Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Crash de Cotonou - Entendu pour la troisième fois, Hamdi Chok a dû remettre son passeport aux autorités Addoum affirme que toute la lumière sera faite sur les causes de la tragédie, mais les inconnues demeurent

Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations dans la tragédie de Cotonou. Au point que journalistes et enquêteurs ne savent plus où donner de la tête, tant l’affaire semble se compliquer, ajoutant encore à la souffrance des proches des victimes. Comment démêler le vrai du faux, dans l’océan de rumeurs et de précisions techniques dans lequel semble se noyer le dossier ? Le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, qui mène infatigablement les investigations, ne cachait pas hier son irritation face à la couverture médiatique de l’enquête, qui, selon lui, manquerait de rigueur et chercherait le scandale à tout prix, sans respecter le moins du monde le principe du secret de l’instruction. « On nous fait dire des choses que nous n’avons pas dites et on nous soumet à une très forte pression », a-t-il déclaré à L’Orient-Le Jour, avant de promettre que toute la lumière sera faite sur ce dossier, lorsque les investigations seront terminées. Addoum a mené hier, pour la troisième fois en quelques jours, l’interrogatoire du directeur de l’Aviation civile, M. Hamdi Chok, puis celui du PDG et directeur de la TMA, M. Fadi Saab, entendu, lui, pour la seconde fois. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le procureur a convoqué ces deux personnes en fin de journée, dans le but évident de décourager les journalistes. Des déclarations contradictoires Qu’ont donc encore à dire MM. Chok et Saab ? Selon des sources officieuses, l’enquête aurait révélé de nombreuses lacunes et contradictions dans leurs précédentes déclarations. Ce qui a nécessité de nouvelles convocations devant la justice. D’autant que l’opinion publique, flairant, à tort ou à raison, un éventuel scandale, n’en finit plus de se poser des questions. Aux dernières nouvelles donc, le Boeing 727 qui s’est écrasé le 25 décembre à Cotonou ne serait pas assuré. Le propriétaire de l’avion, le fameux « Financial Advisor Group », dont le directeur, M. Imad Saab, est installé à charjah (Émirats arabes unis), aurait affirmé que c’est à l’affreteur de l’assurer, alors que ce dernier, en l’occurrence la non moins fameuse compagnie UTA, déclare de son côté que c’est au propriétaire de le faire. Résultat : il n’y aurait pas de contrat d’assurance. Et dans ce cas, la grande question demeure la suivante : comment l’Aviation civile libanaise a-t-elle pu autoriser l’atterrissage d’un avion non assuré ? M. Hamdi Chok répondra-t-il à cette question, devant le procureur Addoum ? Si le principe du secret de l’instruction est respecté, nous ne le saurons sans doute pas avant la fin de l’enquête, mais les proches des victimes ont, avant tous les autres, le droit de le savoir. M. Hamdi Chok devrait aussi aider à combler certaines lacunes dans le dossier de l’avion. L’appareil ayant eu des avaries, il aurait subi quelques réparations et certaines de ses pièces auraient été modifiées. M. Hamdi Chok en avait-il connaissance ? Et si oui, pourquoi ne l’aurait-il pas déclaré précédemment ? Enfin, selon certaines informations non vérifiées, les autorités de Dubaï auraient exigé, pour autoriser l’atterrissage de l’avion sur son aéroport, qu’il soit enregistré à Beyrouth. Or, l’Aviation civile libanaise affirme que cela n’a pas été fait. Dans ce cas, comment les autorités de Dubaï ont-elles autorisé l’atterrissage de l’avion, qui, depuis novembre, desservait la ligne Conakry-Cotonou-Beyrouth-Dubaï ? Documents vagues, déclarations contradictoires, les enquêteurs ont fort à faire, surtout avec le nouvel élément du dossier qui concerne la TMA. La TMA sur la sellette Selon certaines informations, cette compagnie se serait chargée de la maintenance de l’avion, dans ses propres hangars à l’AIB, une opération qu’elle effectue régulièrement moyennant de l’argent, surtout lorsque les appareils révisés sont du même type que les siens, ce qui est le cas du Boeing qui s’est écrasé. Dans une première déclaration, la TMA a affirmé n’avoir pas assuré la maintenance de l’avion, qu’elle s’est contentée de fournir quelques pièces de rechange et qu’en tout état de cause, le Boeing n’était jamais entré dans ses hangars. Mais où donc la maintenance a-t-elle été effectuée, si ce n’est dans les hangars de la MEA ou ceux de la TMA ? Et comme par hasard, le technicien qui aurait procédé à l’entretien de l’avion, M. Jamal Ghannoum, aurait quitté le Liban il y a quelques jours. Décidément, il y a trop de coïncidences et trop de non-dits dans cet étrange dossier. L’affaire mobilisant l’opinion publique, les thèses les plus farfelues circulent, comme par exemple celle selon laquelle l’avion qui s’est écrasé avait à son bord près de dix millions de dollars en cash, fruit d’une collecte de fonds auprès des émigrés chiites pour le compte d’une partie locale. Pour accréditer cette thèse, certains évoquent des témoignages au moment de la tragédie indiquant que la mer était couverte de billets de banque... Noyés les billets, certes, mais ce qui est plus grave, ce sont les pertes humaines, énormes, irréparables. Deux semaines après le drame, on ignore encore le nombre exact de passagers. Selon les experts, l’avion pouvait transporter 138 passagers. Or, il en avait plus de 160, avec un excédent de bagages impressionnant. Et la seule certitude dans ce dossier, qui comporte plus de zones d’ombre que d’informations, c’est que la cause principale du crash serait la surcharge. C’est ce qu’aurait d’ailleurs révélé l’examen des boîtes noires, effectué par des experts français. Dans ce cas, comment le pilote, un homme expérimenté qui travaillait au sein de la compagnie nationale libyenne, a-t-il accepté de décoller, surtout après une première tentative malheureuse ? L’énigme Khazem Toutes ces questions et bien d’autres sont inlassablement posées par les enquêteurs, qui, pourtant, après de longues heures d’interrogatoires, ont décidé de n’arrêter personne. Le directeur de l’Aviation civile, M. Hamdi Chok, doit rester toutefois à la disposition de la justice, car il pourrait être entendu encore une fois, et son passeport lui a été retiré pour l’empêcher de quitter le pays. M. Fadi Saab lui aussi pourrait être convoqué de nouveau si de nouveaux éléments au sujet de la maintenance de l’appareil qui s’est écrasé apparaissent. Reste l’énigme posée à la justice par M. Ahmed Khazem. Convoqué par les enquêteurs hier soir, le père de Darwiche (qui se fait officiellement soigner à Londres) fait l’objet d’un interrogatoire approfondi, la justice le soupçonnant de recel d’informations et surtout d’avoir menti en affirmant avoir cédé ses parts dans l’UTA à son fils. Son rôle serait crucial dans la mise en circulation de l’avion, sur la ligne Conakry-Cotonou-Beyrouth, et surtout dans son dernier voyage, le 25 décembre. Tard dans la soirée d’hier, le procureur général planchait encore, avec son équipe, sur le dossier, comparant les déclarations et analysant leur contenu. L’enquête est loin d’être terminée. Pour la crédibilité de tous, elle doit être menée jusqu’au bout. Scarlett HADDAD

Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations dans la tragédie de Cotonou. Au point que journalistes et enquêteurs ne savent plus où donner de la tête, tant l’affaire semble se compliquer, ajoutant encore à la souffrance des proches des victimes. Comment démêler le vrai du faux, dans l’océan de rumeurs et de précisions techniques dans lequel semble se noyer le...