a pas été suffisamment mise en relief par certains observateurs et n’a pas été appréciée par...